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Vintersorg, de son vrai nom Andreas Hedlund, est l’un des plus prolifiques acteurs de la scène métallique suédoise. Alors que les dernières braises de son premier groupe, Vargatron, s’éteignaient doucement, ce multi instrumentiste génial, déjà remarqué pour ses performances de chanteur et guitariste au sein du groupe de metal folklorique Otyg, décida de lancer sa carrière solo sous l’insigne de son propre pseudonyme.

Vintersorg signifie textuellement : « Le chagrin de l’hiver », mais c’est aussi le nom d’un grand chef païen dans un roman de l’auteur suédois Margit Sandemo. Cette information à priori anodine vous révèle en réalité l’essentiel sur les centres d’intérêts et sources d’inspirations du bonhomme !! En effet, la beauté de la nature suédoise, les légendes anciennes, le cosmos, le paganisme,…sont pour lui tout autant de thèmes fascinants et profonds à exploiter !
Malgré leur aspect cliché car maintes fois exploités, ces sujets restent néanmoins pertinents, car bel et bien en accord avec le style pratiqué. De plus, l’auteur va loin dans la recherche d’authenticité, composant ses musiques reclus en ermite dans les montagnes enneigées, et écrivant ses textes en ancien suédois, relativement proche de celui parlé par les vrais guerriers vikings !!


Ayant également collaboré à de très nombreux projets métalliques, et expérimenté beaucoup de styles différents (Thrash Metal avec Fission, Viking/Black avec son propre groupe, Atmosphérique avec Havayoth, Black progressif avec Borknagar…), Vintersorg nous propose ici son premier album, Till Fjälls (prononcez : « Till fyels ») et nous permet ainsi de découvrir un artiste encore à ses débuts, et qui n’a pas encore pris la complète mesure de tout son potentiel.

Ayant déjà sorti un EP, ce premier album (que l’on traduira sobrement par : « To the mountains »), est dépositaire d’un black à consonances vikings ou folkloriques, toujours très mélodique, mais parfois assez immature à plusieurs niveaux, notamment les transitions… Sur cet album, le génial leader assure guitares, basse, chant et claviers. Seuls quelques amis anonymes lui apportent très ponctuellement leur soutien, pour le chant (une jolie demoiselle intervient à deux reprises), quelques solos ou la programmation de la boîte à rythmes par exemple.

Un mot sur les percussions : elles sont efficaces, rapides et bien programmées, mais sonnent assez artificielles. Heureusement, cet aspect sera gommé sur les opus suivants, car il peut parfois nuire au plaisir d’écoute, notamment sur les passages plus blacks avec accélérations où elle est souvent étouffée et peu convaincante.

Et pour le reste ? Et bien, Till Fjalls est pour ma part un album qui s’écoute avec grand plaisir ! Assez accessible car contenant plus de chant clair que de black, des passages acoustiques ou légèrement folkloriques, des refrains le plus souvent soutenus par des chœurs très typés vikings, des morceaux d’une durée tout à fait conventionnelle (3 à 5 minutes), et des structures similaires au heavy metal, Vintersorg affirme son propre style, pas forcément révolutionnaire, mais qui peut séduire un grand nombre de fans de différents genres, ce qui en soi, est déjà un exploit !

Le chant de l’artiste possède toujours cet accent si amusant et particulier (plus de détails dans ma chronique d’Havayoth à ce sujet !) qui donne cette touche unique à la musique. La production est de bien bonne qualité, rien à voir avec le black obscur et minimaliste d’autres formations. Et les morceaux sont assez variés, et démontrent que Vintersorg est décidément, n’ayons pas peur des mots, un génie musical. Comment résister à « Fangad Utav Nordens Själ », si puissante et variée, qui conclut l’album de la plus belle manière, ou encore « Vildmarkens Förtrollande Stämmer », entièrement en chant clair, son refrain qui vous reste en tête, ses solos heavy, ses riffs blacks… entêtant et excellent ! Au rang des meilleurs titres se place aussi le titre éponyme, bien que légèrement handicapé par son refrain trop simpliste. En effet, mélodies de piano irrésistibles suivies par une déferlante de black au riffs dévastateurs avant que le savant mélange ne s’équilibre… excellent ! L’introduction « Rundans » est également très jolie, bien empreinte de douceur et de folklore…

Malgré quelques passages bien black (« Jöckeln », « För Kung Och Fosterland », qui contient d’ailleurs en gimmick la reprise d’un thème célèbre.. Amusez-vous donc à l’identifier !), cet album, bien ancré sur ses bases heavy, nous propose aussi des moments plus calmes où ressortent la douceur et l’émotion, comme sur la presque tendre « Hednad I Ulvermanens Tecken », qui fait office de transition au cœur de l’album, ou encore « Isjungfrun », magnifiée par la présence d’un très séduisant chant féminin. Quant à la voix de la donzelle, par ailleurs chanteuse d’Otyg s’unit avec celle de Vintersorg, le rendu est très convaincant !


En conclusion, cette œuvre culte et bien rafraîchissante est vraiment de très bonne qualité, encore quelque peu immature, bien loin du contour résolument progressif que prendront plus tard les œuvres du maître, mais déjà très affirmée sur certains points. Le partage entre chant black vindicatif et chant clair exalté rend cette œuvre accessible à un large public, et il est regrettable qu’un artiste aussi prolifique et talentueux que Vintersorg soit si peu connu dans nos contrées. Ma modeste chronique espère avoir incité les plus hardis d’entre vous à vous y intéresser… Car même si dans le style je lui préfère son excellent successeur, cet album propose vraiment de nombreux moments de bonheur. A découvrir pour ressentir sur vos joues la gifle du vent glacé de la Suède et vous émerveiller devant ses bucoliques paysages enneigés…

Gounouman

0 Comments 10 août 2006
Whysy

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