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Amis friands de concept albums, régalez-vous ! Nous avons déniché un gibier qui devrait aisément vous remplir la panse ! Aaah...certains se lèchent déjà les babines...attendez un peu voyons, vous ne savez même pas de quoi on parle. L'album du jour nous vient d'Epysode, sorte de super groupe, ou alliance si vous préférez de musiciens et chanteurs plus ou moins issus de la scène progressive européenne réunis sous la houlette de Samuel Arkan, principalement connu pour son rôle au sein de Virus IV, groupe belge versant dans le heavy à chanteuse. De Virus IV on retrouve la chanteuse Magali Luyten dans Epysode, mais la particularité du groupe est de compter la bagatelle de cinq chanteurs dans ses rangs...

En effet, à Magali Luyten il faut rajouter Kelly Sundown (nouveau chanteur d'Adagio), Liselotte Hegt (bassiste chez Valentine), Oddleif Stensland (Communic) ainsi que Rick Altzi (Thunderstone). Pas mal non ? A noter que les deux voix féminines ont été entendues dans "01011001", dernier album en date d'Ayreon. Et du côté des musiciens, la section rythmique de Pain of Salvation (dont le bassiste fait aussi partie de Dial avec Liselotte Hegt, vous suivez ?) et Julien Spreutels (claviers chez Ethernity) complètent l'ensemble, laissant les guitares à Arkan, maître à jouer responsable de l'entière écriture du premier album de cette formation plutôt atypique. Bon, là on commence à en voir les contours de ce truc, ça vous plait hein ?

D'ailleurs, le nom Ayreon a été évoque plus haut, donc si vous voulez situer plus aisément la chose, pensez à un "Ayreon maléfique". Ici, les cinq voix sont associées à autant de personnages, chacun jouant un rôle précis dans l'histoire contée par cet album du nom d'"Obsessions". Bon, par contre, faute de support physique, aucune précision sur le concept de l'album ne nous a été apportée, les fichier mp3 n'étant globalement pas très bavards dès qu'il s'agit de réciter autre chose que le morceau qui leur a été assigné. Que le mode de distribution des albums promotionnels évolue afin de réduire les coûts, pourquoi pas, mais quand un des arguments forts du produit réside dans son concept et l'histoire qu'il raconte, les labels pourraient faire un effort. Mais bon, qui sommes-nous pour nous plaindre ?

Du coup, parlons musique. Du Ayreon en plus dark semble assez bien résumer l'idée globale du projet, proposant une musique progressive résolument metal et mélodique mais peu enclin aux atmosphères aériennes et planantes que l'on peut retrouver chez Lucassen ou autres. Ici les guitares se font agressives avec quelques sonorités lorgnant vers le thrash ou le néo et chaque morceau véhicule une sorte de "mur de son", les claviers occupant une place non négligeable au sein de l'orchestre et appuyant chaque riff. L'heure n'est donc pas à la jam session et au "groove yeah baby" mais à une musique directe qui ne fait globalement pas de quartier.

Concept oblige, l'album commence par un intro inquiétante s’achevant sur quelques notes de piano et un "They're watching you !" qui fait froid dans le dos, puis embraye sur...une deuxième intro, cette-fois ci servant de lancement au premier "vrai" morceau de l'album, First Blood. Piano, guitare et chant féminin font monter la pression avant que les décibels ne viennent s'installer et lancer l'album pour de bon, voyant plusieurs voix se répondre avec un sombre paysage sonore comme champ de bataille. Avec First Blood tous les ingrédients du groupe sont là, intensité musicale constante, rythmiques lourdes, refrains épiques et une certaine dramatisation des voix. Même combat pour le morceau-titre Obsessions qui suit la marche. Avec son riff de boucher, ce morceau a le don de déboucher vos oreilles au cas où le précédent aurait échoué ! Les musiciens sont irréprochables (cette section rythmique mes amis ! Une vraie machine de guerre !) et si l'on peut trouver à pinailler en se plaignant que les voix soient un poil braillardes, le bilan post-"intro + 2 morceaux" est plutôt concluant et invite à continuer son voyage en toute sérénité.

Seulement voilà, il faut savoir apprécier le chant de nos protagonistes, très forcé et, comme dit précédemment, dramatisé au possible. Si il n'est ici aucunement question de remettre en cause leur talent (ce sont tous d'excellents chanteurs à la voix puissante), le côté constamment épique du chant peut finir par lasser ou quelque peu oppresser. De plus, la formule musicale du groupe est répétée tout au long de l'album et n'offre que peu de moments pour respirer en dehors d'une ballade (Gemini syndrom) répondant au cahier des charges de la ballade, bien exécutée mais peinant à s'affranchir de son statut de ballade obligatoire. Tous les morceaux suivant sont bons, pas de souci, les March of the Ghost, Fallen's Portrait ou autres Shadow Lord sont plutôt réussis et épiques à souhait, mais la recette reste sensiblement la même, les lignes de chant ont tendance à se ressembler et, exceptés quelques rares breaks acoustiques, nous nageons en plein marécage avec peu de liberté de mouvement. Voir chaque morceau réutiliser les mêmes outils et les cinq voix n'offrir que peu de répit et de nuances peut avoir tendance à épuiser l'auditeur pas forcément chevronné ou qui veut seulement passer l'album en fond sonore. Sur un ou deux morceaux ça tabasse, mais boire de ce même breuvage durant une heure a tendance à monter à la tête.

En définitive, cet album souffre d'une homogénéité trop prononcée, aspect dont certaines personnes sauront certainement passer outre mais qui devrait en rebuter plus d'un. Epysode signe donc une œuvre de qualité, parfaitement exécutée et avec un côté épique bien présent mais a oublié au passage d'aérer sa musique pour proposer quelque chose de plus fédérateur. Alors oui, on ne leur demande pas de se mettre à la pop et il n'y rien de plus important que l'intégrité artistique, mais quand le slogan promo du groupe est "The Ultimate Melodic Progressive Metal Concept Album", il ne suffit que d'un peu d'objectivité pour voir qu'Epysode en est encore loin.

0 Comments 10 octobre 2011
Whysy

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