On avait laissé les américains de While Heaven Wept il y a plus de trois ans en pleine bourre, Fear of Eternity venait de sortir chez Nuclear Blast et le groupe semblait avoir trouvé un semblant de vitesse de croisière en arrivant à élargir leur audience avec la puissance mercantique du géant allemand. Si le groupe a belle et bien pris une ampleur plus importante que dans son passé les fans de la première heure avait été déconcerté devant Fear of Eternity qui semblait s’éloigner des racines Doom des débuts. Toujours est-il que le les américains avaient sorti un album de grande qualité sans prendre en considération les us et coutumes du public habituellement visé par le label allemand.
Signe que finalement peu importe le succès ou le label sur lequel est signé le groupe While Heaven Wept ne voit pas sa formule changer en profondeur, quoiqu’en dise les die hards fans, à savoir un Doom Metal atmosphérique porté par le chant aérien de Rain Erving et des ambiances mystiques. Les nouveaux arrivants montés en gare “Fear of Eternity” ne seront, pas trop, dépayés donc, la patte incomparable des américians se ressent dès les premières mesures.
Le groupe semble en revanche avoir puisé leur influence au delà de la simple sphère Doom Metal, Tom Phillips cite pèle mêle Marillion, Atlantean Kodex ou Coroner parmi les artistes qui ont une influence sur la musicalité de sa formation (cf l’interview fleuve réalisée par Golder). Si on peut se poser des questions sur la cohérence de l’ensemble While Heaven Wept dissipe vite les doutes, on est transporté dans l’espace dès les premières notes au piano pour ne retoucher terre que lors du silence final. Du très grand art, tout simplement.
Suspended at Aphelion est en fait une seule et unique composition découpée en plusieurs pistes (à la manière d’un Crimson II d'Edge of Sanity) sans aucun temps mort “artificiel”. Tom Phillips (le cerveau du projet) possède une solide expérience acquise au fil du temps qui se ressent au travers de la qualité de la (des) composition(s) de l’album. Il se dégage une impression de maitrise et de planitude dans la musique que joue While Heaven Wept, un espèce de feeling singulier propre au groupe. Suspended at Aphelion se parcourt donc comme un bon livre où les chapitres sont ici des titres. Toutes proportions gardées le dernier rejeton des amércains me rappellent Cybion de Kalisia.
Comme je l’avais dit plus haut si While Heaven Wept se repose principalement sur le chant clair de Rain Erving qui domine l’oeuvre de tout son talent (“Searching the Stars”, “The Memory of Bleeding”) ce sont tous les musiciens qui sont au diapason, ils ont tous leur moments de gloire qui permet d’assurer à l’ensemble une assise musicale irréprochable (le clavier à la Uriah Heep pour “Souls in Permafrost”, le piano sur “The Memory of Bleeding”, la batterie “Indifference Turned Paralysis”, la guitare “Reminiscience of Strangers”, “Lifelines Lost”, “Heartburst” et même parfois du violon très bien amené).
Bien sûr les plus ronchons regretteront que l’ensemble puisse sembler parfois un peu mou mais ce que le groupe perd en puissance il le rattrape dans les émotions que l’écoute suscite (l’excellente fin de "Heartburst"). De plus si c’est le côté mi-tempo qui semble l’emporter l’album n’est pas avare de moments énervés (la cavalcade au début de “Indifference Turned Paralysis” avec son excellent lead de guitare, les growls de “Icarus and I”, “Souls in Permafrost” etc…). De quoi faire plaisir à tout le monde en somme.
Parfois prog’, parfois déroutant (les mesures flamencos de “Indifference Turned Paralysis”), parfois énervé mais toujours touchant et sincère et porté par une production remarquable, Suspended at Aphelion vous offre un aller simple pour les étoiles. On pourrait regretter que le groupe n’ait pas été encore plus ambitieux un album un peu plus long pour satisfaire encore plus nos appétits de cosmos mais que voulez-vous le temps passe tellement vite quand on voyage à la vitesse de la lumière.
Balin
