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Le métal est définitivement un genre musical transcendant qui s’élève jusqu’à l’universalité . N’attendez pas le nouveau film de Sam Dunn et Scot Mcfadyen (Global Metal) pour vous en convaincre, amis lecteurs, et penchez-vous sur la magnifique réalisation d’un guitariste bosniaque Emir Hot, qui nous présente en cette belle année son premier album Sevdah Metal.

En effet, digne des élucubrations nomades d’un Borat survolté dans le monde métallique, Emir Hot introduit la musique gitane et l’essence tourmentée et métissée des Balkans dans le genre le plus noble du métal, le néo classique ! Et quel mariage, quel panache, amis lecteurs, ressort de l’écoute de ce disque unique!! Mieux que de l’originalité, une profonde identité se dégage de cette entreprise ambitieuse qui se pose en contre pied rafraîchissant à l’uniformisation culturelle d’une mondialisation qui standardise tout.

Sophistiquées, mélancoliques ou joyeuses, puissantes et racées, les compositions s’égrainent avec brio en développant des atmosphères orientales (Devils in Disguise,World set on fire) surtout grâce au jeu d’Emir qui est un véritable virtuose, technique et grandiloquent mais qui ne peut se résumer à un énième épigone du génialissime suédois Malmsteen. Son jeu est très personnel, habité par une double combinaison de mélodies slaves et d’une dimension théâtrale grandiloquente. S’il fallait le comparer, on pourrait tenter de le rapprocher des délires de Jose del Rio, autre magicien de la six cordes de l’écurie Lion Music mais surtout d’Henrik Flymann, talentueux leader des inimitables Evil Mascarade.

Le résultat est époustouflant d’efficacité (il faut dire que le bougre a tout de même remporté le prix britannique du guitar héro en 2005 délivré par la London Guitar Institute, ce qui claque plus qu’une mention passable en deuxième année de conservatoire à Montbignou sur Pogne).
Les mélodies sont burlesques ou mélancoliques mais toujours très attachantes : l’introduction festive Forspil qui modernise un air traditionnel bosniaque ou la relecture modernisée de l’œuvre de Grigoros Dinicu sur l’instrumental Hora Martisorului, pizzicati (sons pincés) vertigineux, mélodies enfantines prolongées par des lignes de basse (jouées aussi par Emir Hot) résolument bonhommes et ponctuées d’un solo de feu sur Devils in Disguise, et le foisonnement folklorique de la pièce éponyme Sevdah Metal Rhapsody ! Une chanson multipliant les mélodies tziganes qui constituent une véritable invitation au voyage dans l’univers contrasté et complexe de l’ex-Yougoslavie. A mi chemin entre une bande son d’Emir Kusturica et un feu de camp nomade, ce titre explore les tréfonds complexes de ces populations, où depuis toujours rires et larmes, joies et peines, tristesses et passions ne forment pas des mondes séparés mais les deux faces successives du masque de la vie.
Ce métissage est encore renforcé, outre quelques orchestrations et autres interludes au piano inhérents au style, par de magnifiques passages d’accordéon endiablé. Emir Hot s’est entouré de Muhamed Sehic-Hamic et Anto Filipovic pour rehausser ces morceaux de mouvements frétillants (Devils in Disguise, World set on fire et surtout le monstrueux Skies and Oceans)ou traditionnels (Svedah metal Rhapsody, le svedah étant une musique folklorique bosniaque). C’est en tout cas une innovation inédite dans le néoclassique qui fera date et l’emploi de cet instrument colore l’identité des compositions d’un panel contrasté d’impressions plus ou moins fugaces.
Deux morceaux répondent toutefois à une logique plus traditionnelle mais n’en sont pas moins des morceaux de néoclassique de toute beauté : Le tonitruant Land Of The Dark au refrain qui tire-bouchonne les babouins et le merveilleux quoique très orthodoxe Endless Pain (et ce solo particulièrement exaltant comme un soutien gorge qui se dégrafe du premier coup :p )

Cette réussite musicale indéniable est renforcée par les compères qui entourent le grand Emir. Le chant est en effet assuré par une pointure du genre, le grand John West (ex Artension et ex Royal Hunt) qui offre une prestation limpide et brillante comme il nous a toujours habitué à le faire. Omniprésent sur You, magnifique ballade mélancolique subdivisée en deux parties où il se voit rejoint par Charlie Squire, seule invitée vocale de l’album, avant un final éblouissant où chœurs éthérés, guitare acoustique et sons de cloches se mêlent et s’entrecroisent pour une émotion pure!!!!!Le reste de sa prestation est élégante et élancée (Land of the Dark, Skies and Oceans) mais  il sait aussi se faire malicieux, tel un lutin dans une forêt enchantée, pour épouser les ritournelles joviales des mélodies qui l’accompagnent. Enfin le batteur n’est pas non plus un manchot puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de Mike Terrana (ex 234 groupes et ex 672 projets annexes !). Autant dire qu’il assure mais il s’est tout de même autorisé un solo nébuleux de batterie en plein cœur de Sevdah Metal Rhapsody qui aurait pu être évité !!

Bref Avant-gardiste et contrasté, Emir Hot parvient avec ce Sevdah Metal à renouveler le métal néo classique avec maestria. Je souhaite vraiment la plus grande audience à ce disque car je sais que tout amateur éclairé et ouvert d’esprit y trouvera son compte. Personnellement, je m’incline et applaudis de mes deux tétons !

0 Comments 07 mai 2008
Whysy

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