A l’heure où la scène folk/viking Metal semble ne jamais arrêter de s’étendre, voici qu’un nouveau venu tente de faire son entrée dans la cour des grands avec un premier album, ma foi des plus prometteurs : j’ai nommé, les finlandais d’Heorot.


Si souvent, l’on tente d’emballer des CD plutôt moyens dans des apparats de grande classe (cf toutes les rééditions qui s’enchaînent à la pelle sans que l’on connaisse jamais leur réelle utilité) pour attirer le chaland curieux ou l’esthète difficile, ici, c’est plutôt l’inverse qui se produit !! La pochette est vraiment une complète horreur, pire qu’un dessin enfantin, et le livret dans le même ton… beurk, vraiment décevant, mais il faut vraiment prendre sur soi pour ne pas s’arrêter à cela, surtout quand on sait que la qualité musicale, elle, est belle et bien présente tout au long de cet album !

A mi-chemin entre le charme épique et les refrains guerriers d’Ensiferum et le côté plus résolument black de groupes allemands comme Adorned Brood ou les premiers Menhir, Heorot, tout en restant dans la plus pure tradition du genre, arrive vraiment à tirer son épingle du jeu en mélangeant allègrement, comme tous les autres avant lui, flûtiaux joyeux, chœurs virils, voix black nerveuses et rythmiques somme toute bien accrocheuses.

Proposant ici nombreux titres de ses deux démos, réenregistrés et desservis par une production de qualité, Heorot respire le talent et la conviction. Mais cela suffit-il pour faire un bon album ? Assurément, car aucun titre n’est à jeter sur cette galette, depuis l’introduction à la flûte (à l’esprit Pagan on ne peut plus prononcé), jusqu’au final plus lent et majestueux du titre éponyme, en passant par les breaks folks sublimes de morceaux comme « Ylpeyden Kiro » (dans laquelle il me semble d’ailleurs repérer l’air célèbre du « Hall of the mountain king »…), très proches de Moonsorrow ou d’autres groupes du coin.

Hymnes accrocheurs typiques des groupes pagan/folk finlandais (l’accrocheuse « Ristiretki », parfaite pour ouvrir les hostilités), compositions variées, parties folkloriques assurées par de vrais instruments traditionnels (assurément l’un des gros points forts de l’album), parties acoustiques, ou même voix de bourrins bourrés, ambiance taverne (« Yö Jahti »), tous les ingrédients sont là pour créer un très bon album, décidément sans temps mort, et intéressant de bout en bout.


Au final, Heorot nous livre un premier album de très bonne qualité, mais absolument dénué d’originalité. Pour tous les fans de viking/pagan qui ne rechignent pas à découvrir les jeunes groupes et désirent passer un bon moment, jetez-vous dessus, c’est du tout bon ! Pour les autres, n’hésitez pas à donner sa chance à ce groupe sympathique, et laissons leur un peu de temps pour affirmer leur personnalité, chose qui n’est jamais aisée, et plus particulièrement dans cette scène, qui surabonde de groupes dispensables, aux qualités moyennes… Et tous ceux-là, croyez-moi, Heorot les surpasse déjà allègrement.


Un authentique 7,5 qui aurait sans hésité tourné au 8 ou au 8,5 si Heorot ne suivait pas un peu trop fidèlement ces chemins déjà fréquentés par tant d’autres….


Gounouman