Vous recherchez quelque chose ?

Il n’est pas aisé, quand on est musicien du Metal, de faire perdurer son art à travers les années. Cependant, quand la passion est là, la flamme ne s’éteint pas et demeure, tapis dans l’ombre, pour éclairer enfin de sa rouge lueur le nouvel album de Thunderland : Red. Premier constat sur le successeur de Glory Of Thor (sorti en 1999), celui du remaniement de Thunderland, puisque William (guitare et accessoirement chant) en demeure le seul membre fondateur. Second constat, les inspirations se sont éloignées des terres nordiques pour puiser leurs sources vers d’autres cieux, ou plutôt d’autres abîmes, puisque l’album baigne dans une atmosphère sombre voire d’outre-tombe. Les abîmes de Thunderland s’avèrent toutefois feutrés par la voix de Deborah, qui enveloppe Red de toute sa chaleur.

Thunderland, ou la douce voix de sa chanteuse complétée ça et là par la voix Black Metal de William, pour une ambiance à La Belle et La Bête. Et c’est toute la musique de l'album qui adhère à ce double jeu, au travers des morceaux souvent oppressants mais empreints d’une certaine grâce. Betray et son intro symphonique oscille de façon imprévisible entre tendances Black Metal et Power Metal, avec ses passages atmosphériques et son refrain qui surprend par son côté mélancolique. Bal Of Vampire cultive ce clair-obscur, plongeant l’auditeur, de ses riffs plombant, dans l’attente d’une délivrance entrevue mais qui jamais n’arrive. C’est là toute l’alchimie de Red dont les belles mélodies et les instruments symphoniques laissent entrapercevoir une beauté si fragile qu’elle ne peut briser le sombre miroir derrière lequel l’auditeur reste emprisonné.

J’aurais aimé que l’univers gothique de Red le soit encore plus. Death Litany se joue habilement de l’auditeur par des changements de rythmes qui auraient pu, en fin de titre, laisser place à la pénombre, mais ce n’est pas le cas. C’est comme sur Red, titre bizarrement court s’arrêtant au moment où l’on commence à ne plus pouvoir reprendre notre souffle, alors qu’il y avait matière à faire durée ce malsain plaisir. C’est certainement le côté Power Metal de Thunderland qui reprend naturellement le dessus sur ces morceaux, tout comme nous en persuadera Revenge, qui débute tout doucement pour s’accomplir en morceaux speed power mélodique. Idem pour Equilibrium, dont le début pop-rock laisse rapidement place à du speed symphonique basculant du sombre au féerique avec classe.

Ainsi Thunderland réussit à imposer son identité, car même si l’on n’a parfois une impression de déjà entendu, jamais on ne parvient à savoir d’où. Il y a donc des influences, mais pas de vulgaire copiage. Qui plus est, quelques titres se démarquent par un charisme dégagé par leurs lignes vocales singulières. La guitare lead concourt aussi à la force de Thunderland, sur quasi tous les titres William délivre des solos très appliqués et pas trop mal élaborés, bien en phase avec les mélodies de Deborah, et qui malgré un son très cheap peuvent s’avérer jouissifs (Great Spirit, Equilibrium).

D’ailleurs le manque de puissance du son est un gros défaut sur Red (l’album est autoproduit), qui rebute vraiment au début et pourrait alors laisser penser qu’il s’agit là d’un album impersonnel et fade. D’autant plus que le premier morceau, Witch Of Lake, est à mon sens le moins bon de l’album, un titre assez vide en fait. Il faut donc passer outre quelques barrières pour apprécier Red, et c’est une peine que l’on peut faire l’effort de se donner, car dès que vous pénétrez cet album, vous y découvrez un univers fantasmagorique et romantique vous amenant au delà du monde des vivants, un rêve emprisonnant dans lequel il fait bon s’aventurer.
[right]Chris[/right]

0 Comments 10 avril 2011
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus