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Croyez-vous aux miracles, amis lecteurs ?  Il y a moins d’un an, Paul Stanley déclarait très explicitement à qui voulait l’entendre que plus jamais il n’y aurait de nouvel album de Kiss, que Psycho Circus demeurerait très certainement leur tout dernier, et que de toute façon, les gens n’étaient intéressés que par les vieux classiques issus de l’âge d’or du groupe (1974 – 1977) et rien d’autre.  Or, voici que le 6 octobre 2009 se pointe un nouveau recueil arborant fièrement la marque enflammée du Baiser new-yorkais. On croit rêver ?! Mais non, c’est bien vrai : The Hottest Band in the World is back. Et décidément… ce retour a tout d’un miracle.   Après s’être reformés et avoir sorti le décrié Psycho Circus en 1998, Kiss a enchaîné les tournées sans répit, fier de pouvoir clamer au monde que la magie était revenue, et que l’infernal quatuor était aussi soudé que 25 ans auparavant. Seulement, cela n’était pas tout à fait vrai, et Ace Frehley et Peter Criss, guitariste et batteur d’origine de la formation, finirent une fois de plus par mettre les voiles en 2001 et 2003. Soucieux de toujours raviver l’alchimie kissienne, (et pas seulement à grand coups de marketing), Gene et Paul se décidèrent alors à enrôler leurs vieux amis Eric Singer (batteur sur la période 1992 -1996), et Tommy Thayer (qui avait déjà co-écrit certains titres de Kiss dans les nineties, et travaillé sur la box set sortie en 2001 qui retraçait l’histoire du groupe à coups d’inédits et de belles anecdotes) pour remplacer les membres défectueux. Et pour ne pas déboussoler les fans, et au mépris de l’aspect irrespectueux de la démarche, les deux nouveaux enfilèrent sans complexe costumes et identités visuelles de leurs aînés.  Cependant, au fil des tournées, Eric et Tommy devinrent bien plus que des exécutants, et c’est alors que l’impensable se produisit : le groupe retrouva une réelle unité, une force, un enthousiasme, une pêche qu’il n’avait plus ressenti depuis des années. Et Paul Stanley commença enfin à considérer sérieusement la réclamation que formulaient les fans depuis maintenant 11 ans : sortir un nouvel album.  D’accord pour un nouveau Kiss, mais afin d’éviter à coup sûr de retomber dans les travers du passé, les conditions et techniques d’enregistrement seraient très strictes. Paul Stanley est très pointilleux à ce sujet : il sera l’unique producteur du disque, et il n’y aura aucun intervenant extérieur, ni dans l’écriture des chansons (ce qui n’était plus arrivé depuis Lick it up en 1983), ni dans les arrangements et l’exécution des titres (pas de chorale gigantesque ou de claviers envahissants). Le groupe se recentre sur lui-même, et Paul attend que chaque membre se donne à fond, comme autrefois. Entre deux dates, nos peinturlurés préférés se retrouvent donc comme en 1975, à écrire tous ensemble des mélodies dans une chambre d’hôtel avec un matériel des plus simples. Le son se devra d’être vintage, cette nouvelle livraison sera tout simplement Rock n’ roll ou ne sera pas !  Toutes les déclarations qui accompagnent ce mystérieux 23ème album studio semblent abonder dans ce sens : la pochette sera signée par Michael Doret, déjà responsable du cultissime artwork du non moins culte Rock and Roll Over (1976). Et le groupe déclare sans détour avoir signé là son meilleur album depuis 1977. « Pas de ballades, pas de morceaux lents, pas de remplissage ! » peut-on lire sur le site de Kiss quelques semaines avant la sortie de l’album. Allez, j’arrête de vous faire languir, et je rentre (enfin) dans le vif du sujet… Imaginez tout de même l’émotion des milliers de fans à travers le monde, mon émotion, à l’aube de découvrir ce nouveau chef d’œuvre de Hard Rock !!   Et le miracle, voyez-vous… C’est que tout cela était vrai, parfaitement vrai !! Cette tempête sonique respire la conviction et le plaisir d’exécution. Aucune once de compromission ne vient noircir le tableau ; et l’on oublie bien souvent l’âge des membres du groupe devant la qualité incroyable de leurs performances.  