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Le porteur de drapeau autrichien est de retour sur une cover léchée et par sa présence nous  signale donc la sortie d’un nouvel opus du groupe que je vous avait présenté en 2008. Artas revient nous donner une leçon d’émeute au travers de son album fraîchement produit par les soins de Napalm Records. L’enregistrement ne dure pas moins d’une heure et sept minutes, autant vous dire que le cours promet d’être exhaustif et le sermon risque d’être très proche de la matière puisqu’il est servit dans un death/thrash métal acéré aux allures de modern métal. Le groupe a donc pris son temps pour accoucher dans la douleur de ce nouvel événement, car trois ans nous éloignent de The Healing qui se démarquait par ses influences latino. Est-ce toujours le cas ? Comment le combo a-t-il décidé d’orienter sa musique après le premier essai ?

Un rapide coup d’oeil à la tracklist et deux éléments sautent aux yeux : la longueur (seize chansons !!!) et les origines des morceaux. En effet, il semblerait que l’étude de la révolte soit plus cosmopolite que celle du rétablissement. Et oui, les Autrichiens ne se cantonnent plus à l’espagnol pour ce qui est des langues “non conventionnelles” utilisées pour alimenter les paroles. L’allemand prend une part plus importante et notons le titre “Le Saboteur” qui est intégralement chantée en français! Pour le coup, Hannes nous fait le plaisir de s’exercer à la langue de  Molière, mais nous reviendrons sur ce point plus tard... Il faut reconnaître que le travail fourni par notre quintet est remarquable de par son élaboration.

Le death/thrash qui était jusqu’alors utilisé a incorporé une composante plus moderne et de ce fait chaque titre prend une orientation certes brutale mais aussi une aura commune s’échappe des chansons. Les rythmiques du batteur restent simplistes voire mécaniques même si par moment ça reste efficace. Le jeu des guitares reste, et il faut bien l’avouer, très peu élaboré. Cependant cela n'empêche pas la musicalité des Autrichiens de revêtir un aspect volcanique, vous me direz quoi de mieux pour déterminer toute cette insurrection mélodique ? Il est vrai que le groupe ne fait pas dans la dentelle et si on prend des titres comme “The Day the Books Will Burn Again” avec un chanteur enragé comme si il avait bouffé du lion, on ressent cette atmosphère implacable et acharnée. Le rendu furieux reste toujours en adéquation avec le cadre dans lequel se pose Artas.

Riotology tire en grande part sa férocité dans un chant poussé sans vergogne dans la droiture violente et les cris. Il est vrai que si les instruments balancent des riffs tranchants sur des rythmes abattus à coup de blast beat, il faut tout de même reconnaître que la majeure partie de l'histoire se déroule et prend vie grâce au frontman. Notre homme s’emploie dans une ferveur sans précédent et seuls les breaks “The Suffering of John Doe” ou les intermèdes “O5” permettent de laisser la voix se reposer. L’étude de l’émeute prend forme sous différentes langues et reste internationale, c’est pourquoi Hannes utilise l’anglais, l’allemand (“Rassenhass”, “Gipfelstürmer”)  reprend l’espagnol sur plusieurs morceaux et va même pousser le vice à chanter un titre “Le Saboteur” en français. C’est assez inhabituel pour souligner l’effort.

L’environnement belliqueux de cet opus est posé, les chants sont coléreux à souhait... Pour la qualité intrinsèque de l’album, nous pouvons dire qu’elle reste dans la lignée. A savoir, qu’elle est chaotique. Le combo se perd bien trop souvent, en oscillant entre du chant crié, chant parlé façon néo métal (“No Pasaran”) et l’homogénéité musicale étouffante qui, sûrement par prise de conscience, est tentée d’être désamorcée par les différentes langues mais ce subterfuge n’arrive pas à réanimer le peu d’intérêt. Le magma musical se déploie tout le long de l’album mais on se demande si finalement tout cela a une quelconque utilité. Pas que les morceaux soient tous inexploitables (quoique...) mais il faut reconnaître que l’uniformité des titres est écrasante comme en témoigne la succession des deux titres “The Grin Behind the Mirror” et “Gipfelstürmer”. Célérité, double caisse, cris: soit, mais pour arriver à quoi ? Le résultat n’est pas très probant d’autant plus que la musique est en elle-même peu accrocheuse.

Donc au final, ça sera un carton jaune pour les germanophones qui se seront trop laissé emporté mais ils n’ont pas réussi à créer un album digne de la succession de The Healing. Personnellement, j’aurai préféré plus de groove et moins de technique dans la structure musicale, la seule versatilité réside dans les différentes langues utilisées, ce qui n’est pas suffisant. Le porteur du drapeau s’est étouffé dans sa cagoule et a été mis en garde à vue pour délit. Ce délit est d’avoir osé tenté d’expliquer un sujet dans un registre portant atteinte aux bonnes moeurs musicales, et en agressant nos oreilles sans raison valable.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 17 février 2011
Whysy

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