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J'avoue que parfois il est dur de se mettre sur un album dont l'enveloppe fait déjà état de pauvre pitance. Comme vous pouvez le constater l'infraction est bien déclarée avec cette pochette signée par Raf W., allez je vous laisse quelques instants pour le pointer du doigt et laisser échapper un « bahhhhh » de dégout, car effectivement cette cover est moche et les couleurs pastels utilisées ne sauront jamais assez rendre hommage à cet album. Car oui mes enfants, si on s'arrêterait à son apparence, nous ferions un délit de sale gueule puisque les Allemands se sont sortis les tripes pour accoucher une nouvelle fois d'une offrande tout en couleur qui comme son prédécesseur (Rewake) parviendra à faire plaisir aux adeptes du genre.

Nos voisins germanophones jouent sur un registre portant l'étiquette Power / Death Mélodique, tendance qui commence petit à petit à se démocratiser avec les différentes orientations que choisissent les formations européennes. Je citerais Raintime si je ne devais en citer qu'un pour illustrer cet exemple. Il est indéniable que l'alliance des styles a toujours été un facteur de motivation et le moteur essentiel dans la création musicale. Ici Emergency Gate, nous balance un album tranchant, pas forcément ultra inspiré et qui ne fera pas obligatoirement chavirer les auditeurs, mais il aura la primeur de surprendre.

Tout d'abord, nous retrouvons derrière le chant un grand nom : Mattias Kupka (ex-Suidakra) dont les cordes vocales à elles seules font dresser le zizi de tout un régiment de légionnaires. Ce n'est pas un désir refoulé (quand même!), mais il faut avouer que le frontman en envoie sacrément plein la tête avec ses variations au chant (criés et plus neutre en terme d'intensité). L'effet est immédiat, car dès « Alternative Dead End », on est emporté par les déluges de chants et c'est emmené par les guitares que nous aurons le plaisir de parcourir cet opus.

Les musiciens sont particulièrement doués pour créer le sentiment de défoulement et de rage au travers de leur album. Les gratteux, pas manchos pour deux sous, mettent en place des riffs aiguisés tels des scalpels et viennent s'abattre de manière chirurgicale sur les mélodies. Une fois encore le vocaliste encourage cet élan dans ce sens en criant sa fougue et sa fébrilité bien palpable. De purs moments qualitatifs et débordants s'offrent à nous sans s'entacher, trainer en longueur ou fatiguer l'écoute. Ceci est aussi dû en partie à la durée des morceaux restant tout à fait correct et aux variations mélodiques. En outre, dans cette violence maitrisée, la présence graduelle du clavier arrondie la structure dans son intégralité afin de laisser transparaitre une musique aérée respirant l'innovation. Dès « Nothing To Lose » et plus tard avec « An End To The Age Of Man », on s'aperçoit honteusement que l'étiquette générique apposée ne correspond pas tout à fait au genre des teutons. Des rythmiques technoïdes insufflés par les instruments électroniques enrichissent la première couche et complexifient la structure générale, sans que cela soit un élément dérangeant ou perturbateur. Au contraire on s'y fait bien et ces ajouts s'imposent même naturellement en tant que véritables piliers supportant la masse musicale.

D'une manière générale, les morceaux qu'ils plaisent ou pas, n'arriveront pas à passer inaperçu. La célérité dont font preuve les guitaristes amplifiée et mélangée aux claviers, donne un aspect flirtant avec la limite du genre indus mais sans en mettre un pied en plein dedans, et je pense qu'une telle prouesse et/ou présence d'esprit marque toute la différence.
Emergency Gate ne s'arrête pas à ce constat, on pourrait bien évidemment relever les multitudes de rythmiques abordées dans l'album, les breaks ( « Excite ! ») ou les leads sachant se faire entendre et apprécier. Néanmoins, il ne sera pas rare de retrouver des passages moins orgasmiques et qui œuvreront plus dans le sens du remplissage qu'autre chose comme avec « As My Bride Cries Blood » par exemple. Le concept est intéressant mais pas assez fouillé pour rester en mémoire, le refrain approxime le genre deathcore mais l'ensemble reste un poil trop insipide. Il faudra persister un chouille plus pour rentrer complètement dans ce genre de chansons en demi-teinte. La production n'est pas mauvaise mais n'est pas non plus celle d'un grand cru, car dans cette assemblée d'instruments poussés à leurs limites, il n'est pas rare de voir perdre la qualité pulsive et abrassive des blast beats. Les percussions sont légèrement relayées au second plan au profit du chant et des soli de guitares, la perception est à deux vitesses et cela endommage l'effet voulu par le combo.

Pour ce qui reste des surprises, on notera la présence sur « Dark Side Of The Sun » le chant unique de Tom Englund dont le talent ne se résume pas en quelques phrases. Cependant, sa prestation est remarquable comme à l'accoutumée et le bougre appuie de manière considérable le côté émotionnel du titre et apporte un contraste du plus bel effet avec le chant de Mattias. Pour aborder le mot de la fin, je recommanderais chaudement cet opus seulement à ceux qui désirent découvrir un son différent et un peu moins conventionnel. En tout cas personnellement, je dois dire que The Nemesis Construct a eu l'effet d'un vent de fraicheur très appréciable en ces temps en manque de sang neuf.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 02 avril 2010
Whysy

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