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« Mesdames et Messieurs, c'est votre capitaine qui vous parle. La compagnie Heavylaw vous souhaite la bienvenue à bord du vol D.S.O. n°3 à destination des contrées les plus extravagantes, les plus enchanteresses et les plus étranges du monde Metal ! »

Préparez-vous, en effet, au voyage, car nos doux-dingues suédois sont de retour avec « Pandora's Piñata » et ils semblent bien décidés à nous faire décoller une fois de plus ! Onze petits plaisirs au programme, comme autant de décharges musicales dans vos prudes oreilles à peine remises des outrances perverses des précédents opus. C'est qu'ils sont coquins nos amis du DSO, ils connaissent bien notre amour pour leurs excentricités diaboliques et leur swingue affolant. Ils nous aguichent régulièrement, attendant le moment opportun pour mettre le couvert. Et nous, pauvres gourmands qui les suivons aveuglément, attendons l'orgie avec impatience. Faiblesse coupable... Mais que c'est bon !



Le Diablo Swing Orchestra (DSO pour les intimes) bénéficie d'une popularité croissante en Amérique du Sud, il n'y a donc rien d'étonnant à le voir mettre en valeur la musicalité de ce continent sur son nouvel opus. « Pandora's Piñata » fait ainsi la part belle aux ambiances « latino ». Du moins, sur les premiers morceaux, car l'uniformité n'étant toujours pas de mise chez le DSO, bien d'autres folies vous attendent...

Le programme ? Du swing, du swing et encore du swing ! Un swing chaleureux et enthousiaste, moins inquiétant et mystérieux que sur l'album précédent, ce qui le rend plus propice à la fiesta (« Voodoo Mon Amour »). Ne manque qu'une Tequila frappée et le tableau est complet... Le rythme général de l'album se veut toujours aussi endiablé et jouissif qu'à l'accoutumée, et ce n'est pas le carnavalesque « Guerilla Laments » avec ses relents de Samba et de Batucada qui me contredira. Impossible d'y résister et de ne pas vouloir suivre en tapant du pied, frappant des mains, dodelinant de la tête ou secouant une quelconque partie de votre corps réceptif aux vibrations démoniaques du combo... Vous êtes sous l'emprise du groupe ! Serait-ce l’émergence d'un nouveau genre, le... Voodoo Metal ? Sur « Kevlar Sweethearts », ponctué de mariachi tonitruants, le groupe développe une atmosphère plus feutrée et met alors en exergue le chant sensuel d'Ann-Louice (plus versatile encore et d'une justesse remarquable dans tous les registres). Quant aux ambiances cinématographiques chères au groupe, elles lorgnent cette fois-ci du côté des vieux westerns. En témoigne l'interlude instrumental « How to Organize a Lynch Mob », véritable hommage à Enio Morricone.

Vous ais-je déjà dit que les suédois du DSO étaient fous ? Et bien ils le sont. La preuve ? Elle se nomme « Black Box Messiah », ou comment transformer un titre déjà « dansant » à la base en un futur classique du groupe, le tout grâce à l'adjonction d'une chorale de petits lutins diaboliques surexcités !! Entre délire électro-disco-pop et base Rock/Metal efficace, voilà un morceau complètement barge qui devrait marquer les esprits et ne pas laisser indifférent.

Autre clin d’œil au cinéma, le sublime « Aurora » ! Opéra féerique, entre comédie musicale et B.O. de vieux film noir et blanc (pour l'ambiance), ce morceau de bravoure démontre toute l'étendue des talents d'Ann-Louice dont le chant lyrique impressionne. Quant aux musiciens, sans avoir recours à un orchestre philharmonique au grand complet, ils parviennent à exprimer tout en finesse les émotions qu'ils souhaitent communiquer. Du grand Art ! En un seul morceau, le DSO vient de réussir ce que Nightwish a essayer sur tout un album sans y parvenir complètement : créer un univers musical cinématographique et théâtral à souhait. « Aurora » s'avère être une énorme (et agréable) surprise, très en marge du reste de l'album et unique dans la discographie du groupe (à l'exception du titre « d'Angelo » présent sur le premier album).

Changement d'ambiance (et de continent) avec « Mass Rapture ». Le chant masculin, assuré par Daniel Håkansson, y occupe le premier plan, et le morceau nous fait voyager du côté du Moyen-orient avec ses sonorités « arabisantes ». De nouveaux horizons qui élargissent un peu plus la palette musicale du groupe. Placé après l'ovni « Aurora », ce titre relativement direct, au tempo élevé, redonne un petit coup d'accélérateur à l'album.

Histoire de ne pas trop déstabiliser les fans, un retour aux premiers amours du groupe s'effectue avec « Honey Trap Aftermath », titre qui n'aurait pas dépareillé sur « The Butcher's Ballroom » (sorti en 2006) ! Le visage jazzy et groovy des suédois se dévoile aux sons des cuivres et de la basse vrombissante avec, pour cette fois encore, Daniel au micro. Même sentiment familier pour « Of Kali Ma Calibre », titre dans la pure veine DSO, mais avec Ann Louice aux commandes. Un morceau lyrico-jazzy furibond, où la rythmique s'emballe et les guitares se font lourdes et puissantes. Le final crescendo de cette pièce n'est d'ailleurs pas sans évoquer la charge finale de la Horde Sauvage (pour les amateurs de westerns spaghetti).

Aux rayons des originalités, citons l'épique « Exit Strategy of a Wrecking Ball ». De ce titre où le chant masculin occupe tout l'espace, ressort l'influence progressive du groupe (changement de rythme, d'atmosphères, …) et son amour pour la théâtralisation de la musique (les arrangements ne sont pas sans évoquer Muse ou Queen lors des breaks). Un morceau différent des autres, qui apporte une respiration bienvenue en prenant le contre-pied des ambiances développées précédemment. Dans le même ordre d'idée, on retrouve « Justice for Saint Mary » qui clôt l'album. Un titre ambiancé, où les instruments à cordes accompagnent en acoustique la voix de Daniel. Voix dont le timbre, tout en nuance, est empreint de cette mélancolie si particulière qui représente l'une des nombreuses facettes du groupe (un parallèle peut être fait avec les norvégiens de Gazpacho sur ce point). Seul bémol (selon les goûts de chacun), le final pour le moins déroutant, sorte de grand foutoir remixé par un DJ sous ecstasy ! La folie les guette, je vous dis...



Pour résumer : troisième album et troisième réussite pour ce groupe qui représente probablement la meilleure révélation des dix dernières années dans le milieu Metal. Avec « Pandora's Piñata », le DSO réussi l'exploit de perpétuer ce qui a fait son charme sans pour autant tomber dans la redite. Il continue de surprendre, offre de nouvelles couleurs à sa musique, expérimente, tout en assurant ses classiques afin de satisfaire sa fan-base qui n'en finit plus de grandir !

Voici une boîte de pandore aux accents sud-américains qu'on ne saurait trop vous conseiller d'ouvrir... les yeux bandés bien sûr, et en frappant très fort !!!




0 Comments 22 mai 2012
Whysy

Whysy

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