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C’est profondément stupéfiant de voir à quel point les jeux vidéo sont ( et ont été) des éléments structurants de notre culture occidentale. Hé oui amis lecteurs, la plupart d’entre vous (et votre modeste serviteur aussi) ont été bercés par ces écrans hypnotiques aux sonorités enjouées au cours de leur jeunesse et force est de constater que la pratique des jeux vidéos (console, arcades..) constitue un repère culturel assez marquant pour beaucoup. Dans l’univers métallique, cela se traduit par des influences de plus en plus perceptibles :
Sans remonter jusqu’au monstrueux the Game is on du précurseur Helloween sur l’album Master of the Ring, on assiste actuellement  à une recrudescence de groupes (souvent nippons) qui reprennent avec plus ou moins de bonheur les plus grands thèmes musicaux des sagas cultissimes (Qui ne se souvient pas avec nostalgie des passages fantastiques et désormais patrimoniaux de Zelda, Final Fantasy, Tetris…)
Récemment, une formation suédoise a poussé le concept musical assez loin tout en ne se réduisant pas à un public d'irréductibles joueurs par le développement d'une musique  très contemporaine. Ce groupe Machinae Supremacy (le nom annonce la couleur, n'est-il pas ;) en est déjà à son troisième album après le très remarqué Deus Ex Machina sorti en 2004 et le giga-tubesque Redeemer (l) paru en 2006.

Ecouter un nouvel album de Machinae supremacy est donc une  expérience qui renvoie irrésistiblement aux grandes heures de notre passé commun de jeunes occidentaux. On navigue en terrain connu puisque dès les premières notes d’Overworld (là encore un clin d’œil aux afficionnados des manettes) on retrouve ce mélange si personnel entre un métal-nintendo vintage et des ambiances pop très britanniques que le groupe s’est attaché à créer lors de précédentes livraisons. Le petit dernier marque-t-il un nouvel exploit du groupe ou le seuil si fatal du troisième album va-t-il encore frapper???

Autant le dire tout de suite, les suédois ne déçoivent pas avec cet opus: les compositions super efficaces sont toujours présentes, les soli et les sonorités ludiques issus d’imaginaires bandes son d’arcades où chaque titre s’apparente à un nouveau décor un peu à la manière de la progression d’un jeu de combat où chaque personnage dispose d’un décor stylisé, font toujpurs autant mouche ! Alors les morceaux bien péchus sont très présents avec des réussites dignes de Redeemer pour Radio Future, un hit, Conveyer qui décoiffe les inspecteurs Derrick, Violator (limite cyber-bontempi-punkoïde) et le cultissime Skin (très speed pour le coup sur le final !).

Ces quatre titres s’inscrivent vraiment bien dans l’esprit décalé-zazoutesque d’un groupe qui personnalise (réinvente ?) le métal sans divaguer vers des sonorités trop électro, ou diluées dans des expérimentations soporifiques. La jovialité du combo est encore accentuée par la reprise innénarrable du titre de Britney Spears, l’artiste majuscule qui se rase la tête avant d’aller au tribunal perdre la garde de ses enfants, Gimme More ! Une reprise survoltée et parodique qui se caractérise par son refrain tonitruant « Gimme, Gimme » sur des riffs acérés et des vrilles glougloutantes de piano enfantin avec un break digne d’Indochine)

La tonalité mélancolique et très Dépêche modien des vocaux de Robert Stjärnström  procure  une ambiance nostalgique derrière des musiques bonshommes trompeuses (Radio future) comme si les tonalités ludiques des sociétés de loisirs post-industrielles cachaient une profonde vacuité  que le chant désabusé  tente d’exprimer de manière très humaine. Cette interrogation qui relève de ma plus pure interprétation subjective semble assez omniprésente sur les morceaux aux rythmes plus contrastés comme Edge and pearl (intro bruitiste électro avant que les guitares reprennent le contrôle sur un morceau haché), Dark city (là encore passage acoustique avant des riffs lancinants ou presque « rapés »  ou sur le plus optimiste Truth of Tomorrow .

Que madame Zanguieff affronte pour un catch boueux Mister T qui aurait changé de sexe : Ce groupe est vraiment très intéressant , pêchu, unique même si les compositions relevées sont légèrement moins réussies que sur son immense prédécesseur.
Seulement la formule magique de ces sonorités est sur tout l’album un chouïa lassante (un peu comme lorsqu’on abandonne un jeu la tête surchauffée après en avoir excessivement abusé), l’écoute de l’album aux tempos parfois très marqués use quelque peu les esgourdilles par sa trop grande uniformité. Cela peut sembler une critique très sévère pour un groupe avant-gardiste qui présente une musique somme toute très personnelle mais dont on pouvait attendre un peu plus. Overworld reste cependant un bon album qui affine la musique de Machianae Supremacy et le rend définitivement inclassable.

0 Comments 07 mars 2008
Whysy

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