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« Quoi déjà ? Mais Reise, Reise est sorti il y a à peine un an !! C’est encore un coup de pub pour se faire du pognon !! Ils profitent de la vague !! » C’est ce genre de commentaires auxquels il fallait bien s’attendre avec la sortie du nouveau bébé des Allemands, Rosenrot. C’est vrai que le groupe nous avait habitué à des sorties plus éparpillées, deux ans au minimum entre chaque galette, et légitimement d’ailleurs on pouvait se poser des questions sur les motivations cachées (d’autant plus que Reise, Reise avait très bien marché au niveau des ventes) de Rammstein. Outre ces considérations financières dont je ne m’occuperais pas ici, la vraie question est de savoir si en un an, les Allemands ont (encore) réussi le pari de faire monter leur musique d’un cran, en nous proposant des nouveautés qui font la différence.

Au niveau de la cover, finies les digressions colorées de Reise, Reise, retour au classique avec des teintes froides et dures (nuances grises et noires, très industrielles, un peu à l’image des clips du groupe). Cela peut-il laisser présager une sorte de retour aux sources, à un métal très carré et teinté de nuances industrielles ?

Musicalement, après la première écoute, on s’aperçoit que l’électronique laissé de côté sur Reise, Reise fait ici son retour : on retrouve ces influences omniprésentes sur Mutter ainsi que sur les albums précédents, influences bien distillées et équilibrées sur l’ensemble de l’album. Ensuite, on peut noter un certain déséquilibre général : entre les bonnes chansons et celles qui sont là pour faire office de « tampons », il y a des choses à redire à ce niveau.

On commence néanmoins très fort avec Benzin, titre introducteur alternatif où se mêlent passages puissants dans la pure tradition Rammstein et parties posées plus oppressantes où le géant Till Lindemann dévoile tout son potentiel vocal. Puis vient Mann Gegen Mann, assurément le titre le plus puissant de l’album : direct, ravageur, surpuissant, théâtral à souhait, en gros du Rammstein haut niveau.

Mais voilà, le reste de l’album n’est pas de cette trempe malheureusement : d’une part on a l’impression désagréable que certaines chansons ont été mises là pour combler (Spring, Hilf Mir ou encore l’insipide Zerstören), et d’autre part on regrette le manque de nouveautés sur Rosenrot. En effet, trop de titres sont là pour nous faire penser que la structure de Reise, Reise a été reprise de manière identique : du duo Stirb Nicht Vor Mir / Don’t Die Before I Do (avec quand même Sharleen Spiteri, la chanteuse de Texas, qui vient en guest pousser quelques vocalises) déjà fait, aux « ballades » qui se ressemblent surtout au niveau du placement dans l’album (elles sont mises toutes à la fin de l’album, comme sur Reise, Reise, ce qui avait déjà provoqué quelques critiques).

Malgré tout, on en arrive au plus intéressant : Te Quiero Puta ! Pour la première fois de l’album, les Allemands réussissent à nous surprendre et de quelle manière : chantée en espagnole, chose assez rare pour être soulignée, langue qui passe très bien d’ailleurs, Te Quiero Puta ! nous plonge dans une ambiance far west avec trompettes et chœurs féminins délirants et paroles imagées qui pourraient bien choquer les oreilles les plus chastes. Ein Lied, ballade qui clôt Rosenrot, se révèle comme l’un des meilleurs titres de l’album, émotionnelle (oui oui) et intelligemment faite.

On n'ira pas jusqu’à dire que Rosenrot est un simple clone de Reise, Reise, mais les ressemblances sont bien trop nombreuses et évidentes pour nous tromper. A commencer par la structure même de l’album, quasi identique. Mais le problème principal reste quand même ces chansons tampons que l’on pourrait presque qualifier d’indignes vu le niveau musical du groupe : alors est-ce simplement un manque d’inspiration, ce qui pourrait se comprendre, ou bien un laps de création trop court pour nous livrer un album de qualité homogène ? Question ouverte, mais je pense pour ma part que la seconde solution serait la plus plausible. Il aurait sans doute fallu 6 ou 8 mois de plus aux Allemands pour affiner leurs choix et leurs compositions. Cela étant, il ne faut pas occulter les points positifs de ce Rosenrot car il y en a : le retour réussi à l’électronique, des bons titres, du surpuissant Mann Gegen Mann à la surréaliste Te Quiero Puta !. Mais tout cela reste bien léger, trop morcelé pour arriver au niveau de Reise, Reise. Gageons que les Allemands feront mieux la prochaine fois.

0 Comments 16 novembre 2005
Whysy

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