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Les ramifications du black metal mélodique à accent folklorique sont vastes et parfois s’enfoncent dans des profondeurs obscures et inexplorées. Inconnues certes mais fertiles. Si bien qu’on se retrouve souvent avec sur les bras un petit novice de la scène qui semble débarqué d’on ne sait trop où, vu qu’on en n’a jamais entendu parler auparavant, mais qui, par hasard (ou presque comme par miracle), a réussi à trouver son chemin jusqu’à nos platines. Cnoc An Tursa fait partie de ces jeunes pousses qui vous surprennent aux détours du chemin alors que vous croyiez avoir fait le tour de la question. Peut-être pas si jeune que ça, toutefois, car le groupe écossais existe depuis 2006 mais nouveau venu sans aucun doute puisque, malgré une demo sortie en 2008, The Giants of Auld est le tout premier album du combo.

Au programme donc de l’épopée, du vent dans les cheveux, des grands espaces et de l’air frais qui revigore, bref de l’épique et de l’aventure sur fond de mythologie et de poésie made in Scotland. L’idée est sinon bonne du moins alléchante mais la prudence est de mise même pour les chroniqueurs téméraires car on retrouve vite avec des opus à la Wolfchant quand on s’attendait à décrocher la lune. Beaucoup de groupes se sont brulés les ailes (et d’auditeurs les oreilles) en sacrifiant sur l’autel du fantastique des titres qui n’en valent pas le coup.

Autant le dire tout de suite, Cnoc An Tursa part bien (et tout cas bien mieux que certains) : son « Lion Of Scotland » tient toutes ses promesses et la route avec son rythme dynamique et plutôt agréable. Toute de suite après la petite mélodie d’introduction, ce premier « vrai » morceau constitue un des points forts de The Giants of Auld et, sans aucun doute, le plus marquant. D’autres titres valent également le coup d’oreille. « Hail Land Of My Fathers » correspond tout à fait à son nom. Sans se prendre la tête, ni réinventer la poudre (tout simplement parce que quelque fois, comme c’est le cas ici, ce n’est pas utile), la chanson pose les limites d’un metal folk efficace et sans superflu. De son côté « In Shadowland » apporte aussi sa pierre à l’édifice valeureux voulu par Cnoc An Tursa. Enfin, l’outro de l’album représente non seulement une vraie conclusion, mais aussi un vrai moment épique et mélancolique comme on les aime. C’est un peu triste, bien sûr, mais comme c’est toujours un peu triste la fin d’une histoire et les séparations ça clôture le disque de belle manière.  

Les musiciens se démènent pour assurer un album cohérent avec des ambiances fédératrices. Les riffs et les mélodies se raccordent bien avec le thème général de The Giants of Auld. On sent les membres du groupe en territoire connu et cela se retranscrit dans la musique. Jamais Cnoc An Tursa n’est vraiment hors-sujet avec ses atmosphères propices aux rêveries. « Winter – A Dirge » est dans le ton des légendes et des chimères avec ses lignes musicales typées, à la fois puissantes et mélodiques. Alan Buchan, qui officie aussi à la guitare, effectue un travail honorable au chant. Son timbre n’est pas exceptionnel mais il remplit toutes les conditions nécessaires pour coller à la musique et, somme toute, ce n’est pas toujours à la portée de toutes les voix. On pourrait juste regretter sa trop grande monotonie sur les morceaux ce qui est dommage parce qu’au final cela se reflète dans la tonalité générale de The Giants of Auld.

Il faut ainsi se rendre à l’évidence Cnoc An Tursa, en dépit des bons morceaux mentionnés plus haut, ne parvient pas à maintenir un même niveau tout au long de son opus. « Bannockburn » parait un peu faiblarde en succédant « Lion Of Scotland ». Pour tout dire, elle semble trop peu dégourdie et pas assez taillée pour l’aventure. C’est un peu le reproche que l’on peut faire à tous les titres un peu gauches qui émaillent ce The Giants of AuldCulloden Moor » et « The Spellbound Knight » notamment)  Alors que certaines chansons se détachent du lot, d’autres restent péniblement à la traîne et ne font que tirer The Giants of Auld vers le fond, là où finissent tous les disques honorables mais sans réelle magie, dans une sorte de nébuleuse à mi-chemin entre la confusion avec toutes productions qui lui ressemblent et l’oubli.

Présenté de cette manière, ça a non seulement l’air un peu méchant mais en plus un peu dur surtout envers un groupe qui a l’air d’en avoir à revendre. Il est évident que l’album de Cnoc An Tursa ne mérite pas les limbes. Pourtant il ne semble pas y avoir parmi les lignes musicales et vocales les éléments imparables, et presque prodigieux, nécessaires pour le faire sortir du lot. L’alchimie ne fonctionne pas au-delà d’un cercle restreint à un titre bien tourné et une outro un peu sombre. C’est hélas trop peu.

Cnoc An Tursa ne fournit pas de la mauvaise musique. Cependant, malgré quelques bonnes idées et un ensemble qui fournit l’essentiel de ce qu’on est en droit d’attendre d’un album de black metal mélodique folklorique (des refrains qui marchent et des rythmes guerriers), The Giants of Auld n’a à offrir que des charmes limités qui ne bénéficient pas d’une grande altération au fil des écoutes. L’ambition est là, la résonnance manque cruellement. The Giants of Auld s’écoute avec plaisir mais sans étoiles dans les yeux. Tant pis.

Nola

0 Comments 28 janvier 2013
Whysy

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