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Six années que les Finlandais de Throes of Dawn n’avaient plus donné signe de vie. Les fans, aussi peu nombreux soient-ils, commençaient à s’impatienter. Déjà, l’on avait frôlé le naufrage lorsqu’en 2001 le groupe décidait de mettre un terme à l’aventure. Pourtant, quelques mois passèrent et les membres allaient revenir sur leur décision pour sortir quatre années plus tard leur quatrième album, Quicksilver Clouds, lequel fut salué par les critiques en nous délivrant un dark/doom metal atmosphérique accrocheur. C’est donc avec un engouement certain que j’acceptais de chroniquer leur dernière offrande, à savoir The Great Fleet of Echoes.

Pour ceux ne connaissant rien à la musique des Finlandais, je me dois de leur rappeler que le quintet de Vaasa puise ses racines dans le black metal, en usant d’un chant extrême assuré depuis les débuts par le fondateur du groupe, Henri Koivula. Pourtant, c’est bien là le seul trait extrême que l’on peut retrouver à l’écoute de leur musique. Des passages rapides sont quelque fois présents mais le propos se veut généralement lent, à la limite du doom. Il m’est difficile aussi de ne pas évoquer les mélodies planantes chères à l’univers dépeint par le groupe. Enfin, soulignons les passages atmosphériques qui instaurent une atmosphère quelque fois oppressante, souvent sombre et désespérée, le tout formant un dark metal original et inspiré. Mais qu’en est-il du dernier opus ?

Premier constat : les Finlandais semblent avoir considérablement adouci leur musique. Cela se ressent à travers l’utilisation marquée d’un chant clair parfaitement maîtrisé, empli de mélancolie, quelque fois trafiqué mais pas autant que sur les précédents opus. Un bon point, donc, qui apporte un plus considérable à l’écoute, bien intégré qu’il est aux parties instrumentales. L’héritage black metal perdure ici mais ce dans une moindre mesure, le chant extrême ne faisant que quelques brèves apparitions, mais ceci dit remarquées comme sur le titre éponyme de l’album, LA pièce indispensable, sans aucun doute l’une des meilleures composées dans cet album. Impossible de ne pas s’y attarder un instant. L’alternance entre le chant clair, le chant black et les quelques chuchotements inquiétants y est saisissante. Les riffs primaires et le chant hurlé plongent l’auditeur dans le chaos alors que les notes au piano parviennent à adoucir un climat qui se veut quelque peu électrique. Le chant clair parachève cette impression. Difficile de ne rien ressentir à l’écoute d’un tel morceau, représentatif du contenu de l’album. Throes of Dawn prouve ici sa capacité à réaliser une musique émotionnelle, rappelant par là un Anathema au faîte de sa gloire.

Difficile aussi de ne pas tomber sous le charme d’un Entropy, introduction de pas moins de six minutes démarrant l’album de la plus belle des manières avec ses nappes de clavier languissantes, auxquelles font écho quelques notes égrenées par une guitare discrète et le chant inspiré du sieur Koivula. Peu de technicité, une montée en puissance digne d’un morceau de post-rock et une sensibilité partagée par un groupe qui n’hésite pas à prendre des risques en faisant appel à des sonorités électroniques comme sur Chloroform. Passée la surprise, l’on ne peut qu’approuver la volonté du groupe de vouloir sortir des carcans habituels.

S’il est une influence à noter (parmi tant d'autres) dans la musique délivrée par les cinq Finlandais, c’est bien Tiamat. C’est en tout cas le sentiment que j'ai eu lors de la première écoute de l’énigmatique Soft Whispers of the Chemical Sun, le chant mélodieux rappelant sans conteste celui de Johan Edlund dans sa période Wildhoney. Si l’on compare ce morceau aux titres du premier album, à savoir Pakkasherra, on réalise alors le grand écart qui a été réalisé en treize ans de temps. L’agressivité des débuts laisse place à une sensibilité et à une douceur auxquelles l’on ne s’attendait pas. Des morceaux tels que Lethe ou encore Blue Dead Skies sont bien là pour nous le rappeler. Throes of Dawn a opéré sa mue, et c’est tant mieux. Mais s’il y a bien une chose qui n’a pas changé, ce sont les apparitions remarquées de la guitare électrique, comme sur Slow Motion par exemple, où un solo gorgé d’émotion nous prend bel et bien au dépourvu.

Une musique axée sur les ambiances, faisant la part belle à des mélodies éthérées et subtiles, voilà à quoi rime le travail de Throes of Dawn. Amateurs ultimes de gros riffs ou de growls incessants, passez votre chemin. Ici, très peu d’agressivité mais une mélancolie sous-jacente prête à éclater à tout moment au visage.

Ainsi, à travers pas moins de dix titres tous plus bons les uns que les autres, les Finlandais parviennent à nous faire voyager loin, très loin, malgré quelques longueurs et une production un poil faiblarde. Le voyage se mérite et ne s’appréhende pas forcément dès la première écoute. Ce petit chef-d’œuvre demande en effet quelques efforts afin d’en percer toutes les subtilités. Cela fait, vous n’auriez plus qu’à voguer avec The Great Fleet of Echoes

Un voyage fortement recommandé !

8,5/10.

0 Comments 28 avril 2010
Whysy

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