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Meshuggah est un groupe connu qui balaye l’univers métallique depuis douze ans et pourtant peu de personnes connaissent vraiment bien les suédois. Performant dans un style bien particulier, j’ai d’ailleurs eu bien du mal à définir leur musique. Comme des visionnaires, ils sont soit considérés comme des dingues, soit considérés comme des génies. Il est clair que leurs albums ont une chose en commun : une structure extrême, complexe qui laisse perplexe à la première écoute. ObZen sort trois ans après Catch 33, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Mis à part sa cover de mauvais goût, la structure musicale est aussi frappée de la « Meshuggah’s touch » et ne s’éloigne pas de ses ainés.

Une écoute voire deux ne suffit pas pour percevoir toutes les subtilités. ObZen est vraiment déroutant, tout comme ses prédécesseurs, on a l’impression que la composition a été étudiée sur une table chirurgicale dans un désert du sahel, bref c’est vraiment très emberlificoté (« The Spiteful Snake »). Mais on se demande bien comment nos suédois ont fait pour poser des titres de cinq minutes en moyenne si ce n’est que dans le but de se défouler? Et bien parce que rien n’est fait au hasard, la batterie joue à contretemps souvent en opposition avec les guitares (« Electric Red »). Les riffs sont incisifs et tranchent les refrains en quartiers sanglants. Le chant de Jens Kidman n’est pas mélodieux, il officie plutôt dans un chant crié porté par des slaps à la basse. On a vraiment l’impression d’écouter un album méli-mélo et qui en découragera plus d’un. Ceux qui seront déterminés découvriront tous les méandres de cet opus.

Avec plus d’aplomb, et à force d’écoute, on commence à comprendre pourquoi certains crient au génie avec Meshuggah. Les structures s’éclaircissent et le capharnaüm prend de l’ampleur. Les blast beats soutenant les guitares amplifient les lignes mélodiques (« Bleed »). En fait, la mélodie n’est pas vraiment mise en avant sur l’album mais par de savants arrangements on perçoit la puissance non plus comme un moyen unique d’expression de la violence mais comme amplificateur mélodique. La violence est le principal moyen d’expression. Les scandinaves ne sont pas là pour rigoler; l’atmosphère dégagée est pesante, oppressante et très puissante (« Pravus »). Les riffs sont répétitifs et accompagnés ponctuellement de soli hyper tranchants insérés entre deux breaks. Ce sont tous ces éléments combinés que j’appelle la « Messhugah’s touch ». Ce style très technique bien particulier et propre au groupe s’étoffe avec les années. Par exemple dans « Dancers To A Discordant System » on peut noter la présence de mélodies jouées par Fredrik Thordendal et des notes de claviers mettant du relief à l’ensemble général, ce qui aère la fin de l’album et enrichit le style imposant joué jusqu’à présent.


Ce disque est-il génial? Et bien je vous dirais oui dans un premier temps car au-delà de l’aspect extrême du thrash et du rugueux de la musique, on s’aperçoit que Meshuggah a réellement travaillé sur la composition tout en soignant la production afin de fournir une qualité de son optimale. Le travail est remarquable, les faux airs de déstructurations ne sont qu’une façade car en arrière plan la batterie joue dans une rythmique effrénée, les guitaristes partent dans un sens diamétralement opposé tandis que le chanteur balance ses paroles comme un enragé. On ne peut pas rester de marbre face aux prouesses des musiciens. Mais après une seconde réflexion, j’arrive sur la conclusion que la technicité d’ObZen m’a étouffé. Certes, la technique est une chose mais je ne suis pas un musicien et au bout de dix bonnes minutes on a envie d’entendre autre chose de plus direct. L’incessante  répétition des riffs et  des mélodies m’a fatigué. Le cri enragé de Jens Kidman est appréciable, le jeu de Tomas Haake exceptionnel mais certains passages sont trop lourds. Les morceaux trop torturés à mon goût ont leur effet sur la composition massive, sur l’ambiance post-apocalyptique mais l’homogénéité fait qu’il faut être en condition pour pouvoir écouter cet album. Au final, ObZen ne s’apprécie que si on est isolé du bruit et que l’on est prêt à en prendre plein les oreilles.

- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 29 février 2008
Whysy

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