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Dans la grande famille du death mélodique, je voudrais les petits français de T.A.N.K. Originaire d’Evry, le groupe se lance à l'assaut de ce genre pas facile avec The Burden Of Will sorti cette année chez Season of Mist. Alors bonne pioche ou pas ?  Pour son premier essai, T.A.N.K a décidé de mettre toutes les chances de son côté et attaque son album avec une motivation évidente. On sent les chansons, projetées les unes à la suite des autres, pleines de fougue et de vigueur. Les musiciens composent des airs assez rapides et plutôt entraînants. Résultat : on a quelques parties de l’album qui viennent nous titiller sympathiquement (“So Vile” ou le premier titre “Disturbia”). Le chanteur, mêlant growl et voix claire, donne vie à l’univers du groupe avec force. Malheureusement, c’est par là que vont venir mes premières réticences.  Je le confesse : j’ai une tolérance de plus en plus réduite au chant clair (quand il n’est pas doom) surtout quand il est modifié à l’extrême (mais ce n’est pas le cas qui nous intéresse ici) ou utilisé à tort et à travers comme j’ai malheureusement l’impression que ça arrive à T.A.N.K (“Necrosoldier”). Et, si par malheur, j’entends un relent (aussi minime soit-il) de metalcore quelque part ; je me braque (le morceau “Corspe” par exemple). Alors oui, c’est idiot, injuste, réducteur, tout ce que vous voulez mais c’est comme ça. Je n’y peux rien. Les tonalités trop modernes, j’ai du mal et je trouve que dans cet album T.A.N.K a mis la barre trop haute pour moi.  Même remarque à propos de la musique : l’ensemble est parfaitement professionnel. A l’image de la production aux petits oignons. The Burden Of Will possède toutes les qualités qu’on est en droit d’attendre d’un album du genre (dextérité, énergie) mais voilà le disque sonne creux. L’envie qui anime les musiciens ne trouve aucun écho. Rien ne se passe : les titres tombent à plat (“Brother In Arms”) malgré des riffs attractifs. On s’aperçoit assez vite d’où vient le problème. Du début à la fin, The Burden Of Will est dépourvu d’aspérités. Bien exécuté, habilement construit mais, je le répète, lisse jusqu’à la corde. Peut-être parce qu’il est trop ancré dans son époque... pour moi ?  En tout cas, The Burden Of Will est trop impersonnel pour arriver à se démarquer. C’est le plus grand défaut du death mélodique : cette tendance pour tous les groupes à sonner de la même façon. On a l’impression que T.A.N.K suit la voie ouverte par d’autres (et il a tout à fait le droit) et qu’il ne fait pas toujours les meilleurs choix. Ainsi, les vocaux de “The Day After” ressemblent à ceux de Anders Friden dans la plus récente partie de la carrière de vous savez quel groupe (pas vraiment le meilleur compliment du monde, vous en conviendrez). Bref, on aimerait que T.A.N.K aille plus loin et ne suive pas trop les pas des ses aînés pour qu’il ne devienne pas une énième copie dans un genre saturé mais aussi parce qu’il y a du potentiel derrière tout ça. C’est indéniable.  D’autant que T.A.N.K bénéficient de l’aide de deux invités de marque Steeve Petit de Zuul Fx sur “Destination” qui clot l’album. Sur “Idle Ghost”, c’est Guillaume Bideau (Mnemic) qui apporte sa contribution. Ce morceau est le titre le plus à même de représenter The Burden Of Will (bien qu’il soit plus rapide que le reste de l’album). Je vous conseille d’ailleurs de l’écouter pour savoir si T.A.N.K peut vous plaire. Résolument actuel, il est le paroxysme de ce qu’on peut faire dans un genre qui a du mal à se renouveler et dont les innovations sont loin d’être toujours judicieuses. Mais ce n’est pas le lieu ou le moment de faire le procès du death mélodique. Je pense juste que le poids des chaînes, des codes et de l’héritage est de plus en plus lourd à porter pour les groupes. Pour revenir à nos moutons, “Idle Ghost” ou d’autres titres comme “Pawns Of The Oracle” (qui est aussi un bel exemple de death mélodique typique) sont décevants parce qu’ils donnent l’impression de tourner en rond à force de trop se ressembler. Cependant les français savent enrober leur musique pour éviter l’écoeurement complet.  Pour résumer et pour conclure, The Burden Of Will est un album puissant à plus d’un titre. Il se dégage des morceaux une vraie force et même un certain enthousiasme. Mais trop moderne et parfois trop impersonnel, il souffre aussi d’un son trop artificiel. La créature créée est entière mais le souffle de la musique n’est pas assez fort pour lui donner une volonté propre. T.A.N.K n’est ni le groupe le plus emblématique du death mélodique et encore moins le pire mais la musique du groupe est trop mécanique et finalement pas assez vivante pour me convaincre. Mais peut-être suis-je seulement passée dans la catégorie “vieille aigrie” qui ne jure que par le bon vieux temps et les productions cradingues ? Dans ce cas, oubliez tout ce que je viens de vous dire et jetez-vous sur The Burden Of Will. Vous vous régalerez. Moi, je retourne écouter Black Sabbath (de toute façon après Master Of Reality le metal c’est devenu n’importe quoi !).  Nola

0 Comments 23 septembre 2010
Whysy

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