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Sur cette terre sempiternellement désolée, la pluie s’abat, comme chaque jour, depuis si longtemps… C’est une bruine, sale et sombre, qui refroidit tout, les coeurs comme les corps… Ce lieu est désert, empreint d’une noire solitude… Et la nuit tombe ; depuis combien de temps n’est plus apparu le soleil ? Tout est vide, triste… Les rares passants ne s’attardent pas en ce lieu si morne et repoussant…Tous sont autant de fantômes, irréelles silhouettes, émanations improbables à l’image de leur décor de désespoir.

Soudain, une corne, comme un appel, résonne… Et lui répond le plus effrayant des cris, à vous glacer le sang, une lente supplique sortant de la gorge décharnée d’un être ne sachant plus comment donner corps à l’ampleur de sa peine… Ainsi se compose « Lost », horrifique introduction de ce dépressif mais magnifique album.


Uaral est un groupe de doom Metal folklorique qui nous vient tout droit du Chili. Plutôt original non ? Et ce « Sounds of pain », faisant suite à l’EP « Laments », constitue son premier album. Formé en 1996, ce mystérieux duo tente de faire de ses mélodies de lentes descentes vers des abysses de souffrance et de mélancolie. Cet album, longue lamentation, correspond donc tout à fait à son titre.

Mais ne vous attendez pas à quelque chose de trop extrême pour autant !! Bien sûr, Caudal, le chanteur, pousse vraiment très loin le concept (allant jusqu’à pleurer tout au long de la dernière piste, la très déplaisante « Uaral », immonde), mais les mélodies sont parfois d’une douceur enchanteresse et des plus reposantes, magnifiques comme l’on en entend bien rarement. La production de l’album est excellente, l’acoustique dégage beaucoup de chaleur et d’émotion, de même que le piano, dont le son cristallin vous emportera comme dans un rêve.
C’est Aciago, compositeur de talent et incroyable multi instrumentiste qui s’en charge avec brio, comme de tout le reste des instruments.

Oui, cet album est bien plus acoustique qu’électrique. Les magnifiques « Surrendered to the decadence » et « Niche », par exemple, ne sont quasiment composées que de guitare acoustique et de flûte. Pour cette dernière, on pourrait parfois penser à un air traditionnel sud américain. Avec ces quelques notes et cette ambiance épurée, on se retrouve aussitôt transporté au fin fond de la Cordillère des Andes, avec un panorama des plus grandioses s’offrant à vos yeux ébahis, s’étendant à perte de vue…

Les claviers sont rarement présents dans l’album mais sont également du meilleur effet. Sur la fin de « Niche », le clavier couplé à la batterie et à la guitare permet une remontée du tempo salutaire et offre un final agréable et léger qui coupe bien avec la lenteur de l’ensemble. Sur « Eternal beauty of trees » et « Depression », il crée des envolées d’une splendeur telle qu’on les croirait issus du « A sombre dance » d’Estatic Fear. « Depression » est d’ailleurs probablement le meilleur morceau de l’opus. Cette introduction pianisée suivie par cette montée électrique est de toute beauté et vous file le grand frisson. Impossible d’y rester insensible. Même si la seconde partie du morceau est vraiment étrange, avec cette guitare acoustique surplombée par ses grognements des plus gutturaux, le rendu reste très bon. On aurait quand même espéré une conclusion différente que cette suite malsaine et pesante de raclements de gorges.  


Les guitares électriques et percussions ne viennent donc que rarement troubler la sombre quiétude de cette œuvre, mais lorsqu’elles interviennent, les moments d’intensité et la force de l’expression des sentiments s’en trouve décuplées. Comme sur la superbe « Sounds of pain » qui se digère comme un rien malgré ses vingt minutes. Et pourtant je n’aime pas les titres aussi longs. Mais là, le morceau se divise en plusieurs parties et passe ainsi très bien ! Il possède d’ailleurs un final des plus touchants ! Sanglot lugubre du piano, retour de la puissance de l’électrique…Quel bonheur d’écoute !


Pour conclure cette trop longue chronique, je vais vous parler du dilemme qui fut le mien pour traiter cet album ; comment noter une telle œuvre ? Le chant en étant clairement le point faible. Clair, il peut aussi bien agacer que séduire. Mais il lui arrive d’être aussi bien black (en général, cela rend pas mal) que death (ce qui ne convient pas vraiment aux ambiances folkloriques de l’opus). Cet élément ainsi que la piste conclusive seront responsables des points retirés à cet opus.


En fait, c’est simple : abordez cet opus comme un album conventionnel qui se digère en une seule fois, et vous trouverez, comme moi à la première écoute, que voilà une horrible daube qui ne vaut même pas 5 centimes. Si vous restez de marbre face au concept, peut-être n’aimerez vous pas cet opus non plus. Mais si vous parvenez à découvrir le portail de ce magnifique jardin, vous y vivrez des émotions d’une intensité rare. Un album des plus touchants, des plus sincères, des plus troublants, des plus originaux et des plus émotifs que j’ai jamais entendu, ça c’est certain. Alors 2/10, 5/10, 10/10 ?? A vous de voir, mais ne ratez pas cette incroyable expérience.


Gounouman

0 Comments 04 janvier 2007
Whysy

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