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«The Octopus», animal apprécié du mouvement steampunk, symbolise bien le spectre étendu déployé par les gars d’Amplifier pour donner corps à leurs songes, à leurs rêves bleus et cauchemars les plus noirs. La pieuvre ramène le piano pop, les sons électro-indus, les expérimentations traditionnelles de la fin des années 60, mixant cela et tellement d’autres sons encore pour donner un double album complexe et dense.

Au lendemain du palmarès du 64ème Festival de Cannes, faisons, avant d’aller plus loin dans les profondeurs marines, un détour, un petit détour par le cinéma pour évoquer un des albums les plus riches de l’année… Maintenant que tout le monde a entendu parler de «Melancholia», pour, sans doute, de bien mauvaises raisons, et qu’une des actrices a été récompensée, une comparaison peut être faite sans crainte de décontenancer. Kirsten Dunst joue en effet dans le film de Lars von Trier une jeune fiancée dépressive qui ne parvient pas à se faire à son mariage le jour de ses noces. En arrière-plan, une fin du monde qui évoque à tout le monde le récit apocalyptique de Cormac McCarthy, la Route. «The Octopus» s’ouvre quant à lui sur un morceau appelé «The Runner», et l’image la plus appropriée pour décrire la lourdeur psychologique des halètements de la course est celle de Kirsten Dunst, tentant de se dégager des racines qui happent sa robe… Il faut tout ça pour décrire l’angoisse qui prend à l’écoute de cette ouverture.

Après cette introduction, la tension retombe cependant pour un moment, elle reviendra plus tard, par bouffées d’angoisses savament distillées. L’auditeur passe d’ailleurs par toutes les émotions grâce à ce disque, qui peut être très rock’n roll, planant, ou profondément cold-wave.
Il est véritablement difficile, ce n’est pas une grosse fainéantise de ma part, de décrire cet opus et surtout de le faire de façon traditionnelle en pointant telle ou telle chanson : il n’y a pas de track by track possible, il faut prendre le train en marche et se permettre le voyage, souvent longuement instrumental, ressentir les riffs plaintifs, écorchés, rock’n roll, réhaussés de sonorités improbables, indus, bjorkéennes, tout ça à la suite, qui fait à la fin que vous croyez que c’est en même temps, et c’est ça qui est bon. Vous vous sentez happé de pièce en pièce d’un manoir-laboratoire, et, comme il faut bien «qu’une porte soit ouverte ou fermée», vous les entendrez parfois, ces portes, se refermer sur vos pas.

Le chant est indubitablement rock, et d’ailleurs, le disque l’est, mais est-il indie, est-il prog, est-il indép, je ne saurais vraiment dire, et puis, au fond, le disque a une telle intensité cinématographique qu’on pourrait croire que c’est une BO. C’est parce qu’il prend le risque de l’expérimentation et de la démonstration, les instruments et bruitages viennent souvent les uns après les autres, comme si le trio faisait devant nous un numéro de magie.

Suivrez-vous la pieuvre dans les profondeurs ?

0 Comments 23 mai 2011
Whysy

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