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Comment dissocier le death mélodique de la Suède ou le black de la Norvège ? Il y a des pays comme ça, avec des ancrages culturels et musicaux si forts que l’on a du mal à imaginer que d’autres courants puissent émerger et s’y développer avec succès. Affirmation à relativiser bien évidemment, car s’il est incontestable que les suédois sont souverains en death mélodique, des groupes comme Therion par exemple viennent prouver avec la manière que cataloguer un pays pour un style est bien souvent réducteur.

N’empêche que, si je vous dis Allemagne, vous me répondez quoi ? Le heavy bien sûr, le heavy qui bastonne, le heavy classieux, du carré, du dense, bref du lourd. Ce en quoi je ne vous donnerai pas totalement tort : Blind Guardian, Edguy, Grave Digger en sont les premiers et plus célèbres porte drapeaux, chacun avec une identité musicale forte qui a quoi qu’il arrive marqué l’histoire du power / heavy / speed.

Assez logiquement, un certain nombre de jeunes groupes allemands veulent à leur tour poursuivre et étoffer cet héritage musical. C’est le cas de Vanish, qui nous offre avec ce premier album, Separated From Today, un coup d’essai plutôt moyen. Car ne le cachons pas plus longtemps, les allemands ne cassent pas des briques avec ce premier jet : le groupe a autoproduit sa galette, et cela s’en ressent fortement sur la qualité du son et du mixage. Malgré un équilibre général plutôt bon, tout est sous mixé, aucune puissance ne ressort de la musique, ce qui fait qu’on a bien du mal à accrocher aux refrains, condition sine qua non de la réussite d’un disque de heavy.

Le combo d’outre Rhin a des qualités, techniques tout d’abord, créatives ensuite. Le titre d’ouverture, Forsaken, les met en valeur : intro pêchue, refrain efficace, bonne maîtrise technique, avec un son de basse original, très rond, qui ressemble un peu au son de basse de Iron Maiden. Mais voilà, le tout est handicapé par cette production faiblarde, qui tétanise les bonnes intentions des musiciens. Les parties vocales sont dans le ton de l’album, parfois poussives surtout dans les aigus, parfois intéressantes, démontrant des qualités de puissance ou même de finesse émotionnelle sur la ballade, soit dit en passant très réussie, All Of It Gone, sans doute le meilleur morceau de Separated From Today.

Car on a bien du mal à rester concentré sur toute la durée de l’album. On perd le fil parfois, notre attention s’évapore au fil des titres, aucun effet de surprise ne vient nous tirer de notre semi torpeur. De là vient le gros point faible de ce disque, et évidemment le son n’y est pas étranger. On doit attendre le dernier titre, Revolution, pour avoir droit à un refrain salvateur accompagné de chœurs dignes de ce nom. Un peu tard pour sauver le navire.

Sans être véritablement mauvais, ce Separated From Today me laisse une impression plutôt mitigée, que je qualifierais de neutre. C’est parfois sympathique, avec des bribes de refrains qui nous font penser par moment aux hymnes guerriers fédérateurs des grands noms du power / heavy, mais c’est souvent long et ennuyeux, avec un son sans relief, très lissé, sans aucune prise de risque et sans réelle puissance. L’album reste trop emprunté et aseptisé à mon sens, trop tendre pour engager un bras de fer équitable avec les grandes pointures du style. Vanish a des qualités, on ne peut le nier, mais les allemands devront les affirmer avec beaucoup plus de poigne et d’à propos pour imposer leur griffe dans un milieu qui est devenu très (trop ?) exigeant. Affaire à suivre.

0 Comments 02 février 2007
Whysy

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