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Je m’attendais à passer un bon moment en écoutant le nouvel album de Sixx A.M., This Is Gonna Hurt. Pas que j’eusse à aucun moment caressé le fol espoir que ce disque soit un chef d’oeuvre, il ne faut pas exagérer. Mais j’avais suffisamment apprécié le premier opus pour l’écouter assez régulièrement durant tout un printemps. Après tout, tout ce que fait Nikki Sixx m’intéresse de près ou de loin. Quelques fois j’adhère vraiment (Mötley, The Dirt, The Heroin Diaries le bouquin), quelques fois beaucoup moins (Brides of Destruction). En tout cas j’avais fait de The Heroin Diaries Soundtrack mon petit guilty pleasure. Tout en reconnaissant, et en regrettant, son côté hard F.M. à la U.S. dégoulinant, je concédais à l’album certaines qualités dues en grande partie à son côté easy listening (et à la voix de Nikki qui apparaissait sur quelques pistes, mais chut c’est un secret). J’espérais donc bien retrouver dans This is Gonna Hurt les même éléments de plaisir coupable qu’on n’avoue qu’à demi-mot et qu’on écoute en cachette pour préserver sa crédibilité (d’ailleurs je nierai plus tard avoir écrit cette chronique). D’autant plus cruelle fut ma déception que mon attente fut grande.

This Is Gonna Hurt n’a pas la “profondeur” de The Heroin Diaries Soundtrack parce qu’il ne suit pas le même schéma. C’est sa plus grande faiblesse.  Alors que son prédécesseur s’appuyait sur le premier livre de Nikki Sixx (The Heroin Diaries pour ceux qui dorment au fond), fournissant un fil rouge pour l’album complet qui l’empêchait d’être trop décousu, This Is Gonna Hurt semble être plus en roue libre.  Bien que Nikki Sixx essaie de nous raconter sa démarche dans son second livre This Is Gonna Hurt Music, Photography, And Life Through The Distorted Lens Of Nikki Sixx qui accompagne la sortie de cet opus, ce second album de Sixx A.M. ne coule pas autant de source. Le lien entre les deux produits n’est pas évident. This Is Gonna Hurt semble avoir sa propre vie en dehors du livre alors que The Heroin Diaries Soundtrack s’envisage mal sans son pendant papier. Sans réel fond, le project de Nikki Sixx sonne un peu creux. Sa raison d’être n’est pas aussi évidente : l’histoire a beaucoup plus de mal à prendre cette fois.

Si cela avait été le seul défaut de cet album, on aurait pu tirer un trait dessus. Parce qu’après tout ce n’est pas sensé être ce qu’il y a de plus important. Hélas, la musique est à l’avenant et This Is Gonna Hurt manque du grain de folie de son aîné. Ce dernier était déjà loin d’être parfait mais le niveau semble avoir encore baissé. Le nouveau disque est plus classique, plus prévisible et surtout beaucoup plus ennuyeux. Je ne voyais pas le bout de la première écoute. Passées “This Is Gonna Hurt” et “Lies of the Beautiful People” qui donnent l’impression de vouloir bien faire avec leurs refrains entêtants et leurs mélodies vives, This Is Gonna Hurt nous sert une soupe bien fade qui traîne en longueur. “Sure Feels Right” plombe l’ambiance en moins de temps qu’il faut pour le dire et après ça il est bien difficile de repartir. La bande à Sixx semble être empêtrée dans une alternance bancale de titres mid-tempo pas toujours réussis et de ballades respirant la démagogie à trois kilomètres.

Attaquer un groupe sur l’absence de profondeur de ses paroles n’est pas la chose la plus intelligente à faire mais Nikki Sixx a su trouver les mots par le passé pour faire ce chouettes chansons. Pas toutes non plus mais “Dr Feelgood”, “White Trash Circus”, “You’re All I Need” chez Mötley ou “Van Nuys” chez Sixx A.M. savaient produire leur petit effet. Cela aggrave encore la déception : on est en droit d’en attendre plus. Alors que des titres comme “Dead Man’s Ballet” sur le précédent album sortaient un peu des sentiers battus, on se retrouve ici sinon avec du mielleux (“Smile”) avec du prévisible (“Help Is On The Way”). This Is Gonna Hurt ne décolle jamais vraiment et on reste sur notre faim. M’enfin c’est radio friendly et pas prise de tête: donc il y a de grandes chances que l’album ait autant (et sinon plus) d'aficionados que de détracteurs. De plus, dans This Is Gonna Hurt Music, Photography, and Life Through the Distorted Lens of Nikki Sixx, ce dernier parle avec beaucoup de tendresse de ses compères James Michael et Dj Ashba. On le sent heureux au sein de ce projet : dommage que l’alchimie entre les trois musiciens ne donne pas quelque chose d’un peu plus réussi.  

Dans le précédent opus, je n’avais pas été totalement convaincue par la prestation de James Michael. Je suis toujours pas fan de son chant même s’il arrive tout de même arrive à produire de bonnes choses (“This Is Gonna Hurt”). Surtout que sur certaines chansons, le bougre a décidé de nous sortir des accents à la Muse du plus mauvais effet (“This Is Gonna Hurt” par exemple) surtout quand on est fâché avec la bande à Matthew Bellamy. La ressemblance est discrète et uniquement par touches mais elle a le démérite d’exister (“Goodbye My Friends”). La musique de Sixx A.M. n’est pas destinée à un chanteur avec beaucoup de coffre, les compositions demandant plus de doigté que de puissance brute mais, quand même, par moment, c’est presque un peu fade (“Smile”).

En parlant des compositions, ces dernières sont plus sages moins déjantées que sur le premier album. Cependant, Dj Ashba a quand même composé quelques soli et mélodies plus vigoureuses que sur le précédent opus pour pimenter un peu la sauce. “Oh My God” bénéficie de deux soli assez importants pendant lesquels le chant et la batterie passent au second plan. La guitare guide même la chanson jusqu’à la toute fin. De même, les deux premières chansons de This Is Gonna Hurt sont un plus agressives que la moyenne. “Goodbye My Friends” sait se montrer un peu énergique, ce qui, entre parenthèses, empêche de perdre complètement l’auditorat dans les méandres de l’ennui profond.

Alors je sais bien les années 80, les drogues, le sexe, la débauche et les excès en tous genres sont loin. On a changé d’époque, tourné la page. Nikki a vieilli, s’est assagi et en père de famille comblé, en businessman accompli, en junkie repenti, il nous parle de sa vie nouvelle et de toute la stabilité qu’elle lui a apportée. Aucun problème à ça. Le leader de Mötley Crüe a suffisamment de second degré (il n’a qu’à lire ce qu’il dit à propos de Vince Neil, Mick Mars et Tommy Lee pour comprendre), de recul et d’humour pour parler de toutes ses différentes vies et pour avertir qui voudra bien l’écouter. De toute façon, Sixx A.M. n’a pas la vocation que ces groupes du passé d'en mettre plein en vue en alignant les frasques. Il est même, dans l’esprit, l’antonyme de Mötley Crüe. Si seulement, le groupe pouvait ne pas perdre le rock n’ roll en cours de route parce que finalement c’est tout ce qui reste. Et à l’écoute de This Is Gonna Hurt, je ne suis pas sûre que le Nikki Sixx du passé ait apprécié ce Sixx A.M. du présent. Enfin en même temps, c’était peut-être que le groupe voulait dire. En tout cas il nous avait pourtant prévenu et il avait raison. This Is Gonna Hurt. Ouch.

Nola

0 Comments 19 mai 2011
Whysy

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