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Les habitués du site auront très bien compris que derrière ces neuf lettres se cache le secret de mon bonheur musical. La rencontre avec nos Finlandais par le biais d’Heavylaw même a pour moi été la révélation et le début d’une grande histoire d’amour passionnée avec la musique. Insomnium est la crème du death mélodique et même si des légions envahissent l’univers métallique, il est rare qu’un seul rivalise tant la profondeur musicale et la beauté dégagée sont divines. Le groupe s’épanche dans un registre violent et teinté de mélancolie, les albums qui se sont succédé se sont enrichis au fur et à mesure. Récemment, l’orientation a infléchi dans un style plus fin et au lieu de délivrer un death mélodique progressif singulier, les musiciens se sont attachés à envelopper les chansons dans une ambiance calfeutrée et parfaitement maitrisée. Si l’odyssée démarrait il y a douze ans déjà avec In The Halls Of Awaiting dévoilant une certaine réceptivité pour l’aspect mélodique, le combo parvenait d’ores et déjà à entériner sa marque de fabrique. Plus tard, les Finlandais ont réussi à captiver avec Above The Weeping World parce que l’intensité, la sensibilité et la violence ont pu se chevaucher et atteindre les émotions avec aisance et subtilité. C’est avec Across The Dark qu’on pouvait enfin accueillir une progression musicale plus intimiste et dont le songwritting s’est volontairement dirigé sur un style plus personnel et recherché sans pour autant omettre la qualité d’un registre extrême.  Trêve de bavardage, il est temps de se plonger au cœur de ce nouvel opus qui a fait mon émoi pendant plusieurs jours. J’ai pu écouter et me délecter de chaque titre avec l’oreille attentive et l’esprit critique d’un fan qui n’a certainement pas envie de voir son groupe préféré se laisser aller dans la facilité. Que les choses soient dites avant qu’on commence à discréditer mes observations, ce n’est pas parce que j’adore Insomnium que je suis prêt à tout accepter, bien au contraire ! Si le moindre dérapage fait surface, je serais d’autant plus déçu et donc plus virulent…  Shadows Of The Dying Sun ne brille pas spécialement par son titre, effectivement on pourrait faire un vague rapprochement avec la chanson « Through The Shadows » (One For Sorrow) et ça casse un peu l’effet claquant qu’on pouvait avec des noms d’albums plus recherchés début années 2000. Ceci étant, on découvre une structure déjà utilisée par le passé et qui fonctionne encore. À savoir, une semi-intro quasi instrumentale construite autour d’un riff belliqueux qui prend de l’ampleur avec l’ajout progressif des instruments et une mélodie d’anthologie qui renforce l’ossature du morceau. « The Primeval Dark » aura le bienfait de lancer l’album sur les rails de la folie destructrice tout comme « Equivalence » ou « Inertia » et « The Gale » avaient pu le faire quelques années auparavant. En effet, avec cette première mise en bouche, la montée des émotions s’accentue avec un jeu de guitare et s’imprègne d’une douce fureur. La maitrise contenue donne envie de dépasser ces limites imposées et déjà à la fin du morceau on a envie de dévorer le reste qui va suivre.  Vous l’aurez compris, l’identité des Finlandais est avant tout basée sur un travail de composition intelligente qui tente de susciter les émotions avant de placarder une façade musicale violente. Les mélodies sont empreintes de feeling et qu’elles soient incrustées dans un cadre morose ou endiablé, la lecture musicale tire toujours son épingle grâce à cette versatilité et cette richesse propre à la musicalité d’Insomnium. Évidemment, la mélancolie est aussi une source d’inspiration et elle intègre la structure par le biais de ponts instrumentaux plus ésotériques et/ou par un riff plus nostalgique ornementant ce tissu magnifiquement brodé par nos musiciens. Niilo Sevänen délivre son chant type growl et reprend les chuchotements de manière intensive afin de créer ce sentiment à la fois inquiétant et angoissant. Les clean vocals qui sont apparues depuis Across The Dark semblent être une constante que les compositeurs veulent conserver et dès « While We Sleep », on peut entendre des chants clairs de Ville Friman (Guitare) et Teemu Aalto (Ingénieur du son) qui gonflent la bulle émotionnelle avec une abondance non négligeable.  