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Pour les superstitieux, briser un miroir peut valoir pas moins de sept ans de malheur... Il est évident que certaines croyances sont omniprésentes et dictent nos comportements. Combien de fois êtes-vous passé sous une échelle, avez-vous cru que vous alliez vous disputer avec la personne qui vous a remis le sel en main propre ? Combien de fois avez-vous pensé que la poisse vous accompagnerait parce que le chat noir du voisin s’est présenté à vous pour une toute petite caresse ? Ces superstitions qui sortent d’on ne sait où, et qui pourtant rythment nos vies ont toujours une influence ésotérique qui peut faire peur à certains. Tous les craignent ? Assurément non, car les Annéciens ont décidé de mettre en scène la plus connue de ces croyances. Et bien même si la formation française tente se s’attirer la malchance, on dirait bien que l’avenir artistique de nos compères semble se dérouler sous de bons auspices. En effet, après un furtif EP en 2008 et un album qui a suivi presque immédiatement, nos hommes sont assez inspirés et grâce à une créativité tentaculaire « The Universal Disease » voit le jour.

Le thrash métal est un genre assez diffus et il faut veiller à ce que chaque partie instrumentale soit optimale pour ne pas accoucher d’une compote inaudible. Or, lorsqu’on a suivi la courte carrière des musiciens, ce qui frappe la première fois avec cet album c’est l’effort ostensible réalisé sur le travail acoustique. Je ne sais pas si les critiques ont permis de faire évoluer le groupe à ce niveau, mais je me rappelle avoir attaqué « Seven Years... » sur ce point. Il est vrai que l’album crachouillait et gâchait le plaisir, désormais le problème est réglé et ce surement grâce aux moyens fourni par le label et le mastering réalisé au Hiroshima Studio avec l’aide d’Arnaud Ménard. Nous avons donc tout le loisir d’arpenter les pistes avec le mérite qu’il se doit.

Ainsi, Broken Mirrors nous livre donc un condensé agréable avec sa signature personnelle. En effet, on distingue clairement que la musique dégage une puissance au travers des multiples accélérations aux percussions, les chants souvent à l’origine de la férocité dégagée et les guitaristes servent un foisonnement en riffs tranchants (« Pig Marmelade »). La structure musicale se bonifie par le biais des mélodies à la fois pénétrantes et variées. Ainsi, les chansons se teintent d’une versatilité très importante qui permettra à l’auditeur de ne pas avoir la sensation de déjà entendu et surtout d’être tenu en haleine. Parce qu’il est vrai qu’on a souvent tendance à s’ennuyer quand un album propose peu de variations. L’homogénéité est un levier qu’il faut savoir doser parce qu’on en a besoin pour ne pas perdre son fil et s’intégrer dans un registre, mais à forte dose, elle devient létale. Les efforts sont réduits à néant, et l’album devient vite insipide et ne présente plus beaucoup d’intérêt. Arthur Laffer avait modélisé ce principe au niveau économique avec la courbe des impôts : « trop d’impôts tuent l’impôt », et bien il en va de même pour la musique !

Broken Mirrors évite avec grandeur les écueils et malgré un album frôlant l’heure et quart, on ne s’ennuie pas l’ombre d’un instant. Le jeu des musiciens déploie tout un arsenal technique et inventif dans le but unique de capter l’attention. Par exemple, « Holding The Triggers » permettra au batteur de développer une ribambelle d’émotion grâce à son solo, on notera aussi les arpèges au clavecin sur « Nightmare In Mind (part one) » venant soulager la structure dans son intégralité. De ce fait, on note une forte volonté de créer une musique captivante sans en oublier son esthétique syncopée. Cette coquetterie se cristallise de nombreuses fois grâce à la vive célérité occupant une grande partie de « The Universal Disease ». L’abattement titanesque est de haute volée et l’harmonie reste toujours en avant (« Hesoteric Thrist »). Ce savant alliage est taillé dans la justesse pour ne pas donner des apparences excessives ou pompeuses.

Les Français abordent leur musique sous un angle bien propre et incorporent de nombreux ingrédients identitaires comme le clavier qui sonne le midi vieilli. Cependant, ce qui au début semblait passable est devenu la marque de fabrique de notre combo et finalement devient un avantage. L’éventail des samples utilisé ratisse large et notamment la petite touche qui m’a fait sourire c’est la reprise (volontaire ou pas) du riff sur les premières secondes de Final Fantasy 7 « The Chase » sur « Nightmare In Mind ». Étant un joueur averti et un grand fan de ce jeu, je n’ai pas pu éviter le rapprochement :



Enfin, la cover « Beat It » du King of Pop interjetée à la fin d’album est plus anecdotique qu’autre chose. Surement le groupe a voulu concrétiser un délire et doit être appréhendé autrement que de cette manière.

« The Universal Disease » charme par ses attraits, son aspect bien ciselé et ses ambiances soignées. Le groupe va bien au-delà du minimum syndical et intègre la notion progressive sur certains de ses titres comme sur « OverDriven », « Aquarius », « Anthropophobia » ou « Nightmare In Mind ». Les breaks instrumentaux se forgent une place croissante et les riffs laissent peu à peu apparaitre des écoulements mélodiques d’une complexité plus évidente. Néanmoins, le retour à un thrash plus radical ne reste jamais bien loin... L’emprise devient totale avec « Inner Enemy » grâce à sa rythmique martiale et les légers ajouts de samples aériens en support font de ce titre un hit incontournable. Le résultat est immédiat : pied qui tape et hochement de tête garantis.

L’effort réalisé est considérable, les erreurs du passé sont gommées et je pense sincèrement qu’on assiste à la naissance d’un groupe qui va marquer tôt ou tard. Alors la note me direz vous ! Tant d’éloge pour un petit 7/10 !? Bien évidemment, parce que parti comme ça dans quelques années, je vais devoir mettre des 10 partout et je préfère réserver les meilleures notes pour l’avenir ! En tout cas bravo les gars et merci pour ce que vous faites !

0 Comments 04 janvier 2012
Whysy

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