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Depuis de nombreux mois, l’actualité métallique est régulièrement alimentée par les communiqués de Tobias Sammet à propos du nouvel album d’Edguy. Nul besoin de savoir lire entre les lignes tant ses déclarations en ont déjà dit long sur le style auquel s’attendre. Et si de nombreux fans ont d’emblée affirmé ne plus rien espérer de la bande à Tobias, d’aucuns continuent de se ruer sur chaque article évoquant Tinnitus Sanctus, animés pour certains d’un naïf espoir, pour d’autres d’un désir hargneux de traiter Tobias de fini. Deux morceaux choisis signés Tobias Sammet.  « 'Tinnitus Sanctus' is exactly the music we wanna play, we are happy and I don't give a fuck if it's gonna be our biggest-selling album or not. »Jouer la musique que l’on a vraiment envie de jouer n’est-il pas le propre du Heavy ? Alors pourquoi Tobias se sent-il obligé de se justifier de la sorte ? Il semble qu’il ait juste anticipé, par cette lapalissade, les vives réactions des fans d’un groupe qui a bâti sa réputation sur de solides albums de Power-Speed. Car Tinnitus Sanctus délaisse encore un peu plus le style qui l’a vu grandir pour glisser vers des sonorités Hard-Rock. Il y a en effet de quoi s’interroger à l’écoute du très groovy Sex Fire Religion, sur lequel Tobias adopte un chant forcé, et qui se transforme rapidement en une chose assez abominable pour le fan d’Edguy de la première heure. Autre confirmation de l’évolution opérée, les guitares restent Heavy mais s’expriment spasmodiquement avec un son plutôt Rock que Heavy, les morceaux les plus symptomatiques de ces changements de tonalité sont Dragonfly et Wake Up Dreaming Black. Enfin, Edguy continue sa décélération au niveau du tempo, c’est bizarre mais j’ai l’impression que certains titres auraient gagné en efficacité en étant plus rapides, comme DragonFly, qui donne l’impression d’avoir été ralenti après coup. Heureusement, il subsiste deux ou trois titres rapides, dont The Pride Of Creation qui prouve également que le petit côté comico-parodique d’Edguy n’est pas complètement mort, puisqu’on pourrait le décrire comme la Genèse revisitée selon Saint-Edguy, avec ses drôles de paroles et ses chœurs façon gospel endiablé. Pour clore sur le style de cet album, disons que la plupart des titres a le cul entre deux chaises, un peu comme le dernier Avantasia. C’est un genre de Heavy qui sonne Hard-Rock, ou peut-être bien l’inverse. Même les titres qui se veulent conservateurs du style originel d’Edguy contiennent quelques surprises, comme ce chant criard façon rebelle désinvolte sur la fin de Nine Lives, ou un clavier organique à la Deep Purple omniprésent sur Speedhoven.  « In fact, this is a long time to refresh your creativity and gather new stuff. »Le style pratiqué, c’est une chose. Il n’en est pas moins vrai que pour être percutant il faut être créatif avant toute chose. Si l’orientation musicale ne se discute pas car l’artiste en reste seul maître, l’inspiration créative fait toute la qualité d’un album quel que soit le genre musical. C’est malheureusement tout le problème de Tinnitus Sanctus. Et ce ne sont pas les impressions douteuses de déjà entendu qui réussissent à masquer ce manque d’inspiration général. Si les guitaristes s’en sortent généralement avec les honneurs (bien que les riffs de Ministry Of Saints soient complètement stéréotypés), la plupart des lignes de chant de Tobias sonnent « vieille rengaine », comme le refrain insipide de Ministry Of Saints ou celui complètement neutre de Sex Fire Religion. Edguy a, semble-t-il, résolument voulu faire simple pour obtenir des hits directs et catchys, mais c’est bien souvent l’ennui qui guette l’auditeur au bout du chemin. La ballade Thorn Without A Rose, dans la mauvaise moyenne des ballades d’Edguy, ne me contredira pas. Heureusement que quelques titres extirpent Tinnitus Sanctus de la mauvaise passe. J’ai aimé 9-2-9, sur lequel Tobias chante vrai et réussit à laisser dans son sillage vocal de petites notes de nostalgie. Les autres musiciens l’accompagnent en exploitant ce côté émotif par de magnifiques montées en puissance, amplifiées par une batterie originale et des spasmes guitaristiques efficaces. J’ai également apprécié Speedhoven et son solo de fin façon feu d’artifice. Dead Or Rock, rock jusqu’au bout des riffs, est un bon titre rappelant les premières heures de gloire des Guns n’ Roses.  Tobias Sammet est donc toujours en pleine crise de la trentaine, il s’adonne à un registre plus soft, bien que pour être honnête je m'attendais à un disque bien moins Heavy que ça. Je trouve qu’il aurait pu se dispenser de quelques facéties comme son chant forcé de vieux rocker car il lui manque juste le charisme vocal qui va avec. Edguy se rapproche musicalement de groupes qui ont certainement marqué l’adolescence des musiciens, l’objectif de Tinnitus Sanctus n’est donc pas d’être inventif. Ce disque aurait néanmoins gagné à être plus inspiré, une bonne moitié des morceaux reste en dessous du seuil de créativité que l’on est en droit d’attendre d’un groupe comme Edguy. [right]Chris[/right]

0 Comments 14 octobre 2008
Whysy

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