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La Klonosphere est bougrement active en ce moment et voilà qu’elle nous permet de faire sortir de l’ombre un autre groupe français : Nephalokia. A l’instart de Dwail, dont Nephalokia se rapproche, le groupe possède un côté sauvage et indomptable qui lui provient sans doute de sa jeunesse. C’est presque un vent de liberté qui souffle sur la scène. On sent que le groupe a envie de définir son propre style, ses propres ambiances, de sortir des sentiers battus et d’impressionner par la vigueur de sa musique.

Sunshine commence plutôt bien avec “Dawn” un intro instrumentale qui n’a d’introduction que le nom puisque elle attaque directement l’album avec un riff accrocheur suivie par une mélodie entraînante. On se dit qu’on est sur la bonne voie et que ce Sunshine démarre sous de bons auspices. Après “Dawn” c’est logiquement que le titre éponyme suit et complète l’énergique entrée en matière. Non moins déchaînée que le titre précédant, “Sunshine” voit l’arrivée du chant qui permet au disque de prendre encore plus d’ampleur. On est toujours sur un morceau très moderne dont le pont central en fait un des meilleurs morceaux de cet album. On se dit que la magie va prendre et que Sunshine va tout défoncer sur son passage.

Hélas, malgré d’indéniables qualités, un son net et coupant, et une détermination à faire déplacer les montagnes, le premier album de Nephalokia va vite tourner en rond. Au bout d’un moment, la trop grande homogénéité va vite épuiser les réserves de patience et de tolérance de l’auditeur. Alors qu’on aimerait être secoué à l’écoute d’un tel album - vu que ça déborde de vitalité dans tous les coins, on aimerait en profiter un peu aussi, y a pas de raisons - on reste un peu sur notre faim quand on se rend compte qu’on est un peu laissé de côté. Il y a un petit côté égoïste qui se dégage de la musique et qui empêche de prendre toute la mesure de Sunshine.

Nephalokia arrive toutefois à composer des morceaux compliqués et travaillés qui laissent la part belle à la technique comme le prouve, par exemple, le dernier titre “Rising” qui se termine en apothéose sonore. Ainsi, les passages instrumentaux sont la plus grande réussite de Sunshine. Du titre éponyme à “Why So Serious?” en passant par “Calvaire”, ils constituent un aspect très intéressant de l’ambiance de ce premier opus des français. De manière générale, le groupe développe les lignes musicales et les compositions sont complexes. Ainsi “Vinyan” possède de bons riffs et une ambiance sublimée par le pont central. De son côté, l’instrumentale “Passage”, en milieu d’album, calme un peu le jeu après un étalage de morceaux acerbes et belliqueux (rien à voir avec un quelconque côté épique ici c’est la bonne vieille baston de rue qu’on respire à plein nez) et est une bonne manière de reprendre son souffle. Cependant, on finit par reprocher à Sunshine son aspect très décousu (au sein même des morceaux) qui lui vient sa technicité accrue. “Living Dead” souffre beaucoup de ça. C’est aussi ce qui empêche d’accrocher complètement. Nephalokia a du mal à proposer un album assez stable pour retenir l’attention.

Dommage que je m’accroche pas plus au chant parce que Nephalokia a su développer un album très technique qui se laisse bien écouter. Dommage, encore une fois, que le chant ait tendance à noyer les instruments (“The Blessed Man” par exemple) mais, d’un autre côté on peut souligner, l’ampleur et la force du timbre du chanteur. Il hurle presque du début à la fin. Sous ses assauts, l’auditeur trésaille, ébranlé par le caractère et le mordant de ce hurleur qui n’a pas l’air commode (“Vinyan”). Il ajuste parfois ses effets pour un chant plus parlé (“The Omnisicent Man”), plus subtil. D’autres fois, il ralentit un peu le rythme (“Living Dead”) mais le reste du temps (la plupart du temps donc) le chanteur utilise un style que ne renierait pas un groupe de hardcore pur et dur. Alors, bien sûr ça ne va pas plaire aux éternels réfractaires du genre mais force est de reconnaître que le chant, par son côté fulminant et déchaîné, se marie plutôt bien à la musique. Reste que ça ne passe pas aussi bien qu’on l’aurait voulu. Laborieux par moments, il a tendance à handicaper les lignes musicales.

Une dernière chose, ne vous fiez pas au titre léger et rieur et au design épuré. Le premier album de Nephalokia n’a rien d’un rayon de soleil. Outre son ton agressif et bagarreur (on en a déjà parlé), les thèmes développés n’ont rien à voir avec une promenade ensoleillée insouciante. Si les influences sont diverses (le cinéma pour certaines chansons), le résultat est toujours le même : un déferlement de violence qui, défoule et fatigue, à la fois d’où le sentiment mitigé qui se dégage de l’écoute de ce disque.

Sunshine est seulement un album sympathique alors qu’il aurait pu être plus. Cela dit c’est déjà pas mal. Entraînant et technique mais pas transcendant, je vous conseille toutefois de l’écouter et de le découvrir quand même. Parce que malgré les faiblesses (ah cette uniformité d’ensemble) et les petites choses qui font tiquer (ah ce chant auquel je ne me ferai jamais), Sunshine est bien loin d’être raté. Pour peu qu’on soit un peu plus sensible au genre que je ne le suis, il est même plein de promesses. Alors, profitez de ce jeune groupe, de ces talents qui émergent et oubliez donc les râleurs jamais contents qui se focalisent toujours sur le chant.

Nola

0 Comments 27 mai 2011
Whysy

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