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L’emprise des grandes maisons de disques se fait parfois trop grande, car s’exerçant à contre-courant de toute créativité artistique spontanée dont l’identité musicale reste pourtant dépendante. Ce monde, Marillion l’a côtoyé mais n’est jamais parvenu à rentrer dans le moule. Depuis maintenant quelques albums, les anglais, reconnus comme parmi les fondateurs du rock néo prog, gèrent tous les rouages de la production.  Le dernier album du groupe fut l’excellent Marbles. Erigé désormais au niveau des monuments du prog, cet album avait marqué les esprits. Le groupe donnait alors à son rock mélancolique une de ses plus belles expressions. Dur de succéder à un monument. Somewhere Else va pourtant tenter de répondre aux attentes d’une mosaïque de fans venus aussi bien du pop rock que du heavy métal.  Ce nouvel album est poussé dans sa réflexion. Il mêle une volonté de s’évader d’un monde qui assiste chaque jour à sa fin imminente et traduit paradoxalement un désir de prendre conscience de ce même monde. Les thèmes évoqués par le chanteur, Steve Hogarth sont soit très personnels comme sur Somewhere Else soit des sujets de sociétés comme sur Voice From The Past ou encore Last Century For Man.  Exprimés avec une mélancolie à fleur de peau, ces thèmes trouvent leur expression dans un cadre éthéré, où règnent la mélodie et l’harmonie. Pour cela il faut pas mal de reverb sur la stratocaster du guitariste Steve Rothery qui nous délivre des solos tout en feeling. Tout cela est renforcé par les discrètes nappes émanant du clavier de Mark Kelly ou les notes de piano jouées par Hogarth lui-même. Le bassiste, Pete Trewavas impose quant à lui un jeu très dominant et développe une rythmique élaborée, rivalisant en subtilités avec le batteur Ian Mosley. Les morceaux sont plus ou moins divisibles en deux catégories: les morceaux sonnant plus pop et étant plus courts comme See It Like a Baby, Most Toys ou encore The Other Half où le chanteur donnera à l’ensemble une teinte U2 ; et les plus développés et prog, si l’on peut dire, par les structures comme Somewhere Else, Voice From The Past, Last Century For Man ou Wound.  L’ensemble est quoiqu’il en soit bon mais assez inégal puisque les morceaux sympas côtoient les chefs d’œuvres que sont pour moi les titres les plus longs. Steve Hogarth et ses textes sont à tout moment pertinents et troublants mais son interprétation arrive à son sommet avec un Last Century For Man aux allures de scènes eschatologiques (fin du monde) grâce à ses orchestrations. Les textes n’ont jamais été aussi troublants qu’avec celle-ci ou Voice From The Past, évoquant la misère de l’Afrique, et Somewhere Else directement inspirée du divorce du chanteur. C’est donc avec une indéfectible sensibilité dans son expression vocale comme gestuelle (en concert) que le chanteur pousse les compositions au summum de leur intensité.  Celui qui pratique l’immersion Somewhere Else ne manquera pas d’être interpelé par tout ça, autant par la musique que par la teneur des paroles tout bonnement merveilleuse. L’album est cependant assez inégal et c’est avec sévérité que je lui mets un 7. Envie de mélodies mélancoliques pures, dénudées, cet album pourrait bien vous plaire.   Dreamer

0 Comments 28 mai 2007
Whysy

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