Première remarque qui remplit le fan de délices : le chant sera une nouvelle fois partagé en 4, comme à la grande époque. Tommy, dont les soli au charme Acien nous ravivent à chaque instant, fera donc ses débuts sur la sympathique « When Lightening Strikes », pas très éloignée du « TNT » d’AC/DC, et nous prouvera de sa voix grave et chaude qu’il mérite bien l’honneur qui lui est fait ! Quant à Eric, dont le jeu de batterie (avec les cloches très seventies sur « Hot and Cold » par exemple) se place à mi-chemin entre la finesse d’Eric Carr et le charme bluesy de Peter Criss, il pondra avec « All for the Glory » le titre le plus surprenant de l’album, et selon moi son meilleur. Ambiance épique à la « Black Diamond », voix feutrée et éraillée collant parfaitement à l’esprit du titre, et un refrain incroyable, d’une grande efficacité, et qui surprend par rapport au répertoire classique de Kiss…. Contrairement au reste du disque, qui comme promis, aurait parfaitement pu sortir entre Rock and Roll Over et Love Gun, soit en… 1977.  C’est surtout flagrant lorsque Gene Simmons prend le micro. Car si le cri final d’ « I’m an Animal » rappelle malheureusement l’âge du bonhomme (on est loin des déflagrations sonores jouissives de « Fits like a glove » ou « Unholy »), pour le reste, le démon s’en sort avec un sans-faute et nous laisse vraiment pantois. Sa basse, très créative, ronfle et gronde très avantageusement, et ses compositions ramènent tout droit aux grandes années. Gene longue-langue, qui n’avait plus était inspiré comme cela depuis plus de 10 ans, va même jusqu’à réutiliser les paroles et mélodies de démos inédites composées en 1976. Ainsi, « Hot and Cold » n’est autre qu’un remaniement habile et très pertinent d’une excellente démo de l’époque intitulée « Rotten to the core », que l’on peut encore trouver sur le net. Un titre définitivement rock, porté par un refrain évident et accrocheur en diable dans la plus pure tradition kissienne. « Yes, I Know (Nobody’s Perfect) » et « Russian Roulette », quant à elles, auraient parfaitement pu atterrir sur l’album solo de 1978, cette dernière proposant même une entame de refrain ramenant directement à la torride « Burning up with fever ». Quant à « I’m an Animal », il s’agit là d’un morceau plus lourd et menaçant, aux influences plus Metal, comme sur Revenge, par exemple. On retrouve là notre héros sur son terrain, comme sur l’ « Almost Human » de Love Gun, par exemple. Un groove sombre et accrocheur, avec des paroles aussi « in your face » qu’à l’accoutumée.  Le divin Paul Stanley, lui, choisit de balayer un spectre d’influence plus large, et contribue à faire de cet album une sorte de synthèse de l’esprit Kiss au sens large. On pioche aussi bien dans les influences purement seventies avec « Danger Us », morceau moins apprécié par l’ensemble des auditeurs, mais qui personnellement me ravit, avec son riff à la « God of Thunder » en accéléré, son clin d’œil à « Take me » et ses couplets à la « Deuce », que dans les souvenirs hard fm glamour de Crazy Nights, avec le final « Say yeah ! », que beaucoup comparent à Poison ou Springsteen. Un beau final en tout cas, avec un gimmick typique de l’époque sur le refrain, des plus faciles à retenir, et qui sonne comme un hymne paré d’une certaine nostalgie. Et même si son chant faiblit vaguement dans les hauteurs, c’est un bonheur de réentendre le fils des étoiles se lâcher avec une telle conviction sur tout l’opus. Le single « Modern Day Delilah », morceau solide mais auquel il manque je trouve un brin de passion, s’inscrit lui aussi dans ce charme 80’s prononcé.  Et comment faire l’impasse sur « Stand », morceau appelé à devenir culte, avec une très belle dualité Gene Simmons/Paul Stanley comme sur « Shout it out loud » et un refrain à hurler en chœur comme « God Gave rock n’ roll to you » ? Impossible de ne pas succomber à tant d’évidence et d’efficacité…   En bref, Kiss se fend là d’un album sans surprises (c’est aussi là que le bât blesse parfois, l’œuvre étant beaucoup moins colorée et ambitieuse que ne l’étaient « Destroyer » ou « Psycho Circus », aux arrangements plus léchés), mais trouve le moyen de satisfaire les fans sans trahir d’un pouce sa mythique identité. Les « Beatles du Hard Rock » nous embarquent pour un voyage vintage aux couleurs seventies, et il serait bien dommage de passer à côté. Nostalgiques ou adorateurs de Rock and Roll Over, vous n'auriez absolument aucune excuse !! Je pensais mettre 7/10, mais non… Cet album, divertissement tout public hautement recommandable, est trop frais, trop réconfortant, trop bon. Alors, lâchons le 8/10, et espérons simplement qu’il ne s’agisse pas là d’un adieu.   Gounou "kissmaniac" man

0 Comments 16 octobre 2009
Whysy

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