Vous recherchez quelque chose ?

Mais jusqu’où ira-t-il ? Il faut bien avouer que personne ne donnait cher de la peau de Luca Turilli suite à son départ d’un Rhapsody déjà largement en perte de vitesse suite aux quelques années de silence et de démêlés juridiques. Déjà, à cette époque, beaucoup considéraient le « Symphony of enchanted lands II » comme une sorte d’aboutissement insurpassable dans le style orchestral si particulier du groupe. Et comme j’avais pu l’écrire dans la chronique de « Ascending to infinity », Luca avait véritablement su transcender son propre style en adoptant une attitude jusqu’auboutiste mettant un fossé gigantesque entre lui et les autres, y compris ses anciens collègues de « Rhapsody of fire ».

3 ans plus tard, il est temps pour le roi de garder sa couronne, peu disputée il est vrai par l’autre Rhapsody (en totale perte de vitesse) ou de nouveaux groupes (quasi aucun renouvellement n’étant malheureusement à prévoir dans le style…). Soyons clairs, le seul rival de Luca est lui même, et le simple fait de devoir surpasser son dernier effort relève de la mission quasi impossible… Alors oui, le pari est relevé, même si pas totalement quand même…

Car oui, autant vous le dire tout de suite, la première écoute est plutôt douloureuse, d’autant plus que le tracklisting final n’aide pas véritablement à digérer cet album qui s’impose d’emblée comme un des plus difficile d’accès de Luca. Comment en effet ne pas attendre de ce nouvel album une entrée en matière digne du morceau éponyme de l’album précédent (qui mettait tout le monde d’accord en seulement quelques minutes) ? Et là, c’est la douche froide. Après la classique intro orchestrale, c’est donc « Il signo nero » qui ouvre le bal… au piano. Bien entendu, le tout s’emballe très vite, mais clairement, malgré la qualité de la composition, on ne peut qu’être surpris, voir déçu, par une entrée en matière si molle, là où Luca a toujours tapé très fort sur l’ensemble des disques qu’il a pu composer… Notons que ce titre est donc chanté en italien, ce qui sera le cas de très nombreuses chansons de cet album. L’utilisation de sa langue natale était déjà devenue habituelle depuis quelques années, mais elle restait tout de même marginale, ce qui n’est plus le cas maintenant. Ainsi, si on prend en compte les chants de choeurs, plus majestueux que jamais, l’anglais se retrouve définitivement relégué au second plan, ce qui n’est pas un défaut en soi, mais il faut le noter tout de même.

Heureusement, dès le titre suivant, les choses rentrent dans l’ordre : « Rosenkreuz », déjà présentée par le groupe de nombreuses semaines avant la sortie de l’album, permet de retrouver le Luca qu’on aime depuis tant d’années, malgré un refrain très très classique. Et ne nous voilons pas la face, c’est bien cet aspect retro (dans le style, pas dans l’orchestration et la production, plus impressionnantes que jamais) qui permet à ce disque de rentrer dans l’excellence. Ainsi « Anahata » et sa tristesse latente, « One ring to rule them all » et son coté franchement épique, « Prometheus » et son refrain qu’on se prend à hurler sous la douche (heureusement que personne ne nous entend à ce moment là, les notes étant parfaitement inchantables par le commun des mortels) ou encore « Yggdrasil » sont des chansons dignes du meilleur de la légende Rhapsody.

Conjuguer cette excellence de composition avec une production tellement riche, nécessitant une rigueur indéniable, n’a cependant pas forcément que des bons cotés, et on se retrouve quasi embarrassé devant la froideur de la ballade « Notturno » (qui aurait mérité plus d’émotion et un peu moins de grandiloquence : hurler ne suffit pas pour émouvoir), la longueur inutile de « King solomon » (qui manque franchement de cohérence, malgré des ambiances réussies), ou le vraiment raté « Il tempo degil dei » (si on enlève les guitares, on n’est vraiment pas loin à certains moments de la variété italienne, avec tout le respect que nous devons vis à vis de nos voisins, et collègues, italiens…).

Reste la pièce maitresse, « Of michael the archangel and lucifer’s fall part II », d’une durée de 18 minutes, et qui s’avère réussie et franchement épique, même si Alessandro Conti n’apparait qu’à de rares moments, au profit de choeurs gigantesques et d’orchestrations totalement cinématographiques.  Bien construite et jamais ennuyeuse, cette chanson conclue parfaitement l’album. Puisque nous parlions de chant, et même s’il est parfois un peu noyé au milieu des dizaines et des dizaines de pistes mélangées, Alessandro reste là où il était sur l’album précédent : au top. Ses lignes vocales sont véritablement incroyables et on imagine à quel point il a dû batailler en studio pour arriver à réaliser cette prouesse.

Vous aurez donc compris que mon avis reste globalement très positif. Malgré quelques fausses notes, ce « Prometheus » reste largement dans l’excellence initiée par son prédécesseur. Encore plus ambitieux d’un point de vue purement technique, il parvient à faire retrouver les sensations éprouvées lors des meilleurs heures du Rhapsody que nous avons tant aimé. Et même si on peut reprocher à Luca d’en faire parfois un peu trop (retrouver un peu de simplicité parfois permettrait de laisser parler plus simplement les émotions), ne faisons pas la fine bouche. Tant que Luca Turilli’s Rhapsody nous sortira des albums de ce niveau, Luca peut être tranquille : sa couronne ne risque rien, il n’a clairement aucune concurrence… Allez, faites comme moi, on éteint la lumière, et on lance le film…

0 Comments 15 juillet 2015
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus