Depuis quelques années le Power/Progressif Metal s'impose doucement comme mon style de prédilection parmi le large spectre du Heavy Metal. La montée en puissance de ce style est très récente, avec l'émergence depuis le début des années 2000 de combos comme Anubis Gate, Wuthering Heights, Manticora ou plus récemment, des suédois de Moonlight Agony !!!

La découverte de cette brochette de joyeux barbares nordiques est pour moi très récente. Je n'ai fait la découverte de leur premier disque, pourtant sorti en 2004, qu'il y a quelques mois et autant vous dire que je fus immédiatement séduit. «Echoes Of A Nightmare» avait largement su séduire son public au moment de sa sortie, et même Heavylaw pourtant réputé implacable avec les jeunes talents s'était entiché de cette jeune formation pleine d'avenir. Je ne peux qu'abonder dans ce sens, en rendant à César ce qui lui appartient : «Echoes Of A Nightmare» a réellement placé la barre très haut, et il sera très dur pour les suédois de réitérer leur performance...

Au niveau promotionnel on sent que le groupe a franchi un palier, la signature chez Dockyard 1 lui assure une production en béton armé et une très large diffusion. Moonlight Agony peut également s'appuyer sur la solide réputation forgée depuis 2004 avec le premier album et les multiples concerts réalisés depuis. Malheureusement le line-up n'a pu être reconduit en l'état, le charismatique vocaliste du premier disque Chitral Somapala quitte le navire remplacé par David Akesson. Ce dernier ayant d'ores et déjà sur les épaules une lourde responsabilité.

La première chose qui frappe avec «Silent Waters» c'est la touche progressive bien plus mise en avant que sur le précédent essai. Les structures se font plus complexes, les riffs également, et les mélodies enchanteresses sous formes de refrains épiques ou de ponts atmosphériques, se font de plus en plus rares. Mais qui dit rare ne veut pas forcément dire absente, et la patte Moonlight Agony est toujours présente là où on ne l'attend pas. La verve épique est bien sûr au rendez-vous, avec des refrains puissants et beaucoup plus agressifs que sur «Echoes Of A Nightmare», la faute peut-être à un chanteur au registre bien plus direct, et power que son prédécesseur... au fil du disque on sent le spectre de Moonlight Agony se déplacer du speed vers le power !

De fait «Silent Waters» est un disque difficile à aborder, tout dans cet opus intrigue l'auditeur : de la pochette, aux ambiances, en passant par ces structures qui ne se laissent jamais apprivoiser ! Il faut multiplier les écoutes, pour parvenir à retrouver l'efficacité et le charme des suédois, peut-être trop d'ailleurs pour que ce deuxième disque soit une totale réussite. En effet quand il s'agit de profiter d'un titre accrocheur, ou d'un refrain imparable, le fan de Power risque d'être déçu par «Silent Waters» au point d'abandonner très vite.

Pour ma part, «Leaving Solitude», «Through The Desert Storm» et «Different Stories» m'ont immédiatement accroché. Le reste de l'album ne s'est révélé que progressivement, par l'intermédiaire d'un bridge aérien, d'un solo discret, d'un riff surprenant... voire même d'une ligne de chant dont je n'avais pas saisi auparavant toute la teneur ! Mais tout vient à point à qui sait attendre, et des titres comme «Bloodred Sails» ou «Solemn Waters» ne me sont apparus qu'après de nombreuses écoutes. Je garderai ma mention spéciale pour la courte mais intense «Room 101» évoquant la situation d'un malade en asile psychiatrique... et bien sûr la magnifique power ballade «I'm Alive» !

Après des semaines d'écoutes et de réflexion je ne serais pas honnête en disant que les musiciens de Moonlight Agony m'ont déçu. Ils ne se sont tout simplement pas trouvés là où je les attendais, et c'est bien le propre des groupes de talent ! Le nouveau chanteur s'intègre parfaitement et «Silent Waters» est un disque que je me lasse pas d'écouter et de réécouter, dans l'espoir d'y retrouver sans cesse de nouvelles idées. Il va sans dire que je vous conseille très chaudement cet album, même si de nombreux fans de la première heure risquent d'être quelque peu déboussolés.

SMAUG...