Je dois avouer que je n'avais jamais entendu parler de Potentia Animi avant. Je ne connais ni l'histoire du groupe, ni ses motivations profondes, et je dois dire que cela ne m'intéresse guère, bien que la musique de nos allemands soit inédite et à mille lieues de tout ce que j'ai pu entendre par le passé. Le groupe cultive les paradoxes et la cover en est une excellente représentation. A première vue très religieuse, elle révèle ses blasphèmes petit à petit, comme cette none, enceinte, dotée d'un piercing à la narine gauche. Vous avez dit étrange, comme c'est étrange ! A vrai dire la pochette est provocante et incite à se poser de nombreuses questions... Potentia Animi est un groupe allemand pas comme les autres.  A première vue on pourrait croire à un groupe de métal extrême à vocation anti-religieuse qui se moque ouvertement de l'Eglise et de toutes ces croyances. Hé bien vous serez surpris d'apprendre que Potentia Animi ne possède aucun aspect métal. Il faut aussi insister sur le fait qu'aucune ambiance ou paroles, qu'elles soient sataniques ou irrespectueuses, ne sont proférées ici. Nous avons là un groupe humble, qui possède une musique personnelle à la croisée de l'acoustique, du folklore moyenâgeux, et de la musique moderne. Inutile de dire que le mélange est... étonnant.  Il faut dire que le folklore religieux est porté à son paroxysme, d'où le look très étrange des musiciens et leur nom tout aussi étrange. On trouve donc Bruder Liebe, Bruder Nachtfrass, Bruder Schaft , Bruder Moeh et Schlafes Bruder aux différents instruments. C'est donc à un album entièrement acoustique que nous aurons affaire car les rares guitares électriques sont mixées très en retrait et n'apportent strictement rien à la musique du combo. En effet, toute l'attention est portée sur les arrangements de guitares acoustiques, de cornemuses, de violons, de vents et de cuivres aidés de différents instruments d'une autre époque. C'est aidé d'une session rythmique tout en finesse (ce n'est pas une batterie mais différentes percussions) que le groupe crée ses ambiances et assoie une musique très mélodique, vierge de toute influence.  Le titre de l'album est extrêmement bien choisi, car Potentia Animi a écrit une dizaine de psaumes tantôt chantés en allemand, tantôt en latin: ce sont les seules langues parlées au long de l'album. Vous savez, les psaumes: ces chants liturgiques juifs repris dans la religion chrétienne. Le groupe procède d'une manière très originale, car ces nombreuses chansons sont récitées d'un ton solennel voire gothique avec beaucoup de retenue sur des rythmes divers et variés. Sans oublier que les paroles font preuve d'une grande recherche et présentent des couplets et des refrains astucieux et emplis d'humour. Preuve que le groupe se joue de lui-même, sans pour autant manquer de respect aux religions. Le travail de composition ne manque pas de qualité car les multiples arrangements ainsi que l'osmose entre instruments anciens et modernes sont parfaits. Les mélodies font preuve d'une bonne recherche et la plupart sont réussies, belles et ne demandent qu'à partager une émotion. Le disque en lui-même est très varié et regorge d'ambiances originales: introduction au son des cloches; electro-gothique pour "Ave Maria"; hip-hop médiéval pour "Qui Per Mundum"; rock acoustique religieux pour "Eifersucht", "Drei Reiter" et "Der Verlorene Haufen"; récital classique pour "Anima Et Animus"; mauvais tube dancefloor pour "Viva La More" ; prière mélancolique pour "Bettelweib"; ode mélodique pour "Rouber".  Il est indéniable que l'album a été composé avec le coeur, mais le résultat, avant-gardiste, est déstabilisant. Cet album possède tellement de lecture possible que je ne m'aventurerai pas à donner un avis. Je me suis permis de vous expliquer le disque, de le présenter et le décrire comme j'ai pu, à vous maintenant de voir si le voyage peut en valoir la peine. Je me refuse donc de donner une note pour ne pas influencer votre jugement, car un tel album peut toucher au surnaturel et à la perfection pour certains, tandis que d'autres resteront de marbre, voire seront dégoûtés.  ...TeRyX...