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Au hasard des lectures, des articles, on découvre souvent de petites merveilles, la plupart du temps méconnues, mais qui forcent le respect et l’admiration. On se dit aussi que la capacité de régénération, le potentiel créatif du métal en général est tout bonnement extraordinaire, tant le nombre de jeunes groupes talentueux et originaux reste élevé, malgré les années qui passent. On se dit finalement qu’on a bien de la chance d’avoir accès à cette partie, souvent cachée, mais ô combien enrichissante, de la musique. C’est en substance le cheminement d’idées qui me vient lorsque j’écoute cet album, Self Exile.

Moi qui croyais que l’année 2006 avait livré tout son lot de surprises et de satisfactions, j’étais loin du compte. Avec un premier album en 2003, le tout jeune groupe grecque (ça ne s’invente pas !!) s’était déjà illustré en 2004 avec SoulRain 21 mais va véritablement enfoncer le clou avec ce Self Exile.

Le combo nous délivre sur cette galette un heavy progressif tout bonnement énorme. La qualité de la production, avec un son surpuissant, met en valeur l’énergie, la rage presque, que le groupe cherche à nous transmettre via sa musique. C’est incisif, tranchant, mais toujours d’une finesse technique impressionnante. C’est cette technique qui fait mouche lors des passages progressifs : les rythmiques s’enchaînent, se brisent, se recollent, sans jamais perdre le fil conducteur. Des touches plus funky, plus jazzy (The Muzzle Affection, Dance Of Descent) mettent un peu plus en lumière l’aisance technique des musiciens.

La grande force de ce Self Exile est de retenir notre attention d’un bout à l’autre de l’album : malgré quelques passages un peu longs, l’ensemble est vraiment compact, on se régale du début à la fin, les refrains saignants vous aspirent dans les tourbillons de décibels, les envolées progressives vous font décoller, la ballade Minutes To Abandon nous arracherait presque quelques larmes (chose pourtant rare pour un groupe de progressif). Mais les passages instrumentaux ne seraient rien sans Domenik Papaemmanouil, le chanteur, qui se révèle être un chef d’orchestre monumental : la panoplie vocale du vocaliste grecque est complète, oscillant entre un registre puissant, presque thrash, d’une énergie et d’une profondeur impressionnantes, et des passages plus calmes, où notre homme sait à la perfection nous faire frissonner. Un potentiel vocal qui n’est pas sans rappeler celui d’un certain Tom Englund (Evergrey), c’est dire le niveau.

Wastefall s’attache en effet à lier intimement le déluge technique et les ambiances. Le titre E.Y.E l’illustre parfaitement : refrain très puissant d’une part, le piano donne malgré tout des touches aériennes d’une virtuosité imposante, l’arythmie musicale donne presque le tournis, mais en ayant toujours un sentiment de maîtrise, qui fait sentir que le groupe ne perd jamais pied dans cet océan coloré, d’une richesse ineffable.

Et dire que j’ai bien failli passer à côté d’un album de ce calibre, ça m’en donnerait presque mal au cœur. Sans grande contestation possible, on a affaire ici au meilleur album de heavy progressif de l’année (je placerais tout de même le For The Love Of Art And Making de Beyond Twilight au dessus du lot, même si l’orchestral et le symphonique prennent très largement le pas sur le heavy), peut-être même de ces dernières années. Très peu de choses sont à jeter sur cet album, tout juste quelques longueurs ça et là, on est soufflés par la puissance et l’énergie qui se dégage de la musique, impressionnés par l’intelligence des compositions et des arrangements, émus par les parties mélancoliques menées par la voix de fer et de velour de Domenik, grande révélation et surtout grand espoir du métal actuel. Espérons que Self Exile et plus généralement Wastefall sortent rapidement de l’anonymat dans lequel ils se trouvent aujourd’hui, car croyez moi les grecques le méritent amplement. Un album de maître dont on attend la suite avec une grande impatience.

0 Comments 06 décembre 2006
Whysy

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