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On n’osait à peine y croire… Renaud Hantson, boulimique de travail menant de front 3 carrières musicales parallèles en plus des 2 livres récemment publiés, a donc relevé le défi de terminer la trilogie des addictions en sortant ce nouvel album concept ayant la difficile tache de succéder à 2 chefs d’oeuvres, « AddictionS » et « Psychiatric ». Toujours réalisé avec le même line up de dingue et avec la participation précieuse du Dr Laurent Karila, Sex Opera relève donc largement le défi, en proposant ni plus ni moins que l’album de référence de Satan Jokers, 31 ans après ses débuts…N’y allant pas par quatre chemins, « Sex Opera » est un chef d’oeuvre. Un album conceptuel totalement abouti qui intègrera instantanément le panthéon des meilleurs albums du genre dans la catégorie hard rock/metal (à coté d’Operation Mindcrime, Metropolis Part 2, Crimson Idol, et quelques autres…). Tous les ingrédients du style sont en effet réunis : pistes narratives mettant dans l’ambiance (notons l’excellente participation de Brigitte Lahaie), personnages idéalement incarnés par des invités de talent (voir l’interview de Renaud Hanson pour les détails), et surtout une homogénéité totale sur l’ensemble du disque. Car oui, l’exploit de cet album, en dehors du simple fait d’arriver si tôt après les 2 précédents, est de représenter magnifiquement bien tout ce qu’a été Satan Jokers depuis ses débuts. Pour la première fois, en effet, le style du groupe développé depuis son retour en 2009 fusionne littéralement avec le style initial des 3 premiers albums des 80’s. Autant « Psychiatric », par son coté hyper technique, pouvait avoir cet aspect très hermétique, autant « Sex Opera » renoue avec un coté très accessible et immédiat, avec des refrains extrêmement radiophoniques (« Sexaholic », « Promis »). La boucle est d’ailleurs bouclée avec le titre « Exhibition » qui reprend des vieux titres des premiers albums au sein même des paroles de la chanson. De plus le côté opératique n’a jamais été aussi présent qu’ici, avec comme point d’orgue un formidable trio sur « Royaume Décadence ». Enfin, Satan Jokers restant Satan Jokers, nous pouvons retrouver ici toute la qualité de composition des albums précédents avec des refrains extraordinaires et des morceaux qui ne quitteront plus votre esprit pour les quelques années à venir (« Club 6 Sex 6 », « Préliminaires à l’infini » et surtout « MILFS » avec son intro de très grande classe et son refrain brillant…). Mélangeant ambiance infiniment sombre et moments beaucoup plus légers, « Sex Opera » tape juste sans se répéter ni jamais décevoir. Marquant profondément l’auditeur par son thème grave et parfois littéralement désespérant, Satan Jokers a largement atteint son objectif.Tous les ingrédients qui ont fait la qualité de « AddictionS » et « Psychiatric » sont donc toujours là (y compris au niveau de la production, impeccable), et je dois avouer que c’est la première fois depuis que je critique des albums hard rock/metal (soit depuis presque 20 ans) que je me retrouve devant une réelle difficulté à trouver des arguments sans me répéter avec ma chronique de l’album précédent. Satan Jokers est aujourd’hui à un niveau qualitatif effarant. Savoir maintenir ce niveau sur 3 albums consécutifs relève du miracle. Hors, la liste des superlatifs n’étant pas infinie, je ne saurai mieux exprimer mon opinion qu’en vous disant : les deux albums précédents étaient des chef d’oeuvre, « Sex Opera » est un nouveau chef d’oeuvre… mais en mieux !Quelques lignes également concernant le DVD inclus avec l’album, véritable documentaire sur l’intégralité de l’histoire du groupe de ses débuts à nos jours. Formidablement complet et richement illustré par des photos d’époques et nombres d’interviews passionnants, ce « rockumentaire » constitue bien plus qu’un DVD bonus, et aurait même largement mérité une sortie autonome en marge du disque, tellement il constitue un fantasme pour tout fan des débuts du groupe qui n’aurait pas connu cette époque révolue. Il constitue d’ailleurs une première pour un groupe de hard rock français de cette époque, mouvement autour duquel il est par ailleurs assez difficile de trouver des anecdotes… Et vous saurez donc tout sur le groupe, avec une grande sincérité de la part de tous les intervenants (y compris Pierre Guiraud, le premier chanteur de la formation, qu’on est ravi d’entendre, même si ce dernier n’a pas voulu apparaitre physiquement dans le film), tant dans les bons moments que dans les mauvais, ce qui pourra d’ailleurs largement démystifier l’image qu’on peut garder des 80’s. Par exemple, le festival de Choisy le roi de 1985, qui reste un fantasme pour tous ceux qui ne l’ont pas vécu, de part son affiche hallucinante (il y avait TOUS les meilleurs groupes français de l’époque…) est évoqué avec un ton amère, ce dernier ayant provoqué par son échec toute la fin d’un mouvement qui avait percé si rapidement quelques années plus tôt.Indispensable pour tout fan de Satan Jokers, ce documentaire doit également être vu par tous les fans de hard rock en général, ce dernier représentant un témoignage absolument unique d’un mouvement qui aura marqué l’histoire du hard rock dans notre pays…Pour conclure, et plus de 30 après ses débuts, on peut dire que Satan Jokers vit véritablement son âge d’or maintenant et propose donc son meilleur album : le plus abouti, et paradoxalement le plus accessible malgré son thème toujours très sombre. En cela, « Sex Opera » constitue un parfait chant du cygne, comme le voulait depuis le départ Renaud Hantson. Cependant, et puisque nous parlons d’addictions depuis 3 albums, j’aurai évidemment un sujet à développer avec le Dr Karila, spécialiste du sujet : quand on se retrouve totalement addict à ce que nous propose Satan Jokers depuis 3 disques, comment imaginer l’arrêt du groupe au top de sa force créatrice ??? Allez, rien que pour ça, on souhaite une suite à cette formidable dream team pour un album de plus (ou deux, ou trois…).

0 Comments 02 décembre 2014
Whysy

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