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Après une longue absence (huit années se sont écoulées depuis la sortie de Dawn Of The New Sun !), les lyonnais de Blackness reviennent sur le devant de la scène avec Stimulation For The Beast qui se veut dans la même veine thrash que les deux précédents opus de la formation.

Ce nouveau disque démarre sur les chapeaux de roue : « The Battle Rages On » annonce d’entrée de jeu la couleur en alignant riffs aiguisés et chant féroce. La batterie martèle dur. L’auditeur est tout de suite plongé dans l’ambiance. Il n’y a pas d’erreur possible, les français sont enragés et prêts à en découdre. Gare à celui qui s’approchera de trop près !

Ce qu’il y a de plus flagrant dans Stimulation For The Beast , c’est la robustesse qui en émane et qui est due, en grande partie, à la puissance vocale du chanteur. Ce dernier use et abuse (dans le bon sens du terme, si tant qu’il y en ait un) de son timbre particulier tout au long des titres. Sa voix, pas souvent hurlée (à de rares exceptions près comme dans le refrain de « The Battle Rages On ») mais extrêmement rauque, un peu poisseuse par endroits, habille l’album d’un voile épais (« Perfect Hatred »), et lui donne une dimension supplémentaire, une violence relative qui lui aurait manqué autrement. La production a toutefois tendance à la mettre trop en avant, si bien que les instruments sont parfois noyés dans les lignes vocales. Au final, l’album perd en lisibilité, rien de dramatique mais suffisamment pour être souligné.

En effet, il faut plusieurs écoutes pour arriver à bien tout saisir de la musique des lyonnais. Un simple écoute distraite de l’album ne suffit pas. Il faut s’y plonger pour le comprendre. Par ailleurs, Stimulation For The Beast arrive à se perdre en longueur. Cela vient sans doute du fait que le rythme reste soutenu tout au long de l’écoute qui, en conséquence, s’homogénéise trop. Si on ne fait pas attention, on se retrouve perdu. Heureusement,  au moment où on commence à vraiment lâcher le fil, Blackness arrive à donner un coup de barre pour redresser le navire. C’est, notamment, la grande qualité de l’inattendue et surprenante reprise d’Ozzy Osbourne « Bark At The Moon » qui parvient à remotiver les foules (et qu’on se met à fredonner toute la journée) parce que les lyonnais réussissent à « dépoussiérer » agréablement ce classique en lui insufflant un petit vent de metal extrême bienvenu. Il est cependant dommage d’avoir recours à ces rappels à l’ordre. Avec un genre tel que celui dans lequel officie Blackness, il ne devrait pas en avoir. Malgré tout, le groupe sait distiller un album dynamique qui sait tirer partie des meilleurs effets du thrash.

Ainsi de jolis riffs qui font honneur au genre (l’introduction de « Retribution » par exemple ou « Shadowzero » pour ne citer qu’eux) ponctuent Stimulation For The Beast. Quand le chant se met en retrait, les guitares prennent toute leur ampleur et proposent des mélodies entrainantes et des soli séduisants. L’esprit thrash déploie ses ailes, enveloppant l’auditeur dans un voile rocailleux. Pedro Ventura, le chanteur, achève la construction en scandant les refrains comme un beau diable (« Chain Lightning »), refrains qu’il semble aller chercher au plus profond de ses tripes. Cependant le son de la batterie, trop mécanique, martèle chaque chanson sans être suffisamment puissant pour donner de l’effet. Il en devient même pénible par moments (« The House Down Below »).

De plus, Blackness habille ses chansons de plusieurs effets sonores : des coups de feu pendant « The Battle Rages On », des bruits de matériel médical dans « Chain Lightning » par exemple. On retrouve aussi d’autres lignes vocales «(« Bark At The Moon »). Certaines  rappellent même Overkill (« When Fear And Silence Prevail ») même si malheureusement elles ne durent pas. On aurait bien aimé en entendre plus d’autant que le contraste avec la voix principale est plutôt intéressant. C’est d’ailleurs le problème de tous ces effets. Ils ne sont pas inutiles mais ils ne sont pas assez poussés pour amener un véritable plus à l’album (à l’image du piano dans « Retribution »). Stimulation For The Beast se suffit à lui-même. Il n’y a pas besoin d’artifices supplémentaires qui alourdissent l’écoute plus qu’ils ne la servent.

Pour finir, la production, nous en avons déjà parlé, met particulièrement en avant le chant. Elle lisse aussi les instruments et en conséquence on se retrouve avec un son propre, très net. Si cela gomme d’éventuels petits défauts, Stimulation For The Beast perd par la même occasion un peu de son esprit old-school. C’est fâcheux, surtout quand on aime ces sonorités !

Finalement, pour son retour, Blackness signe un album de thrash bien inspiré qui plaira aux fans du genre. Si on peut lui reprocher d’avoir sacrifié ses sonorités d’antan au profit d’un son plus lisse, le groupe parvient toutefois à tailler des titres bien rugueux qui s’appuient des guitares sans faille et une voix puissante. Stimulation For The Beast est une plaisante découverte de fin d’été qui se déguste volume à fond. A vous, maintenant, de vous laisser stimuler…

Nola

0 Comments 31 août 2010
Whysy

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