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Orphaned Land, c'est l'histoire d'un petit groupe en passe de devenir grand. Quelle ascension pour les israeliens, quasi inconnus il y a 5 ans, et qui avec seulement trois albums ont su créer une dynamique qui va désormais au delà de la simple musique. La raison de ce succès ? Leur histoire singulière, leurs qualités musicales certaines, leur culot pour mélanger les genres, et le message de paix et d'entente qu'ils s'évertuent à faire passer. Car Orphaned Land, c'est un groupe originaire d'Israël qui n'hésite pas à chanter et écrire en arabe, ce qui n'est pas monnaie courante dans cette zone du monde, quand on connaît la situation difficile au Moyen Orient. L'industrie du métal ne s'y est d'ailleurs pas trompé, car le mastodonte Century Media n'a pas tardé à signer la formation, lui donnant une grosse exposition médiatique et un confort financier certain. Après l'excellent Mabool en 2004, il aura donc fallu attendre cinq années pour découvrir ce nouvel album, intitulé The Never Ending Way of ORWarriOR.

Pourquoi un temps de gestation aussi long ? Simplement qu’Orphaned Land a pris le temps de bien faire les choses. Entre nouvel univers graphique (le logo a été crée par un artiste jordanien qui a mélangé inspirations arabes et hébraïques), concept album travaillé et scindé en 3 parties, intégration de nombreux éléments extérieurs (chanteurs, musiciens, instruments…), les israéliens se sont véritablement donnés les moyens de leurs ambitions. Une écoute est suffisante pour se rendre compte du foisonnement d’idées, d’atmosphères, d’ambiances qui forgent The Never Ending Way of ORWarriOR. Je vous laisserais apprécier les textes (partagés entre anglais, arabe, hébreu et yéménite), non fournis avec la version promotionnelle, mais qui donneront assurément une dimension supplémentaire à cet album. Le défi artistique est d'ailleurs immense, car il cherche à rapprocher, par la musique, les peuples (surtout leur idéologies politiques et religieuses) qui s'entredéchirent depuis des siècles.

D'un point de vue musical, Orphaned Land reste fidèle à son leitmotiv de métissage, entre inspirations heavy / death, envolées progressives, et intégration d'ambiances orientales. Outre les membres fondateurs (Kobi Farhi en tête), une dizaine d'invités (dont un certain Steven Wilson aux claviers, qui a par ailleurs mixé l'album) viennent apporter leur griffe, en faisant la part belle à des instruments typiques de cette région du monde (saz, santur, bouzouki ou encore cumbus). Le résultat est impressionnant de couleurs, de richesse artistique, entre titres classiques (Sapari et son excellent refrain), progressifs (le superbe From Broken Vessels, chanson en clair / obscur que n'aurait pas renié Symphony X) ou ethniques (New Jerusalem). La collaboration avec l'orchestre arabe de Nazareth apporte une grosse dimension lyrique, par exemple sur Barakah.

Dit comme ça, vous aurez sans doute l'impression que l'on tient là l'un des meilleurs albums du début de l'année 2010. Chacun sera seul juge, mais on ne peut pas échapper aux détails qui fâchent. D'un véritable death progressif développé sur Mabool, le précédent opus, les israéliens ont adouci le propos, avec des parties métal qui tendent parfois vers le heavy, où le chant clair prédomine donc, avec de temps à autres quelques growls plutôt timides. Sans remettre en cause cette réorientation stylistique, le manque global de puissance (si l'on excepte l'explosive doublette Sapari – The Broken Vessels), couplé à une production moins nerveuse que par le passé, peut déçevoir. La différence n'est pas énorme pour autant, mais elle est encore accentuée par la multitude de passages atmosphériques, certes magnifiquement interprétés, mais qui viennent casser la dynamique d'un album pourtant bien introduit par deux titres (Sapari – From Broken Vessels) pleins d'énergie.

Autoproclamé roi du « Middle Eastern Metal » (même si la concurrence est, il est vrai, plutôt limitée), Orphaned Land ne nous propose pas un simple album, mais une réflexion artistique et humaine au sens large. Le travail monumental (pas moins de 600 heures de studio !!) donne vie à une vraie œuvre, originale, riche et complexe. N’empêche, pour l’auditeur que les sonorités orientales laissent indifférent, The Never Ending Way of ORWarriOR pourra vite devenir poussif, et de manière plus générale, le manque de punch sur de nombreux morceaux laisse un goût amer. A trop vouloir jouer le consensus, Orphaned Land en a selon moi oublié une partie de son identité musicale, à savoir le death métal pur sang. Chacun se fera son opinion à ce sujet, mais une chose est néanmoins certaine, The Never Ending Way of ORWarriOR s'inscrit comme un album majuscule, tant au niveau des idées, du travail fourni et de l'exécution. Open your mind, listen to Orphaned Land !!!

0 Comments 14 décembre 2009
Whysy

Whysy

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