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Sorti en août, The Inheritance est le premier album de Witherscape, duo de dark/death metal formé des suédois Dan Swanö et Ragner Widerberg. Death/dark/prog à vrai dire, et même, allez, death-prog on peut le dire, lançons-nous. Oui je sais sur le site y a marqué Gothic atmo extrême, c'est pas vraiment faux, mais je trouve que death-prog est plus juste. Cessons ces arguties.

C'est un concept album que nous offre Swanö pour son retour sur le devant de la scène, et on se prend à espérer que les grandes heures de Moontower sont là, tant le projet fleure bon le death-prog nineties. Le disque raconte l'histoire d'un jeune suédois du XIX èsiècle qui hérite à sa grande surprise d'une grosse propriété abandonnée, dans laquelle il se passe plein de trucs bizarres. Bon je ne vous cache pas que l'histoire on s'en fout un peu, elle est totalement anecdotique, ce qui compte c'est la musique. De même, je suis toujours étonné par l'insistance que mettent les maisons de disques à nous vanter l'artwork magnifique signé machin, franchement la pochette on s'en bat les rouleaux non ? Si la musique est géniale, rien à fiche que le titre soit ridicule ou l'artwork raté. Bref, on est là de toutes façons pour écouter du gros son, pas mater des pochettes. Alors c'est parti, branchez vos écouteurs, va-t-on entendre les claviers cheesy tant espérés, les grosses guitares et le growl surpuissant du grand Dan ?

Eh bien, oui, on les entend, mais non, Moontower n'est toujours pas égalé, et ne le sera sans doute jamais. C'est très alambiqué, même pour le fan d'ELP que je suis, l'anti-Ayreon : 8 morceaux, entre 4 et 7 minutes, très progressifs mais dans un sens moderne, et une courte outro. Djent dirons-nous, même si au niveau technique ce n'est pas du djent bien sûr mais cette façon en 6 minutes de balancer 4 couplets différents, un break, deux ou trois refrains, faire un rappel du thème du morceau précédent, bref ce que faisaient les anciens en 20 minutes mais en mode multi-vitaminé. Oui je sais c'est du jus de fruit.

Et puis, quelque chose que je n'ai jamais vraiment pu sentir chez ce brave homme, un des grands du metal ne nous en cachons pas, mais tout le monde a ses défauts, c'est cette furieuse tendance à faire du Nickelback un morceau sur deux. Oui je sais vous allez peut-être me haïr mais soyons sérieux, Dead For A Day vous arrivez à l'écouter sans vous dire « Hum, qu'est-ce qui se passe je me suis trompé de fichier c'est ma BO de Twilight que j'écoute en secret ? » ? Alors si vous avez lu le paragraphe précédent, bien sûr, ça se passe pas tout à fait comme un morceau de la bande à Kroeger, puisque de gros cris gutturaux viennent interrompre les contemplations qui s'éternisaient, c'est du prog donc comme je viens de le dire, si vous n'aimez pas une ambiance ne vous inquiétez pas, dans quelques secondes on change.

Un peu le bordel cet album, rempli d'idées toutes à peu près bonnes, sans trop rentrer dans les détails, très varié mais évidemment en manque cruel d'un fil conducteur. On sait que Swanö, artiste multi-cartes et grand pote à Arjen, partage avec ce dernier une tendance à se faire plaisir en même temps qu'il fait plaisir à l'auditeur, et donc on peut souvent se demander si en voulant en faire beaucoup, Dan n'en a pas fait un peu trop. Difficile à suivre, un morceau c'est du heavy moderne, le suivant du djent prog, après un gros riff death, suivi d'une mélodie à deux balles et conclu par une magnifique harmonie vocale, vous m'avez compris. Heureusement, et contrairement au dernier Ayreon, certains morceaux se détachent.

L'excellent et épique Astrid Falls par exemple, malgré un traitement vocal peut-être un peu exagérément narratif, et puis l'excellent enchaînement To The Calling Of Blood And Dreams, magnifique bombe prog, avec la pépite qu'est The Math Of The Myth, survitaminé (là c'est le bon mot), versatile en mode exercice de style, bref, incroyablement réjouissant. En fait tout ce qui a de bon dans cet album se résume en un morceau, The Math Of The Myth donc, plus heavy et qui possède un côté un peu « kitsch virtuose »évoquant furieusement... Moontower, comme c'est étonnant.

Dans ce genre de morceau on sent que Dan a cessé de réfléchir, qu'il y a plus aucun projet ou plan, juste le talent d'un compositeur exceptionnel doté d'un sens inouï du son légèrement foireux mais vraiment bien placé. Il n'y a que lui pour nous faire autant aimer ça, surtout en 2013.

Il y en a donc pour tous les goûts dans cet excellent The Inheritence, et c'est sans doute là son gros défaut puisqu'il sera difficile de trouver quelqu'un de complètement convaincu par l'album dans son ensemble. Malgré cet inconvénient de taille, on y entendra un excellent travail d'écriture et d'interprétation, des ambiances très réussies et des perles jubilatoires, on n'en demandait pas vraiment plus.

0 Comments 25 septembre 2013
Whysy

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