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Depuis sa belle révolution du début du millénaire, le Heavy Metal  a, semble-t-il, pris sa vitesse de croisière. Des productions pléthoriques, un public plus nombreux que jamais et des labels particulièrement accueillants font de ce genre le porte bannière du Metal dans le monde. Cependant en 2006 alors que les avant-gardistes d'hier (Edguy, Sonata Arctica, Hammerfall) sont devenus les leaders d'aujourd'hui, le Heavy se cherche un nouveau souffle, une nouvelle jeunesse qui viendrait perpétuer le mouvement et éviter un vieillissement qui fut une des causes du recul des années quatre-vingt-dix.

Les prétendants à ce renouvellement sont nombreux, mais si je devais citer une scène qui incarnerait le mieux cet esprit, ce serait sans doute la scène danoise. Choix étrange me diriez-vous, alors qu'on était en droit d'attendre à ce poste la traditionnelle Finlande, ou la mouvante Suède, sans parler de l'éternelle Allemagne. Non le Danemark s'impose selon moi naturellement comme le meilleur vivier de talent métallique de ce vingt et unième siècle. Surtout depuis 2004, alors que les autres scènes marquent le pas et ne parviennent pas à se renouveler efficacement, les danois m'impressionnent chaque jour plus encore par la qualité constante de leurs productions !

Si des talents exceptionnels comme Anubis Gate n'ont éclos que tout récemment. Des formations comme Manticora ou Wuthering Heights sont maintenant rodées, et exercent leur talent dans les salles d'Europe depuis de nombreuses années. Avec toujours comme mot d'ordre : Power Metal Progressif. Un genre hybride, qui consiste essentiellement à ne penser le Heavy Metal que part ces mots : intelligence, finesse de composition, recherche musicale et surtout originalité. Anubis Gate avait impressionné en 2005, Wuthering Heights subjugué en 2006, il ne restait plus qu'à Manticora de tenir son rang avec la sortie de son cinquième album : The Black Circus – Part 1 – Letters.

Manticora est une formation qui force le respect. Notamment grâce à un line-up de béton, rempli à raz bord de musiciens aussi talentueux que fin compositeurs. Et surtout grâce à une production impressionnante d'une qualité unanimement saluée, le dernier disque 8 Deadly Sins en particulier. Autant vous dire que confirmer dans un genre musical aussi exigeant n'est pas une mince affaire et requiert en général beaucoup plus de travail qu'un album de Heavy classique.

Difficile de se remettre en question après quatre albums aussi réussis. Mais malgré une réelle volonté d'innover, un concept alléchant et une mise en scène très réussie, Manticora échoue dans sa tâche la plus difficile : celle de parvenir à donner une efficacité à ses titres. Leur donner ce statut de hits incontournables qui permet d'apprécier la technicité à sa juste valeur. Ce The Black Circus – Part 1 – Letters manque selon moi de ces chansons qui nous font aimer le Metal, de ces titres inoubliables qu'on se repasse en boucle et qui se retrouvent inconsciemment dans chacune de nos playlist. Malgré une grande régularité d'ensemble et un haut niveau de composition, aucun des titres de ce disque ne retient particulièrement mon oreille et mon attention.

The Black Circus gagne à être pris dans son ensemble, les éléments de concepts sont particulièrement intéressants. Fondés sur des narrations dans des ambiances musicales étranges, elles présentent des alternatives passionnantes à la déferlante de puissance qui caractérise chaque titre de l'album. La ballade  «Freakshow» est aussi une bonne surprise, elle tranche avec le reste de l'album et sublime le chant de l'excellent Lars F. Larsen.
Pour le reste, les titres puissants sont tous des modèles du genre, il leur manque simplement ce petit brin de folie qui en aurait fait des tubes. «Wisdom» est selon moi le plus réussi d'entre eux, avec son alternance choeurs féminins/chant extrême originale, et son énergie impressionnante. Mais «Forever Carousel» et «Gypsies' Dance – Part 1» de par leur côté entraînant et festif retranscrivent bien l'ambiance du disque et restent un plaisir à l'écoute. Le reste passe très bien, mais n'éveille pas particulièrement l'attention, on apprécie certaines lignes de guitares, certains rythmes de batteries, certaines poussées de chant, mais l'ensemble reste finalement assez neutre.

« Qui aime bien châtie bien » disait le proverbe. Et effectivement j'ai tendance à attendre plus des groupes de mon genre préféré, que je n'aurais attendu du groupe lambda de Heavy/Speed. L'échec relatif de Manticora est d'autant plus accentué que pendant ce temps Wuthering Heights et Anubis Gate surfent sur le succès en donnant dans le chef d'oeuvre. Il faudra donc que Manticora parvienne à atteindre cette efficacité qui manque encore à sa musique, et pourquoi pas dès le prochain album qui poussera encore plus loin ce concept passionnant et pour le coup très original.

SMAUG...

0 Comments 12 novembre 2006
Whysy

Whysy

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