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Les lois de la popularité musicale sont décidemment bien bizarres par moment. Les plus vieux groupes sont souvent très populaires, issus d’un autre âge ou ils étaient pionniers, et sont devenus avec les années légendes. Si bien d’entre eux ne tournent plus depuis longtemps, quelques irréductibles, notamment Kiss, Maiden, Metallica et consorts, sont aujourd’hui encore actifs. Pourtant, dans l’ombre des géants se cachent d’autres artistes qui sont parfois encore plus âgés que ceux-ci, et qui n’y voient tellement pas matière a en être jaloux qu’ils tournent eux aussi encore, surfant sur une niche musicale particulière et un lot de fans inconditionnels. Vous l’aurez compris, Saga est l’un d’eux, et ce depuis 1971 ! 38 ans après leur formation, Les Canadiens dévoilent leur petit dernier, The Human Condition, vingtième offrande d’un groupe qui en toutes ces années n’a jamais abandonné pour se reformer dix ans plus tard.

Certains d’entre vous reconnaitront Saga au sein de groupes prog-rock tels Rush, IQ ou encore Pendragon, piliers d’un style réunissant des fans de plusieurs génération. Si le groupe a connu son heure de gloire dans le début des années 80, le dernier album en titre semble avoir reçu un accueil plutôt positif, ici notamment. Pourtant, personne n’est à l’abri d’un manque d’inspiration. Après toutes ces années et cette productivité effrénée, Saga semble manquer de mine dans le crayon. Pourtant, l’album démarre sur les chapeaux de roue avec la pièce éponyme, véritable condensé de guitares techniques appuyées par un clavier effréné, bâtissant une ambiance typiquement Prog-Metal moderne. L’illusion n’est que temporaire : La véritable identité de Saga réside dans un Prog-Rock racé, tantôt groovy, tantôt éthéré, mais rarement musclé. L’identité musicale du groupe est très particulière, et ce fait est maintenant renforcé par le nouveau chanteur, Rob Moratti, remplaçant l’ancien vocaliste et membre fondateur Michael Sadler. La voix du nouveau venu s’avère particulière, parfois légèrement nasillarde, et à mon goût un peu étrange. Une chose est sure, elle appuie a merveille les sonorités presque cybernétiques de Step Inside, et assure aussi sur le refrain très entraînant de la pièce, ou de Now is now. Par contre, on a parfois l’impression que le chant vient casser l’ambiance développée sur l’intro de certaines pièces.

Un fait surprenant, l’instrument le plus sous-utilisé sur l’album semble être …la guitare ! En effet, si certaines pièces leur laisse une place, largement méritée par la maturité des solos d’ Ian Crichton, beaucoup de compositions sont axées sur des ambiances développées uniquement à l’aide de claviers. Même si ce n’est pas essentiellement ce que l’on recherche chez le Prog-Rock, beaucoup de pièces manquent tout de même cruellement de muscle (Hands of Time, Avalon, Now is now). Pourtant, tout au contraire de celles-ci, A Number With a Name fait d’avantage de place a l’instrument, qui bâtit avec l’aide d’un clavier plus direct une pièce groovy et entraînante, qui rappelle Back to the Shadow  (Trust, 2006). De même, Crown of Thorns s’avère un pilier de l’album avec une guitare vitaminée et des vocaux plus heavy qu’à l’habitude.

The Human Condition oscille entre des pièces prog-rock entraînantes et d’autres plus molles. Si l’inspiration progressive est relativement au rendez-vous tout au long de l’album, on note deux exception, deux écarts vers des sonorités plus pop, ce qui n’est pas nécessairement étranger au groupe. Now is now développe une ambiance tranquille sur un rythme électronique, du moins sur la première moitié de la pièce. Le refrain quelque peu infantilisant s’avère tout de moins intéressant du point de vue des harmonies vocales assez réussies. You look good to me est développée sur une note très pop: couplets appuyés sur une guitare minimaliste, et si la batterie s’avère énergique, le refrain est court et pas très inspiré.

Saga signent un album définitivement difficile à apprécier. Si le changement de chanteur est peut-être un peu difficile à avaler, les pièces réellement inspirées sont un peu rares, au profit d’un style que je jugerai de parfois facile, et manquant souvent d’énergie. Dommage, pour un groupe a la si longue carrière. De toute façon, une équipe si productive ne peut forcément pas livrer des albums incroyables années après années. Peut être que ralentir la cadence leur ferait du bien…

Félixbm

0 Comments 19 octobre 2009
Whysy

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