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Quelques mois après le split d’After Forever, leur désormais ex-chanteuse, Floor Jansen, annonçait le lancement de son projet solo. Depuis juin dernier, les fans d’After Forever attendent donc les nouvelles de ce projet qui, espéraient-ils, allait permettre de ne pas laisser s’éteindre la flamme allumée par le groupe dont ils regrettent encore la séparation.
La première chose à préciser est donc celle-là : il ne s’agit pas d’un projet solo. Certes, à la base, cela ne paraît pas évident : Floor fonde «son» groupe, qui va être, logiquement sa chose. Si cela était le cas dans les premiers temps de Revamp, la chanteuse a bien expliqué dans ses plus récentes interviews qu’il s’agissait bien d’un groupe, dont, certes, l’impulsion créatrice lui revenait, le leadership naturel, évidemment, également, mais pas un projet solo.
Cela est important. Pour ceux qui ne me suivraient plus, je renvoie à Liv Kristine, dont le groupe, Leaves’ Eyes, est distinct de son projet solo.

Bref, ceci étant posé, débute l’écoute. S’il s’agit d’une re-naissance, d’un re-nouveau, il s’agit aussi de re-dite. Mais avec talent, ce qui donne au moins un peu de re-nouvellement au genre du métal mélodique à chanteuse. Rien de très nouveau donc dans ce disque. Bien sûr, des ressemblances avec After Forever, il y en a, et par moments, on se dit que Floor n’a pas dû être à l’origine du split du groupe tant sur certaines harmonies, on la sent à l’aise avec son chant hérité de cette époque.
Mais cela n’est pas tout, et on ne peut pas dire qu’elle ait sombré dans une nostalgie de mauvais aloi. On sent la chanteuse tester sa voix : on entend qu’elle a dû prendre beaucoup de plaisir à travailler dans toutes les directions, mais le résultat montre par conséquent un léger manque de naturel. Autrement dit, elle n’est jamais aussi instinctive que lorsqu’elle se laisse aller à la toute puissance de son chant essentiellement (seulement ?) lorsque c’est du After Forever («Fast Forward»). Mais ceci évoluera sans aucun doute !

La chanson manifeste de l’album est la première piste, un «Here’s my hell» accrocheur où Floor délivre un titre énergique, fonctionnant comme un bon vieux Kamelot. La mécanique est bien huilée : il ne s’agit pas d’aller dans les sons grinçants du gothique, peu de mélancolie également, le son est vraiment métal, parfois même plus agressif que dans After Forever. Si l’intervention de George Oosthoek (Orphanage) en fin de morceau n’est pas désagréable, son intérêt est toutefois très relatif.
Ensuite, les titres peuvent être séparés en deux groupes d’importance inégale. Le premier est celui des trois titres du thème «In Sickness 'Till Death Do Us», trois titres consacrés à des réflexions lors de l’imminence de la mort (partie 1 : la maladie faisant espérer la mort, partie 2 : la maladie vue par les proches, partie 3 : la maladie provoquant la déchéance). Ces trois titres sont assez proches, dans leurs sonorités grind, par l’utilisation de chant masculin (Björn Strid, pas vraiment à la hauteur), leur emphase (le côté sympho avec la présence de choeurs), et également, malheureusement, leur manque de relief : mélodies assez plates, peu reconnaissables, peu mémorisables. La troisième partie sauve la mise grâce au chant de Floor, mais on était presque lassé...
Le second groupe est celui des autres chansons, bien meilleures, qu’on apprécie vite, avec chacune leurs (petites) originalités  : «Sweet Curse», un duo de la stature d’un morceau romantique d’Epica, chanté avec Russell Allen  de Symphony X et où le chant pur et cristallin de Floor atteint un grand lyrisme. Dans le registre des morceaux calmes, «I lost myself», est la belle ballade qui clôt l’album, seule chanson triste de l’album : dommage qu’elle soit autobiographique. «Under my skin» alterne entre parties quasi a capella pour Floor qui sont de véritables pépites entre de très bons passages avec des choeurs modérés, ceux que l’on retrouve aussi, plus développés, sur «The Trial of Monsters», morceau qui devrait plaire à Sarah Jezebel Deva. On ne peut toutes les citer, au risque d’ennuyer, mais retenons également «Kill me with silence», dont l’atmosphère spirituelle est très séduisante.

L’album est donc bon, très bon même, mais, quelque part, il déçoit tout de même. Ce quelque part est une région très bien identifiée : elle se norme Terres du Conformisme, du côté calme du pays de la Création. Tout cela manque tout de même cruellement d’originalité. Le cahier des charges est respecté, des morceaux variés, un chant modulé, des invités, une production impeccable, des morceaux, qui s’ils n’étaient pas métal, seraient dits «taillés pour les ondes».
Mais, à quelques moments, cela se ressent. Trop pour crier à l’excellence. Mais pas assez pour bouder son plaisir !

0 Comments 15 mai 2010
Whysy

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