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Rider on the Dawn
C’est décidé: je plaque tout et je m’en vais. Assez de mes études, assez de ma famille qui est toujours sur mon dos. « Que vas-tu faire ? A quoi te sers un master en lettres anciennes ? Cherches-toi un boulot ! Et Marie-Jane fait ceci et Marie-Jane fait cela » je n’ai plus qu’assez. Déjà appeler une fille comme moi Marie-Jane c’est assez cruel. Alors oui j’ai trouvé un travail qui me permettra de rester tranquille et faire le point. D’autant plus que mon petit ami m’a quittée.

Je serai gardienne de phare. J’ai trouvé sur internet l’annonce du Service des Phares. J’ai répondu et on m’a prise. Peu m’importent les superstitions qui disent n’importe quoi sur ce lieu. Le phare de Tévennec se trouve en pleine mer entre l'île de Sein et la pointe du Van à la pointe occidentale de la Bretagne (dans le département du Finistère) et justement on recherchait un gardien.

J’embarque avec mes effets sur un rafiot. Charon le capitaine me fait signe que le voyage sera long : entre 3 et 4 heures. La mer est calme et nous larguons les amarres. Au bout d’une heure je souffre terriblement : le mal de mer grandit au fur et à mesure que l’océan s’enfle.
« Vous connaissez l’histoire du phare ? » me lance Charon avec son air hagard.
« Oui » je coupe court. « Tous les gardiens qui sont devenus fous et qui ont quitté précipitamment les lieux. Oui je suis au courant ».
« Oh non je ne parle pas de ça. Ce sont des balivernes. Je parle de la vraie histoire du phare ».
« Vas-y je t’écoute alors »
« Oh ce n’est pas grand-chose mais les marins qui passent rarement par là ont raconté d’avoir vu un jeune homme qui rôde sur l’ilot. On dit qu’il s’appelle Jean et qu’il s’est jeté du phare ».
« S’ils l’ont vu, comment il peut s’être défenestré ? » Rétorquais-je
« Tu n’as pas vraiment d’imagination. Je t’ai dis qu’ils ont vu quelqu’un mais pas qu’il s’agit de quelqu’un en chair et en os. En effet pour tout te dire l’ilot est désert. Je crois qu’ils vu un fantôme ».

Beyond these Gates
Charon voulait me faire peur. Au contraire ça m’a bien marrée. Je le vois partir et il me lance un : « Bonne permanence à Cathis Ord !». Il voit très bien que je ne comprends pas et il m’explique alors que « Cathis Ord c’est du Breton et c’était l’ancien nom du phare, le phare du bout du monde ».
Enfin seule je peux explorer les lieux. Le phare est au sommet de l’ilot et à côte il y a une maisonnette. L’aménagement est spartiate : un lit, un bureau, un évier, des fourneaux avec bonbonne de gaz et des wc à l’ancienne et une douche. Il y a une cave pleine de provisions et de vieux livres. Charon repassera dans six mois. Par contre je sors mon ordinateur portable et c’est vraiment comme on me l’avait dit : j’ai une connexion. Je ne suis pas vraiment coupée du monde.

Au bout d’un mois je n’ai plus d’internet. La connexion est coupée. J’écoute mes mp3 sur mon portable, je me balade dans le bosquet de l’ile, mais je sens que je tourne en rond. Au bout de deux mois je connais par cœur mes fichiers. La nuit je suis sure que j’entends de bruits bizarres. Par contre le bruit des vagues me réconforte et les couchés de soleil sont magnifiques vus d’ici. J’ai bien regardé dans la cave et ce que je pensais être des livres en réalité ce sont les journaux intimes des anciens gardiens du Phare. Il n’y a rien de sulfureux : pas d’histoire de bruits, de voix ou de que je sais d’autres. Juste un historique de réparations faites, de précipitations, de coordonnées météo. Un journal me surprend, celui de Jean Aimer gardien de 1878 au 1880. Dans ce journal il n’y a que des dessins. De fées, de minotaures, de centaures, de gorgones, de géants.

As Winter Lays its Siege
L’hiver est au plus fort et je m’ennuie ferme. J’ai lu tous les journaux intimes. La pluie et incessante. L’océan déchainé, le froid vif. Il me reste 2 mois à faire et puis je démissionne et je rentre avec Charon. En plus il avait raison : Jean Aimer s’est suicidé. C’est bien noté dans le cahier de son successeur M Flegias. Il affirme que le Service des Phares a dépêché un bateau sur les lieux car le phare s’était éteint soudainement. M Flegias, qui faisait partie de l’équipage, a constaté le décès avec les autres et il est resté sur les lieux pour en assurer le suivi.

From the Far Shore
La mer est de plus en plus déchainée. Les vagues atteignent le sommet du phare et je sais qu’il fait 14 mètres de haut. Je suis inquiète. On m’avait prévenue mais je pensais qu’on exagérait. La maisonnette est bien stable et à l’air de résister mais je ne sais pas pour combien encore.
Aujourd’hui je profite d’une accalmie et je monte en haut pour vérifier l’état des lentilles. Avec mon regard je peux apercevoir tout le contour de l’ilot et
J’ai eu très peur car je suis sure que j’ai vu quelqu’un à coté du bosquet. On aurait dit un jeune homme et il me faisait signe de la main. Je me suis renfermée à double tour. Est-ce que je me suis imaginée tout ceci ?

The Palace Without a Name
J’ai fait un rêve étrange: je me promenais dans le bois de l’île et je trouvais une pierre avec une inscription : Jean Aimer. En la touchant j’ai eu la chair de poule. J’ai voulu rentrer au phare mais il n’était plus là. A sa place il y avait des marches qui descendaient en profondeur dans les entrailles de la terre. Je me suis mise à descendre et une faible luminescence éclairait les profondeurs. Une fois terminée la descente je me suis retrouvée dans un hall majestueux. Les murs étaient décorés avec des scènes que j’ai eu du mal à décrypter : on raconte l’histoire d’un voyage maritime et ses étapes. Il y avait des liens avec les voyages d’Ulysse, j’en suis presque sure. C’est alors qu’une main me saisi par l’épaule. Je me suis retournée et j’ai vu un jeune homme, le même que j’avais aperçu du haut du phare et je me suis réveillée en sueur.

Fire on the Horizon
Avec les beaux jours j’ai voulu faire un tour dans le bois de l’île. Comme dans mon rêve la pierre était bien là et comme dans mon rêve le nom de Jean Aimer y était gravé. Certaines lettres étaient plus grandes que les autres et alors j’ai pris mon calepin et je les ai notées. Quelle était ma stupeur quand j’ai vu que Jean Aimer est l’anagramme de mon prénom. Ceci m’a fait froid dans le dos. J’ai couru au phare en espérant qu’il soit toujours là et il y était. Je commence à voir de plus en plus souvent le jeune homme et on dirait qu’il m’appelle. Je le vois toujours au crépuscule. J’avais pris l’habitude de voir le couché du soleil du haut du phare et j’aimais bien ce spectacle. On aurait dit que le soleil tel un feu embrase l’océan. Et c’est de là haut que j’ai vu à chaque fois Jean. Qu’est-ce qu’il veut ? Pourquoi m’appelle t-il ? Est-ce que je deviens folle ? Est-ce que je tiendrai jusqu’au retour de Charon ? Ou alors…





wanderer


nota : pour savourer la chronique il faut cliquer ici, vous lancez l'écoute de tout l'album et vous lisez chaque paragraphe avec le titre du morceau qui va avec ;)

0 Comments 26 mai 2011
Whysy

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