Vous recherchez quelque chose ?

« Tout ça c'est bien gentil, me disait hier mon ami Dreamer, mais bon y a pas Matt Barlow ! »
Alors que je m'apprêtais innocemment à entamer la chronique du dernière EP en date de Iced Earth, ces mots retentirent dans ma tête comme l'écho d'une voix sur les parois d'une caverne obscure. Sans s'en rendre compte sur le moment, mon confrère venait de me révéler avec brio toute la complexité de cet animal si mal connu de l'homme : Le fan !!!

Certes ce n'est pas faute de l'avoir observé, les docteurs en physique nucléaire et en biologie appliquée de la Silicone Valley planchent sur le sujet depuis de nombreuses années, mais comprendre le fan reste encore aujourd'hui quelque chose d'inaccessible aux commun des mortels. En général en étudiant le fan X, on constate après observation au microscope qu'il s'accroche dès son plus jeune âge à un groupe Y pour ne jamais plus le lâcher. Dans le cas du Metal ce phénomène d'accrochage peut parfois être violent, avec la poussée dès les premières semaines de piques aux bras, et de cheveux longs et sales... avec également en symptômes secondaires le rejet méthodique de toute autre forme de musique, ainsi qu'une allergie douloureuse pour le savon de Marseille.

Là ou le fan défie les lois de la physique, c'est qu'au lieu de soutenir inconditionnellement le groupe auquel il s'est greffé, il se contente en général de descendre en flammes tout nouvel album, en arguant d'une grosse voix grave : « M'en fous, c'était mieux avant ! », le fan n'aime pas le changement, il reste fidèle à l'environnement d'origine et montre des difficultés à survivre dans un milieu hostile et constamment en évolution. En particulier le fan vit très mal les changements de line-up, c'est le cas de nombreux fans de Iced Earth, qui souffrent encore douloureusement du départ de Matt Barlow de la formation américaine il y a quelques années.

Il faut bien avouer que l'étude du comportement d'un échantillonnage de fans sur un objet aussi controversé que Overture Of The Wicked relevait d'un petit côté taquin (finalement très scientifique). En effet Jon Schaffer risque fort de diviser autour de lui comme toujours, en proposant ni plus ni moins que la pomme de la discorde en personne. L'arrivée de Tim Owens (ex-Judas Priest) en 2003 avait déjà eu l'effet d'un tremblement de terre, mais l'annonce d'une reprise par le nouveau vocaliste de l'oeuvre suprême de son prédécesseur : la trilogie «Something Wicked» donnait carrément dans la provocation !

L'idée partait pourtant d'un bon sentiment, avant la sortie de deux albums venant clôturer le chapitre ouvert par le glorieux Something Wicked This Way Comes en 1998. Jon Schaffer voulait tout simplement boucler la boucle, en donnant la possibilité à Tim Owens de faire ses preuves sur les magnifiques compositions de la trilogie mythique, tout en faisant patienter les fans avec un titre extrait du nouvel album : «Ten Thousand Strong» ! Grand amateur de Tim Owens et de Matt Barlow, je ne pouvais m'empêcher de trouver le défi excitant, et de me livrer en toute modestie au jeu délicat de la comparaison...

Difficile de donner les bons et les mauvais points à deux grands chanteurs évoluant à des périodes très différentes. Cependant je pense tout de même donner un léger avantage à la trilogie originale. En effet Reaper donne un caractère résolument épique aux compos, usant davantage de choeurs notamment sur «Birth Of The Wicked». Il se montre plus agressif, ce qui donne un cachet très différent à l'inquiétante «Prophecy», et les percussions sont beaucoup plus présentes qu'auparavant. La force de l'ancienne version était selon moi la capacité incroyable de Matt Barlow à transmettre les émotions les plus diverses, et son timbre de voix grave et désespéré parfaitement en accord avec le contexte. Le tout pour le résultat mythique que l'on connaît et cette ambiance de fin du monde totalement inimitable...

Ma préférence va donc à la version originale, même si je reconnais l'effort de Tim Owens et de Jon Schaffer pour remettre la momie au goût du jour. Les trois titres restent excellents, et sont un vrai plaisir à redécouvrir. Quant au nouveau titre «Ten Thousand Strong», il est tout simplement énorme : puissant, épique, et mélodique, un véritable tube ! Bref on constate avec joie que Iced Earth ne s'est pas foutu de notre gueule, et que les prochaines sorties s'annoncent grandiose, que peut-on demander de plus à un EP que de nous mettre l'eau à la bouche ?

SMAUG...

0 Comments 28 mai 2007
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus