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Connue sur Heavylaw pour être une Barbie hurleuse, la chanteuse d'Huntress, blonde à forte poitrine, est objet de polémique. Les commentaires sur Internet que l'on peut trouver de ça et de là parlent beaucoup d'une chose : le physique de la demoiselle. Anorexique pour les uns, seins trop proéminents pour les autres, Jill semble savoir jouer de ses atouts, dans un but de conquérir le mâle pas très regardant, à en croire ragots, racontars et rumeurs. Tout le monde sait à quel point les hommes sont fragiles lorsque la féminité s'expose à sa vue. C'est donc par prudence que votre webzine préféré a confié la chronique de «Spell Eater» à une représentante de la gente féminine.

(/mode féministe OFF)

Plaisanterie à part, la formation a été remarquée très vite et ce après seulement une demo, «Off With Her Head». Et surtout, par Napalm Records, qui voit ici : soit un coup marketing, soit réellement un groupe talentueux, possédant des atouts autres que le physique de la belle blonde qui pose sur les photos promos. Barbie deviendra peut-être Cendrillon, le heavy metal étant chaussure à son pied. Ou peut-être pas. Enfin bref, les phénomènes Hydrogyn ou Genitorturers, de la même nationalité qu'Huntress, ont peut-être fait des vagues.

Pire encore, on flaire également l'opportunisme. Bien qu'apparemment, le mode de vie de Janus soit inspiré par le paganisme, le quintet vient également se poser sur la vague très à la mode de l'occultisme, un thème que l'on retrouve dans les paroles, les photos promo, ou encore la pochette, avec la sorcière. Un peu comme Christian Mistress, The Devil's Blood ou Jex Thoth, en fait. Donc scepticisme, quand tu nous tiens …

Parlons à présent musique, et là, c'est bien le bon vieux heavy qui nous est présenté. Entendez par ici que l'originalité, on pourrait presque s'asseoir dessus. Presque, car en fait, à cette base, on retrouve aussi des éléments inspirés du black, du thrash ou du power, pour un cocktail puissant, un peu comme une dynamite. La musique d'Huntress est énergique, inspirée, certes assez par ses influences (coucou King Diamond), mais elle n'octroie que très peu de répit. C'est carré et puissant, et, en fait, c'est qu'on passe un très bon moment. La formation sait jouer, ça se sent, et bien, même. Rien que «Spell Eater», le morceau éponyme, donne le ton : du pur heavy old-school, mais qui ne puera pas le revival. Même si c'est vrai que la production, volontairement un peu datée, renforce encore davantage cet aspect-là. Mais ce déluge de puissance annonce aussi un léger défaut : un petit manque de renouvellement de temps en temps. Rien qui ne fera perdre en saveur à l'ensemble, en tout cas.

Oui, car plus besoin de faire vraiment durer le suspense. Huntress n'est pas qu'un coup marketing, mais peut également se placer dans les groupes talentueux, prometteurs pour l'avenir du genre. On sent la hargne, la volonté de vouloir se placer très haut sur une scène dominée par les voix masculines, et qui, pour certains, est en déclin. Et là où le groupe frappe fort c'est avec sa chanteuse, la plantureuse Jill Janus. Objet de la critique, on ne peut nier une chose : cette femme est talentueuse. Vraiment, elle sait chanter. Mais à sa manière. Elle ne fera pas de cadeaux à ceux qui n'aiment pas son style, c'est à dire dans l'excès très souvent, et avec énormément de hargne. Là où les femmes sont parfois considérées comme des poids par leur voix dans ce milieu, elle est, à l'instar d'une Veronica Freeman (Benedictum) ou d'une Feredica De Boni (White Skull), ce genre de chanteuse couillue qui mordent plus fort qu'un homme. Même si dans le cas de Jill, il est facile de distinguer le sexe féminin derrière le micro. Et en plus, à ce panel de voix sur-aiguë à la King Diamond (une influence encore une fois très évidente dans l'utilisation du chant), vous retrouverez des voix extrêmes, soit dit en passant, maîtrisées elle aussi. Comme si Doro se mettait à un chant black / thrash avec du succès.

Et puis, avec Huntress, on joue beaucoup dans l'efficacité. La rythmique prenante et fougueuse fusionne très généralement avec une atmosphère sombre et intrigante, et ce mixage entre les thématiques occultes (paroles de «Spell Eater» ou «Aradia») et une musique résolument heavy fonctionne bien. En plus d'avoir quelque chose qui cogne, ce nuage noir menaçant ne nous quitte jamais, le tout avec Jill et ses cris stridents de banshee, qu'on aime ou pas, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle aime ça.
On ne boudera pas la puissance déployée sur «Night Rape», «Terror» ou «Spell Eater», la complainte de «The Tower» ou le refrain de «Senicide». La chanteuse porte tout cela vers les sommets, du moment que vous accrochez à sa voix.

Mais il est vrai que deux morceaux en dessous du lot viendront un peu gâcher tout cela. Enfin, non, le mot est trop fort pour un résultat très convaincant. Mais ces deux titres, là, ne sont pas géniaux. «Eight of Swords» est poussive, et la rythmique plutôt pauvre. Elle est presque ennuyeuse, même si l'écriture des paroles est plutôt intelligente. «Aradia», la mid-tempo, souffre de ce statut. Face à toute la vélocité, elle aurait pu être la pause de l'album, mais se révèle un peu trop sage, ce qui n'arrange pas vraiment nos affaires. On aurait aimé que les instruments suivent la folie de Jill Janus lorsqu'elle se permet quelques expérimentations vocales.

En tout cas, pour les amateurs du genre, Huntress est une bonne surprise, et loin d'être uniquement une formation à chanteuse de plus. «Spell Eater» est un très bon début, qui prouve que ces américains peuvent aller très loin si le potentiel se concrétise encore. Quelques légères erreurs de temps à autre mais tout cela face à un ensemble vraiment solide. Et puis, si le King danois repart en tournée, un jour ou l'autre, si sa santé lui permet de le faire, la première partie semble déjà trouvée …

0 Comments 11 juin 2012
Whysy

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