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Le Métal folklorique n’est aujourd’hui plus la jeune recrue parmi un nombre grandissant de sous genre. La maturation du Metal folk, viking, pagan ou appelez-le comme il vous plaira, vient maintenant de pair avec quelques constats. Parmi ceux-ci, mentionnons une multiplication de groupes tirant leur inspiration de toujours de plus en plus de cultures, le développement de certains gros noms vers une renommée internationale, ou encore le retour d’influences du Metal Folk vers la musique folklorique. Certains groupes de musique folklorique d’inspiration moderne semblent maintenant puiser à la fois dans les racines et mémoires de leurs ancêtres et dans l’influence provenant des groupes de Métal. L’écoute de Fejd s’avère un bon exemple de ce métissage à double sens.

Le premier album du groupe suédois, Storm, fait étal d’une musique folklorique d’inspiration nordique, mais en reprenant les rythmiques chères au Métal. En effet,  force est de croire que le batteur en est un directement issu de la scène Métal. Un batteur dans un groupe de folk, vous vous demanderez ? Et que dire de cette guitare, qui bien qu’acoustique reprend parfois des riffs dont la forme ne peut que provenir du rock et du Métal moderne? Les batteurs, guitaristes et claviéristes s’avèrent issus du groupe de Power Métal Pathos. Pourtant, la musique de Fejd ne versera jamais dans la violence des guitares saturées et des vocaux criés ou hurlés. Fejd ne fait clairement pas dans le Métal, du moins pas dans le sens habituel du terme.

D’Offerok à Morgonstjaman, cette batterie et cette guitare acoustique servent de support à un foisonnement d’instruments, certains mieux connus que d’autres, qui bâtissent aisément une ambiance particulière et que l’on peut difficilement associer à ce qui se fait habituellement dans le métal nordique. Les frères Rimmerfors, Niklas et Patrick de leurs prénoms, s’avèrent le génie instrumental et le lien folklorique d’un groupe autrement composé de musicien métal. Storm porte bien son nom : Le ton peu parfois être festif (Offerok, Vide Jore A, Bergakungen), mais les ambiances développées se rapprochent souvent plus d’un mysticisme païen, de l’étrange, de coutumes tribales. Les mélodies sont habitées par le violon, la cornemuse suédoise, la vielle et la guimbarde, et sont appréciées pour leur justesse, leur énergie et l’ambiance qu’elles développent, mais aussi par une production adéquate qui laisse une bonne place à chaque instrument, même si plusieurs de ceux-ci peuvent s’y retrouver en même temps. On appréciera les instrumentations de la pièce éponyme, l’intro mystique au Bouzouki et au violon de Likfard, l’intéressant mélange d’une mélodie dominée par la cornemuse et de percussions tirées directement du métal. Fejd arrive à développer un lot d’ambiances intéressantes basées sur une instrumentation audacieuse et complète.

Pourtant, si appréciées ces mélodies folkloriques soient-elles, l’ajout du chant ne les étaye malheureusement pas vraiment. Fort de vouloir appuyer l’aspect mystique et tribal de Storm, Patrick, par son chant rauque et torturé, parvient plutôt à rendre l’ensemble moins intéressant. Le manque de prestance, de profondeur et surtout de variation de la voix provoque au fil des pièces un certain agacement, sans parler de l’apparente incompatibilité du chant avec les mélodies développées. Ainsi, le potentiel festif et énergique de Vide Jore A, introduit par un violon et une guimbarde, se voit annulé par l’arrivée de ce chant torturé. Bien des pièces seraient ainsi réussies si ce n’était de l’arrivée du chant. On devra donc endurer les couplets avant de pouvoir apprécier les instrumentations, les solos de violon, les passages sans chant. Les deux pièces où celui-ci est absent, Egilis Polska et Likfard, gagnent donc en intérêt.


Storm s’avère ainsi un album irrégulier, fort d’une maitrise instrumentale certaine mais handicapée par un chant qui colle bien au contexte dans le fond, mais qui dans la forme se veut rapidement déplaisant. Pourtant, la musique de Fejd doit être reconnue comme un métissage des instruments traditionnels à des éléments modernes. Ainsi, et bien que le groupe s’autoadjective de l’appellation folk uniquement, on pourrait interpréter leur musique, la présence d’une batterie et la place des instruments a cordes comme un Métal folklorique acoustique à l’antipode de ses confrères scandinaves. Un groupe intéressant dans la place qu’il occupe aux frontières de deux ères musicales, dans la réussite de ses instrumentations, dans une interprétation bien originale du folklore nordique, mais qui devra vaincre un léger handicap vocal…

Félixbm

0 Comments 10 janvier 2010
Whysy

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