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Cela fait désormais quelques temps que le public attend de Stéphan Forté qu’il nous sorte des compositions de son chapeau néoclassique. En effet, si l’on exclut les Live, rééditions et autres remasterisations, c’est en 2009 qu’est sorti le dernier tour de main du virtuose français, avec Archangels In Black. Ainsi, certains commencent à trouver l’attente longue et The Shadow Compendium arrive à point nommé pour mettre un terme à ce pesant silence. Fort de presque trois années de maturation, l’effort de la tête pensante d’Adagio se voit en outre accompagné d’une belle brochette d’invités prestigieux. Glen Drover et Mathias IA Eklundh entre autres se sont faits les assistants du magicien à six cordes. Des assistants plutôt alléchants si l’on en croit leur qualités techniques et les divers horizons musicaux dont ils proviennent. Trois titres de l’album sont toutefois performés en solo par Forté. Enfin, précisons tout de même que l’ensemble des compositions est exclusivement instrumental.

La première de celles-ci, chanson éponyme de l’album, confirme d’emblée les attentes. La base sur laquelle elle est créée correspond tout à fait au style Adagio : des gammes puisées dans la musique baroque, couplées à des rythmiques puissantes et des nappes de synthé. Peu de surprises, malgré l’agréable influence de la patte de Jeff Loomis (Nevermore). Et c’est ce schéma qui va perdurer tout le long du show. A partir de créations tout à fait classiques, les guests impriment leur marque de fabrique et donnent une couleur, une teinte différente à la composition, le mot d’ordre étant bien évidemment de mettre son talent et son style en avant comme on pouvait s’en douter. Mais au delà de la masturbation de leur manche (de guitare bien sur !) les musiciens offrent tout de même des compositions agréables, assez accessibles mis à part peut-être De Praestigiis Daemonum, qui tourne un peu trop à la démonstration.

A coté de cela, trois pistes sont donc exemptes d’invités. Spiritual Bliss en premier lieu, titre puissant aux rythmiques boostées qui, après une introduction orientalisante offerte par des instruments plus exotiques, évoque Therion par ses sons de guitare. I Think There’s Someone In The Kitchen ensuite, sensiblement différente dans sa construction et ses gammes. Improvisation on Sonata ensuite, sur base de la célébrissime pièce de Beethoven, titre agréable mais sans vraie surprise dans l’ornementation ou le choix du fond sonore.

Le gros point fort de l’opus est sans doute sa production. Très proche (pour ne pas dire pareil) du son d’Adagio, le mix est clair et laisse les instruments s’exprimer librement en permettant à nouveau aux musiciens de démontrer leur grand talent. Les morceaux sont bien évidemment interprétés à la perfection par chacun des intervenants, devais-je le préciser ?

A coté de cela, l’album comporte quelques points noirs. Tout d’abord le nombre assez réduit de pistes qui malgré leur durée confortable n’offre pas un horizon digne de l’attente dont TSC fait l’objet. Mais assez paradoxalement, on sent que si trois ou quatre titres figuraient en plus sur la galette, un sentiment de lassitude se ferait ressentir. Cela est dû à la conception des compositions qui varient très peu du point de vue structurel, rythmique ou mélodique. Ce qui manque vraiment, c’est la présence de l’un ou l’autre titre frais, différent et audacieux. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que The Shadows Compendium n’est pas très risqué. Évidemment cette critique est facile car nombreuses sont les productions décriées par les fans comme étant trop différentes de ce qu’était un groupe à ses origines. De plus, il est normal de voir Stéphan Forté évoluer dans son style de prédilection, avec lequel il a écrit ses lettres de noblesse. Équilibre difficile à trouver donc, et qui ici n’est pas parfait.

Surtout qu’au final, cet album a vraiment de la qualité. Sans vraiment surprendre l’auditeur il devrait assez aisément être accepté par une majorité, qui trouvera ici un effort réussi et conventionnel. Rappelons aussi que malgré tout, ce n’est que le deuxième album solo de Stéphan Forté, et même le premier à ne pas être une démo !

En conclusion, il me semble pouvoir affirmer sans trop prendre de risques à mon tour que, grâce à l’intervention des invités (dont il vaut mieux connaître le style pour mieux les apprécier), des titres puissants, une production en béton et malgré une certaine redondance The Shadows Conpendium est un bon album dont on regrettera la courte durée… Et au fond, n’est-ce pas un signe de qualité ?

Rom’

0 Comments 30 octobre 2011
Whysy

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