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L’Islande, en plus d’être un pays remarquable, est un vivier en terme de groupes de musique atypiques. Si Björk ou encore Sigur Rós ont déjà fait leur preuve et sont aujourd’hui reconnus dans le monde entier, d’autres s’extirpent petit à petit de leur île pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Il faut dire que les possibilités de tourner en Islande sont assez réduites (mis à part pour Reykjavik, la capitale) et que le public potentiel y est fortement réduit (population de 300 000 habitants seulement). Les membres de Sólstafir ne s’y sont pas trompés en entamant une série de concerts en Europe sans précédent. Il faut dire que les auditeurs du groupe ont pour la plupart été sacrément emballés à l’écoute de Köld, album de la consécration, sorti en 2009. Les Islandais avaient à cœur de défendre leur petit bijou sur scène et ils l’ont fait avec brio, notamment lors de leurs dates en France.

Car il y a de quoi être emballé à l’écoute de la musique de ces cow-boys. Si leurs débuts étaient ancrés dans un black metal corrosif assez classique (I Blodi Og Anda, 2002), le groupe a su peu à peu forger sa propre identité pour se voir apposer l’étiquette « post-metal », un courant hybride quelque peu difficile à définir, à l’image de la musique du groupe. Car Sólstafir ne fait pas les choses comme tout le monde, la preuve avec ce Svartir Sandar (qui signifie sable noir en islandais), qui se situe à la croisée de l’ambiant, du post-rock et du metal atmosphérique, ce qui n’en fait plus un groupe de metal stricto sensu.

Même le format a changé car ce n’est pas un album que nous livrent les Nordiques, mais deux, représentant un peu moins de 80 minutes de musique, de quoi laisser du temps au groupe pour développer les ambiances, quitte parfois à en faire un peu trop. Certaines musiques auraient peut-être gagnées à être écourtées (Ljós í Stormimais, Djákninn) mais c’est bien là le seul défaut qui me vient en tête.

Car ce nouvel opus est brillant. Sa production est plus que correcte, le talent de composition des guitaristes n'est plus à démontrer, ces derniers nous délivrent des mélodies de toute beauté (Djákninn devrait vous faire abonder dans mon sens avec ses riffs et son solo final diluvien) mais aussi et surtout, le chant de l’homme à la Jack Daniel’s, Adalbjörn Tryggvason, est à souligner, il réussit à ce jour sa plus belle performance vocale. Tour à tour déchaîné, doucereux (Fjara), son chant est maîtrisé et se révèle très touchant, d’autant plus que c’est la langue islandaise qui est exclusivement mise à l’honneur sur Svartir Sandar, ajoutant encore un peu plus au mystère (l’interlude Stinningskaldi).

Le groupe sait également faire parler la poudre (Þín Orð, Stormfari) et calmer le jeu avec des orchestrations féminines qui apportent un plus indéniable à faire frissonner les morts. A ce jeu-là, le titre éponyme est l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur de l’album : il y a de quoi réveiller sa mélancolie et tomber sur le cul. Fjara est du même acabit. Une musique plutôt apaisante mais triste qui tranche par l’utilisation de chants féminins très éthérés. Sólstafir nous a rarement habitué à cet exercice de style mais je dois dire que c’est réussi.

Je ne prends donc pas de risque en affirmant que Svartir Sandar est le digne successeur de Köld. Un album différent, certes, mais qui, tout comme son prédécesseur, n’est pas avare en bons moments. Peut-être déconcertera-t-il de prime abord certains auditeurs mais à force d’écoutes, il devrait faire vibrer la corde sensible. En tout cas, je l’espère.

8/10.

0 Comments 14 octobre 2011
Whysy

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