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Il était une fois un groupe originaire de la lointaine et exotique contrée de Jordanie. Il était une fois une formation nommée Bilocate. Il était une fois, enfin, un album Sudden Death Syndrome que les lignes qui suivent vont s’appliquer à décrire du mieux qu’elles le peuvent. Bilocate est un peu fait parler de lui sur HL comme le montre cette news publiée en 2008. Bon, elle est restée lettre morte mais qu’à cela ne tienne, il est temps de parler de cet album. Comme ça, la prochaine news se verra peut-être gratifiée de commentaires.

Sudden Death Syndrome n’est pas le premier opus produit par Bilocate. En effet, les jordaniens ont déjà sorti Dysphoria en 2005. Pour leur deuxième disque, le groupe a attendu le temps nécessaire pour travailler ses ambiances et peaufiner sa musique. Et le moins qu’on puisse dire c’est que l’évolution est audible. Alors que Dysphoria était un album, certes honorable et pas fondamentalement raté, mais un peu trop brouillon et confus, son successeur a toutes les qualités requises pour faire une entrée digne de ce nom sur la scène du metal mélodique. A l’époque de Dysphoria, on sentait le groupe encore peu sûr de lui. La musique était encore vacillante, les musiciens se cherchant vraisemblablement. De plus, Bilocate avait encore du mal à doser ses influences et ses effets. L’écoute de l’album en souffrait. Cependant, le groupe d’Amman a appris de ses débuts et a su réparer quelques erreurs.

Ainsi, Sudden Death Syndrome est beaucoup plus professionnel que son grand frère mais aussi plus abouti. Le groupe a su travailler son atmosphère et jouer avec les sonorités orientales pour apporter un vrai plus à leur album. En témoigne la très jolie et presque mélancolique chanson “ The Stone Of Hate” qui clôt, de façon tout à fait inattendue, en douceur et tristement un album plutôt riche et assez varié. En effet, il serait réducteur de se fier à ce seul titre pour décrire le nouvel album de Bilocate. En même temps, il s’agit de la dernière chanson de l’album donc pas forcément celle qu’on va écouter en premier mais sait-on jamais on peut avoir envie d’aventures et vouloir écouter un cd en commençant par la fin. Ma foi, à défaut d’autre chose, on a les aventures qu’on se crée. Mais c’est une différente question. Pour en revenir à Bilocate et à la variété de leur album, les chansons, dont la longueur dépasse les 5 minutes (à part pour la chanson d’introduction qui se charge d’annoncer en douceur le titre suivant), sont toutes denses. Et elles le sont dans le bon sens du terme. Elles auraient pu être indigestes, trop compactes, trop longues, trop ambitieuses donc. Il n’en est rien. Sudden Death Syndrome s’écoute facilement, presque sans qu’on y pense. Même “Blooded Forest” et ses 17 minutes au compteur ne cache pas de longueurs rédhibitoires. Et cela reste vrai tout du début à la fin. Sudden Death Syndrome est un album bien construit.

Humans And The Dark Affiliation”  - et ses accents d’Orient - vient tout de suite nous cueillir et nous entraîne au delà de la mer dans le monde ténébreux de Bilocate. En effet, comme leur nom l’indique souvent, les chansons n’offrent pas beaucoup d’espoir aux auditeurs. L’heure n’est pas à la rigolade pour Bilocate. Le ton est grave presque funeste. Le timbre rugueux Ramzi Essayed nous le rappelle d’ailleurs avec force et conviction si jamais, il nous arrivait de l’oublier au détour d’un riff un peu trop léger. Sudden Death Syndrome est donc un album sombre mais jamais déprimant. Les musiciens prennent soin de moduler les rythmes et de jouer avec le tempo (“Blooded Forest”) et savent nous composer de jolis passages enlevés (“The Dead Sea”), doux (“Ebtehal”) ou plus lourds (“Inoculate”) selon l’envie du moment. Tout en gardant à l’esprit une certaine lenteur qui colle bien à l’ambiance.

De l’ensemble, toutefois, s’élève une impression de dejà-vu, de déjà-entendu si vous préférez. Rien de bien nouveau dans la musique de Bilocate. Certains passages ont le goût, non pas du réchauffé mais de l’uniformité. Dans ces moments, on pourrait se croire dans d’autres cds, chez d’autres groupes.(In Mourning notamment ou de n’importe quel groupe death un peu atmosphérique). C’est sans doute aussi pour ça que les jordaniens n’étonnent pas davantage, pourquoi leur musique n’est pas une surprise mais, dans une autre mesure, c’est aussi la raison pour laquelle ils nous semblent tellement familiers. par exemple, on a très vite l’impression de connaître la chanson “The Dead Sea” depuis toujours.

Souvent, le groupe se rapproche fortement du bassin du death mélodique (“Pure Wicked Sins”) , allant même y tremper allégrement ses pieds. Puis soudain, Bilocate s’effarouche, se braque, et sans prévenir s’éloigne de cette scène en ajoutant à ses morceaux des parties plus lentes et plus pénétrantes qui lui sont propres (“Inoculate”) . Mais ça s’arrête là.  Au final, on ne sait plus trop sur quel pied danser. Les deux sans doute. En conséquence, le rendu est moins complet, plus conventionnel qu’on ne l’aurait voulu. Il est peut-être plus stable aussi mais nous ne saurons pas tout de suite (ou même jamais) si une plus grande prise de risque aurait valu le coup. La prochaine fois, on aimerait juste entendre un peu plus Bilocate et un peu moins des échos qu’on entend partout ailleurs.  

Il est vrai que dire “partout ailleurs” c’est peut-être exagérer un peu la puissance des influences mais quel est l’intérêt de partir si loin pour finalement n’aller nulle part ou en tout cas moins loin qu’on ne l’aurait cru ? Il serait sans doute de bon ton de lancer quelque chose à propos de la mondialisation-qui-uniformise-jusqu’à-la-musique-que-voulez-vous-ma-bonne-dame-y-a-plus-de-saisons mais il est impossible de toujours vouloir trouver un bouc émissaire tout prêt à blâmer. De plus, il y a peu de chances que ça change le problème. Mais surtout ça ne changerait pas ce qu’il faut retenir à propos de ce disque. Pas assez différent ou non, Sudden Death Syndrome est un album très sympathique, facile d’accès qui sera contenter le plus grand nombre. Avec cet opus, Bilocate nous propose de nous faire plaisir et tant que la musique fonctionne suffisamment pour être agréable, il faut peut-être juste se contenter, non ?

Nola

0 Comments 26 janvier 2011
Whysy

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