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Quand on exerce la trépidante activité de chroniqueur, on est très souvent confronté à un problème qui devient de plus en plus récurrent avec le temps, à savoir la classification d'un album dans tel ou tel style. Si pour certains groupes la question ne se pose pas vraiment, la tendance actuelle est à un mélange des genres toujours plus important, où par exemple le black fricote désormais sans honte avec du symphonique (je n'ose imaginer la réaction d'un Varg Vikernes si on lui avait dit ça il y a une quinzaine d'années). D'où cette difficulté croissante d'accoler un style à un album ou même à un groupe, et qui fait parfois l'objet de débats passionnés. Je parle de ça car je me trouve quelque peu dans cette situation aujourd'hui avec les anglais de The Sound Ex, qui avance un mélange « rock – blues – soul » sur son Myspace, vendu par le distributeur comme du hard rock, et auquel je trouve personnellement quelques ressemblances avec la scène nu-rock US. Bref, on nage dans le flou avant même d'écouter cet album, ce qui n'est pas forcément un signe très encourageant.

On peut tenter une analyse de Palomino sur deux axes : la forme et le fond musical. Sur la forme, le constat est relativement positif. En effet, au niveau de la production, c'est plus que correct, avec un mixage qui met bien en valeur l'impact et la nervosité de la musique. Les lignes de chant sont également plutôt bien exécutées, dans un style rock plutôt coloré, doux et qui s'adapte bien à la tonalité générale de l'album. Certains titres sortent un peu du lot, comme par exemple Loss, un poil plus orienté hard rock, donc plus agressif (les riffs sont un peu plus rentre dedans et le chant se rapproche un peu de Motorhead). On ne constate pas de réelles erreurs  techniques ou artistiques, le tout est plutôt équilibré et homogène, et on sent que le groupe a pris du plaisir en enregistrant Palomino. Et tant mieux d'ailleurs, car c'est selon moi cet emballage sympathique qui sauve l'album, car si la forme est intéressante, le fond musical est clairement déficient.

A l'écoute de cette galette, on est vite tenté de se dire « c'est bien gentil mais ça ne casse pas des briques ». Oui car à bien y regarder, tous les morceaux sont formatés sur une structure quasi similaire, et sont trop homogènes. La prise de risque est minimale, voire inexistante (même sur Palomino qui dure quand même presque 8 minutes), les riffs guitare restent très simplistes, aucune expérimentation ne vient ponctuer les 11 titres, les solos passent complètement inaperçus... Pour « juger » cet album, je me base bien évidemment sur des critères sur lesquels on note un album de hard rock – métal, et dans la mesure où finalement Palomino est à mon sens plus un album rock qu'un album hard rock, cela rend cette chronique partiale (pléonasme ??) et un amateur de rock pourra avoir un avis diamétralement opposé. Cette précision était, je pense, importante avant que vous jetiez une oreille sur la réalisation des britanniques.

L'impression que nous laisse donc The Sound Ex, c'est que Palomino ne joue peut-être pas réellement dans la bonne catégorie. Cet album serait en effet plus à classer dans une mouvance rock, à côté de groupes issus de la très prolixe et talentueuse scène anglaise, où d'ailleurs l'album a été plutôt bien reçu par la critique. Ce n'est absolument pas un jugement de valeur, mais il est clair que le groupe aura du mal à percer sur une très exigeante scène hard-rock / métal, alors qu'il a probablement ses chances ailleurs. Ne tirons pas sur l'ambulance non plus, cet album est bien loin d'être scandaleux : une production de qualité, un chanteur en forme, quelques moments tout à fait sympathiques, pas de grosse faute de goût, Palomino n'est pas un échec musical, mais son homogénéité et sa trop grande simplicité font qu'il serait malhonnête de ma part de lui mettre plus de la moyenne. Voilà donc un album plaisant à écouter en fond musical, mais il est difficile d'aller chercher plus loin que cela.

0 Comments 23 octobre 2008
Whysy

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