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Formé à Lyon, Wedingoth est un groupe évoluant dans le rock/metal progressif, et s'articulant autour du noyau qu'est Steven Segarra (guitare) et Laure Flores (chant). Après un «Candlelight» imparfait mais attachant, ils nous reviennent avec «The Other Side».

Tout commence très bien, et «Requiem» est une jolie entrée en matière, où, sur un fond d'ambiance, se pose la voix éthérée de Laure. Et arrive «Death Tunnel», qui, encore une fois, confirme les impressions positives forgées d'entrée de jeu : la composition est mature, longue mais catchy, avec surtout un chant qui n'est pas sans rappeler celui de Marcela Bovio, techniquement pas encore à la hauteur de la chanteuse mexicaine, mais, malgré tout, donnant quand même dans une prestation plus que convenable. Et le morceau en lui même donne tout ce que l'on apprécie dans un metal prog de haute tenue, à savoir variations de rythme, ambiances, partition intelligente. Il y a même, de temps à autre, un aspect un peu plus pop, lisse, mais rien qui ne pénalise Wedingoth. Cela contribue, au contraire, à renforcer l'impact attractif du morceau. Tout commence très bien, mais malheureusement, cela ne se renouvellera pas assez par la suite.

L'album est bien trop inégal, et le contenu finalement pas à la hauteur de ce qu'est capable de produire le groupe français. On ne retrouvera ces bons moments que trop peu, lors de quelques titres qui valent le détour : on pensera à «Ever After», dans laquelle les accents pop sont à nouveau introduits, et où la mélodie s'imprègne dans votre tête dès les premières notes. Un vrai effort est fait sur le refrain, et sur la progression jusqu'à ce moment crucial du morceau. C'est dans ces moments-là que les lyonnais nous prouvent ce dont ils sont capables, et qu'ils parviennent à donner à la fois âme et ambiance à leur musique. On pensera également à «La Jeune Martyre», un titre doux, posé sur l'atmosphère et la voix cristalline de la chanteuse. L'émotion est là, et on retiendra encore une fois cette belle pièce.

Parfois, en revanche, le combo saute à pieds joints dans les pièges du genre : «Mistreated» se comprend trop facilement, et on en fait vite le tour. Elle passe ainsi très rapidement à la trappe, et les paroles du refrain frisent parfois un peu le ridicule. «River of Souls» peine par sa platitude, et traîne un peu trop la patte pour que l'on s'y attarde davantage. Après le très bon démarrage, la déception qui arrive avec ce morceau est plutôt grande. On pensera aussi à celle qui n'aurait jamais du être là : «Bliss». Ce titre peine à démarrer, tente d'instaurer un certain univers mais échoue bien vite car casse trop vite les quelques moments d'ambiance, et dégouline de rose bonbon un peu partout, sur ce refrain sirupeux, et sans originalité. La pièce semble n'avoir ni queue ni tête, et même si elle garde un semblant de cohérence, on se demande bien quand même ce que le groupe a voulu faire avec tout ça.

De plus, il semblerait que les erreurs faites par la formation dans le processus de composition relèvent d'un léger manque de maturité, qui ne leur permet pas (encore) de développer toute leur ambition. Alors qu'ils savent où aller parfois, c'est pour s'égarer à côté, difficile ainsi de savoir sur quel pied danser. Heureusement, la production, elle, est nettement améliorée par rapport à «Candlelight», mais si ce défaut a été gommé, on ne peut s'empêcher de trouver qu'ici, tout manque de charme et semble un peu plat. Donner plus d'importance à la guitare et ne pas tout baser sur la voix de Laure et l'émotion qu'elle pourrait transmettre donnerait un impact bien plus important à la musique de Wedingoth, qui se repose un peu trop sur ses acquis, et ne prend que très peu de risque, malgré l'aspect ambitieux.

Et le chant, nous y arrivons. Laure Flores est loin d'être mauvaise, mais tout laisser reposer sur sa voix est parfois casse-gueule, car dans les aigus, la voix de la jeune femme ne peut plus cacher ses limites, et se révèle assez poussive. Sans être fausse, cela n'est ainsi pas agréable du tout, et dans les teintes plus cristallines comme sur «Ever After», elle s'en sort ainsi beaucoup mieux !

«The Other Side» n'est pas un mauvais album, mais il lui manque cruellement quelque chose pour lui permettre de se démarquer, ou de prétendre être un sérieux concurrent à d'autres noms du genre. Une musique parfois trop plate, lisse et redondante. Wedingoth est capable du meilleur, mais peine à tenir ce niveau, et échoue un peu trop souvent. Cependant, avec les années et l'expérience, gageons qu'ils gagneront quelques galons et gravirons les échelons. Un album qui n'est donc pas indispensable, mais à suivre cependant.

0 Comments 05 mai 2012
Whysy

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