Un ennui monumental est ce qui ressort de l’écoute du dernier album de Circle II Circle. Et pourtant les prémisses étaient bonnes : nouveau line-up et nouveau label (Ear Music au lieu de l’ancien AFM). Coté formation on trouve deux nouveaux guitaristes, Bill Hudson et Christian Wentzs, qui remplacent l’ancien guitariste Andy Lee (qui quitte le navire pour se consacrer à sa famille) ; on trouve aussi le nouveau venu Henning Wanner au clavier ce qui permet au groupe une majeure flexibilité et de ne plus recourir à des pistes enregistrées. Sur le papier donc cette nouvelle formation à six au lieu de quatre assure et les interviews dithyrambiques de Zak Stevens à propos de Seasons will fall sur son coté « Savatage oriented » mettent l’eau à la bouche, sur le potentiel du groupe et sur la volonté de reprendre le flambeau de Savatage.

Tout ceci sur le papier car à l’écoute le verdict ne tarde pas à tomber, il suffit d’écouter les trois premiers titres pour constater plusieurs choses : primo, la production horrible, secondo, le chant horrible, terzo, le manque d’idées horrible. Je développe. Déjà la production du dernier Consequence of Power laissait désirer, aujourd’hui c’est le cas de Seasons will Fall. On constate un manque de relief et de profondeur affligeants. La voix de Zak Stevens sur le titre Diamond Blade est fade, pas inspirée, monotone et on voit très bien qu’il n’a plus le coffre d’antan. Même avec tous les "pro-tool" du monde. Le pauvre s’époumone. Les titres n’apportent rien de nouveau dans l’univers de Circle II Circle. Ils se répètent, ils tournent en rond, ils sont creux.

Sur douze titres on s'ennui ferme. Et ce n’est pas parce que on met un piano ici ou là ou parce que Zak était le chanteur de Savatage que Circle II Circle fait du Savatage où il peut prétendre en être l’héritier. L’exemple de Killing Death est parlant : intro avec un riff plutôt accrocheur et puis un gros pschitt ! Un essoufflement sans concession avec un refrain pop – hard rock. Un constat s’impose finalement : Circle II Circle opère un virage ‘par touches’ pop – hard rock évident. Ce n’est pas une faute mais ceci ne le rapproche pas non plus à Savatage.

Le message est simple. Imaginez que vous avez l’habitude de cuisiner des pâtes à la sauce tomate. C’est basique, mais ce plat vous plait. Et vous avez l’habitude de le préparer et vous le faites plutôt bien. Un jour vous cuisinez, vous mettez l’eau, vous choisissez les pâtes, vous ne me mettez surtout pas d’huile dans l’eau pour éviter que les pâtes collent à la casserole (il faut les mélanger souvent pour éviter que ça colle). Vous faites mijoter votre sauce tomate après avoir fait revenir un peut d’oignon et d’ail dans une poêle. Puis vous égouttez, vous nappez avec la sauce et vous mélangez le tout. Circle II Circle fait pareil: sort la même recette faite plusieurs fois, mais il a oublié le SEL.

Il n’y a pas de sel dans cette album, il n’y a pas de saveur. Le seul titre qui rehausse l’album est Epiphany. Ce titre oui il est en pur style Savatage. Tout y est, l’originalité, l’interprétation, une bonne alchimie. Le seul bémol est le riff de début un peu pompé sur Holy Diver de RJ DIO. Mais là on chipote.

Seasons will fall est un album fait avec beaucoup de métier et qui fait parler de lui grâce à la notoriété de son chanteur et grâce au capital sympathie gagné avec mérite grâce au très bon premier album Watching in Silence. Mais les fastes du début périclitent dangereusement avec ce dernier opus, puisque il vaudrait mieux que le néophyte curieux jette plutôt son oreille sur Watching in Silence et le fan de toujours il vaudrait mieux qu'il jette une oreille sur cet album avant de l’acheter car il risque d’être surpris. Très surpris.

Pas nécessairement nul en effet mais si Seasons will fall était sorti par un groupe lambda peut être que l’on n’en parlerait même pas. Donc non, Circle II Circle n’est pas l’héritier de Savatage et les fans déçus par la mise en veille du groupe mère pourront se refaire une santé en écoutant toujours les classiques Streets, Gutter Bullet, Dead winter Dead, The Wake of Magellan et j'en passe.


Ps : n’oubliez pas le sel.

note réelle : 5.5/10


wanderer