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Vous connaissez Kiuas ? Vous avez entendu parler de myGrain ? Tentons un truc complètement improbable et mélangeons les deux têtes de liste Tommy et Asim Searah dans un même groupe et mettons-les dans un registre teinté de death mélodique, et voyons comment cela prend forme... Comment ça, cette combinaison existe déjà ? Vous vous moquez de moi ? Vous allez me dire que l’étonnante idée de faire naitre une formation grâce à la rencontre invraisemblable d’un gars venu du power métal et un autre du death mélodique a déjà germé et en plus cette dernière aurait déjà sorti des disques ?... Après une petite recherche sur internet, on se rend compte qu’effectivement Damnation Plan a sorti un EP intitulé Darker World en 2007 et c’est qu’en 2013 que sort The Wakening. Cet opus clairement orienté dans un style extrême laisse la possibilité de fonder nos espoirs sur un hybride musical.

En effet, The Wakening nous avait fait forte impression avec son trailer débordant d’enthousiasme et délivrant une dose survitaminée de riffs sur fond de double caisse. L’univers des Finlandais semblait déployer un gros arsenal et n’hésitait pas à afficher ses moyens pharaoniques grâce à une production colossale. Ce qui est pas vraiment étonnant vu que c’est encore Dan Swano au mixage, et on connait les tendances de cet homme à transformer la musique métal en la rendant intense et de qualité lors de l’écoute. Le résultat est clairement affiché, des guitares qui vibrent, des percussions en force et des chants toujours au-devant de l’assemblée instrumentale. Aucun grésillement, ni de purée de pois en guise de batterie, et un chant non couvert par un bruit constant. Ainsi, The Wakening bénéficie d’une succulence auditive peu égalée jusqu’à maintenant et qualitativement ça permet d’accrocher les mélodies puisqu’elles dégoulinent de générosité.

Une fois cette base posée, il ne reste plus qu’à s’intéresser de près à l’essence même de l’album. Est-ce que la structure musicale est prenante ou un minimum pénétrant ? Si tel est le cas, on ne fera pas la grimace, et il faudra saluer l’oeuvre de notre combo nordique. Or je pense que la note n’atteignant évidemment pas le dix répond déjà à cette réponse...
Les musiciens délivrent une intensité similaire à celle de myGrain, en outre, le chant de Tommy supplante allègrement les tirades d’Asim, ce qui est nécessaire pour le ne pas faire tomber l’album dans la soupe musicale. Attention, ce n’est pas que le chant d’Asim est faiblard ou creux, car sur les titres tels que « Ashes », il s’illustre au rang de roi de la ballade et tirerait presque les larmes bien que la chanson soit un peu convenue. Je souligne juste le fait que Tommy prend une place prépondérante sur les lignes de chant et pour accompagner les riffs embrasés des guitaristes Antti Lauri et Kalle Niininen il fallait du growl bien gras. Les rythmiques convulsent allègrement et Tommy s’en donne à coeur joie comme on peut l’entendre sur « Blindsighted », mais lorsque les breaks interviennent c’est le moment où Asim doit remplir son contrat.

C’est drôle, mais on a l’impression que le groupe a pris modèle sur Scar Symmetry avec la présence de deux chanteurs chacun ayant un rôle déterminé... La seule différence c’est la musique en elle-même, car le songwritting de Damnation Plan s’apparente à myGrain avec en background une profusion d’effets (entendons le mot sampler dans ce contexte-là) et une orientation plus syncopée des guitares afin de donner une atmosphère imprégnée de vitesse. Libre ensuite aux mélodies de créer une dimension dansante (« Edge Of Machinery »). Finalement, sans aucune animosité, les titres de Damnation Plan sont peu surprenants, parfois un peu brouillons bien que l’emballage donne envie d’aller chaque fois un peu plus loin. On pourrait les mettre sur la face B d’un album de myGrain tant la différence avec ce groupe est infime. C’est ce qui est dommage, de ne pas avoir su équilibrer les chansons avec un peu plus de variations, l’idée sur le papier semblait pourtant bien conçue. Hélas, après deux chansons on sait qu’on reprendra une formule  déclinée à l’identique avec un schéma calquant un blast beat couplé aux harsh vocals, puis l’arrivée du break/chant clair et enfin retour à nouveau du chant dissonant et solo pour finir le morceau. Bref, c’est peut-être entrainant par moment avec « Walk (Puppet Walk ?!) of Illusion », mais au final une bien maigre surprise à chaque morceau.

Bénéficiant d’une production éblouissante, The Wakening s’octroie beaucoup de points, mais le manque d’envergure et de relief fait un peu tourner cet album en rond. Ceci dit étant donné que je n’aime pas non plus descendre un groupe en flèche alors que celui-ci a de fortes capacités d’évolution, il est de mon devoir de souligner les morceaux de choix tels que « The Unknown Presence » distribuant les claques par pair, « The Wakening », titre traversant l’album avec puissance et développant une véritable dimension propre à Damnation Plan sans trop singer le groupe de Tommy et surtout où le deuxième vocaliste a le droit d’avoir une intervention qui ne sert pas de comblement. Enfin le titre de clôture fait porter le manteau épique...
En face de ça on retrouve « Resurrected (Within Ourselves) » qui n’est rien d’autre qu’un copier/coller rythmique du titre éponyme avec le flegme d’un myGrain (hé oui encore). C’est ce qui entache finalement cet opus, malgré une volonté de se démarquer, c’est que le fantôme de myGrain plane constamment sur la structure mélodique et encore si c’était du bon myGrain ça serait un moindre mal...

0 Comments 27 mars 2013
Whysy

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