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Attirée par les bons échos apparus sur ce site dès le mois de février, j’ai porté mon attention sur le premier album des six musiciens de Ne Obliviscaris qui nous arrivent tout droit qu’une lointaine contrée à haute teneur en koalas, l’Australie pour ne pas la nommer. Portal of I semblait paré de toutes les vertus et aurait pu combler tous mes espoirs musicaux. Hélas, trois fois hélas. L’écoute de ce premier opus ne s’est pas révélée aussi transcendante et enthousiasmante qu’elle ne le promettait…

Avant de m’immoler sur l’hôtel du blasphème ou du mauvais goût, laissez-moi quand même défendre mon cas et vous exposer les raisons de ma relative déception. Parce que, soyons honnêtes, Portal of I a d’indéniables qualités qui font que, malgré tous les petits griefs que l’on tient contre lui, il est impossible de ne pas reconnaître les bons côtés du premier album de Ne Obliviscaris. La production est bluffante de professionnalisme. Elle sublime l’aspect propre de l’album (qui sied à merveille à la musique entre parenthèses) et rend l’écoute très fluide.

Ensuite, le chant hurlé est particulièrement réussi et colle parfaitement à l’ambiance extrême de l’album. Le travail abattu par Xenoyr est remarquable et fait plaisir à entendre. Comme sur « And Plague Flowers The Kaleidoscope », par exemple, où le hurleur de la formation met en exergue la théâtralité de l’opus en s’opposant directement à son acolyte Tim Charles qui, lui, prend en charge les vocaux clairs. De la même manière, les parties extrêmes sont très bien réussies et offrent un vrai plus à l’opus. Ainsi les moments les plus enragés de Portal of I bénéficient d’un savoir-faire certains qui augmentent l’impact de la musique sur l’auditoire. Ne Obliviscaris prouve qu’il a du savoir-faire à revendre et une bonne maîtrise du genre extreme avec des montées en puissance (« And Plague Flowers The Kaleidoscope » à nouveau) et des accroches dignes des musiciens les plus aguerris ( « Of The Leper Butterflies »).

Même remarque à propos du violon qui sait parfaitement trouver sa place au milieu de l’équilibre mélodique. Par sa touche délicate, il parvient à présenter une facette plus subtile du travail des australiens et à transformer l’atmosphère générale de la production musicale. On n’est jamais tout à fait sûr de ce qui nous attend, et on apprécie le désir des Australiens de brouiller les pistes.
Vous allez vous demander quel est le principal reproche que je fais à Ne Obliviscaris pour ne pas vouloir mettre une note tutoyant les sommets. En fait, le problème tient en deux parties, pas forcément liées, mais qui ensemble constituent un poids certain. La première section vient de la durée des morceaux. Si certains titres ont des longueurs totalement justifiées, « Tapestry Of The Starless Abstract » et « Xenoflux » notamment, d’autres, en revanche traînent la patte, et on ne peut pas s’empêcher de sentir poindre une once d’ennui en suivant l’écoute… Ainsi, il est difficile d’adhérer à la totalité de l’album… « And Plague Flowers The Kaleidoscope » semble ne jamais vouloir se finir.

Et puis il y a le chant clair, qui malgré un gros effort en amont pour réfréner mon aversion, me vrille les tympans. Il n’y a rien à faire mais après un nombre d’écoutes conséquent, je ne parviens pas à me faire à la voix de Tim Charles. Loin d’enrichir l’œuvre, son timbre trop léger et volatile détruit l’harmonie entre la mélodie et la voix hurlée. Si son apport au violon est sans tâche, sa performance en tant que chanteur clair plombe (de manière tout à fait paradoxale) toute la mystique de l’album. On retrouve même un côté un peu gnan-gnan sur « As Icicles Fall ».

Alors, peut-être ne puis-je ne m’en prendre qu’à moi-même… A me frotter à des groupes qui puisent leur influence chez Opeth, groupe avec lequel je n’ai que peu d’atomes crochus, me voilà bien punie. Attendre d’un groupe d’un groupe d’extreme progressif de ne pas faire de progressif est un vœu pieux. Certes, c’est recevable comme critique. Seulement, la curiosité a été la plus forte. Et puis, ce que je retiens de cette escapade musicale, assez éloignée de mes terrains de prédilection, il faut le dire, n’est pas uniquement négatif. Ne Obliviscaris ne m’a pas transcendé mais ses qualités sont reconnaissables qu’on aime ou non le style ; ce qui est, somme toute, rassurant.

Il est donc bien difficile d’aller au-delà des « défauts » (que d’autres moins réfractaires appellent sans doute « caractéristiques ») inhérents au genre dans lequel évolue Ne Obliviscaris, tant la musique du groupe est conforme à son étiquette musicale. Les longueurs et les coupures rendent l’écoute laborieuse et décousue. Cependant, il reste suffisamment de bonnes choses, dans la maîtrise des passages extrêmes notamment, pour que Portal of I trouve une résonnance bienheureuse dans vos oreilles. Sinon vous continuerez de maudire Opeth, juste comme ça, pour le fun. Même si Ne Obliviscaris n’a rien à voir avec la bande à Mikael Akerfeld et même si ça ne sert à rien…

Nola

0 Comments 24 août 2012
Whysy

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