Shadows Of The Dying Sun s’illustre par ses variations, et ici plus que jamais, nous pouvons aborder des titres qui reflètent différents horizons. Par exemple, « Black Heart Rebellion » mettra tout en œuvre pour pousser le paroxysme à son apogée en faisant couler une rivière de brutalité avec la mise en place des rythmiques syncopées entrecoupées de blast beats, des chants hautement dosés en fureur, un pont instrumental colossal et un arrangement typé black métal. A l’inverse, on découvrira un contraste avec « The Promethean Song » ou « Lose To Night » plus vertigineux puisque ces chansons restent plus « posées » et dépeignent davantage la tristesse que la frénésie. Le savoir-faire des Nordiques est établi avec une évolution constante et les parties mélodiques toujours mises en avant ne font pas défaut. En outre, la première couche musicale plante le décor, nous pouvons ainsi dire sans nous tromper que Shadows Of The Dying Sun ne manque pas d’inventivité et repose sur des ambiances soignées et avec « The River » on aura la démonstration progressive en bonne et due forme. Le morceau compile les breaks, la délicatesse d’une guitare sèche, la sensibilité d’un piano, puis on passe sur l’âpreté d’un reverb à la guitare, la folie d’un death grunt le tout accompagné d’une ligne directrice formidable.  Insomnium nous avait habitué à développer des albums sans concession, ici nous aurons le droit à un ballotement constant entre des ambiances différentes ou simplement nuancées. Celles que l’ont pense a priori colorées peuvent tout d’un coup basculer dans les profondeurs des ténèbres. Plus subtilement, « Ephemeral » affiche un côté pêchu et entrainant, sauf que cette configuration tombe immédiatement lorsqu’on s’intéresse de plus près aux paroles. On comprend rapidement que le groupe traite de la fatalité et réduit tout à l’échelle de l’infinitésimal… Le chef d’œuvre « Shadows Of The Dying Sun » conclut l’album avec un côté épique, une apparence veloutée étendue avec une puissance et une envergure démesurée, sans parler du refrain efficace et entêtant. Comment bouder cette pépite de perfection enrobée dans de la magnificence ? Insomnium fait naitre ici un tout autre style : la musique majestueuse. Les guitaristes déploient un arsenal orgasmique de notes qui ne font que forcer l’adhésion. Markus Vanhala (qui est aussi dans les rangs d’Omnium Gatherum) prend la place de l’ancien guitariste Ville Vanni sans faire trébucher la formation et l’aide à prolonger sa carrière avec le talent de Ville Friman sous les meilleurs auspices. Markus Hirvonen donne l’énergie nécessaire dans la rythmique afin de décupler les passages musicaux et leur confère une profondeur et un relief ostentatoire.  Shadows Of The Dying Sun est une suite logique de One For Sorrow, tous deux héritiers d’Across The Dark. Cet opus délivre une intensité palpable, un feeling révoltant et assoit la musique d’Insomnium une fois de plus sur la suprématie. Il y a un réel décalage entre les créations des Finlandais et ce qui peuple les sphères métalliques. Nos musiciens ont toujours su mettre l’accent sur ce qui fait que la musique devient magique et nous transporte. Le registre ne sert que d’amplificateur et lorsqu’on découvre ce dernier opus, on ne peut que se rendre à l’évidence : les musiciens sont de véritables génies et la conjugaison de leurs talents (tant au niveau de la compostion que de la recherche mélodique) n’est pas prêt de décevoir. Hissés au rang de maîtres incontestés, les death métalleux de Joensuu nous ont fait l’offrande d’un album à la hauteur des espérances et nous font monter le sourire jusqu’aux oreilles tant le plaisir est intense. Ceci étant pouvons nous toujours parler de death mélodique progressif… Je ne pense pas. Nous sommes passé au-delà d’un style établi et emprisonné par des codes définis.

0 Comments 31 mars 2014
Whysy

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