Vous recherchez quelque chose ?

J’imagine déjà tous ces chroniqueurs qui introduiront leur commentaire sur Tomorrowland en mentionnant qu’il s’agit du troisième album de Black Majesty, et donc d’un tournant très important pour le groupe, et patati et patata. C’est comme ça, chaque troisième album est désormais un véritable thème d’étude pour beaucoup de soi-disant spécialistes du Métal, qui y accordent bien plus d’importance que de raison. Ils l’appellent l’album charnière, celui de la maturité, ou encore celui du cap déterminant pour la suite d’une carrière. Certains vont jusqu’à jouer les apprentis théoriciens et avancent que l’analyse du troisième album, comparé aux deux premiers, permettrait de prédire le niveau des albums à venir. Ainsi, après un bon premier album et un excellent deuxième album, l’avenir de mes chouchous australiens de Black Majesty serait tout tracé dans leur troisième album, dissimulé dans les notes de cet opus ?

Il faudrait donc croire que si ce Tomorrowland est un pur chef d’œuvre, alors Black Majesty règnera en maître sur le power mélodique pour les dix prochaines années. De toute façon vous êtes des gros malins et vous avez déjà regardé la note, donc on peut écarter ce scénario, aussi grotesque soit-il. Mais faut-il croire pour autant que si ce troisième album est celui de la stagnation, Black Majesty restera à jamais un groupe de seconde division ? Tout cela relève à mon sens d’un véritable délire intellectuel, d’abord parce que le nombre de contre-exemples est phénoménal, et ensuite parce que chaque individu percevra l’album différemment. Bref, laissez-moi vous dire que toutes ces théories sur le troisième album sont foutaises, et plutôt qu’à se prendre la tête dessus, il vaut mieux passer son temps à écouter de la bonne musique !

Et pour ce qui est de bonne musique, Black Majesty est encore au rendez-vous. Fidèle à lui-même, le groupe n’a pas modifié son style et continue de jouer son heavy mélodique, avec ses deux gros points forts : un sens inné de la mélodie et deux guitaristes d’exception. Car pour être mélodique, ça l‘est, surtout grâce au chanteur John Cavaliere qui n’est pas avare de montées dans les aiguës pour dégoter de derrière les fagots des lignes mélodiques époustouflantes. Néanmoins, elles pourront heurter ceux qui ne recherchent pas ce style de chant (tant pis pour eux, qu’ils aillent s’écouter le dernier Sonata Arctica) car John a tendance à s’époumoner quand il pousse trop loin la chansonnette. Il devrait peut-être prendre un Fisherman's Friend avant chaque prise (quoique les Airwaves sont pas mal non plus). Quant aux parties de guitares, elles vous saisissent par le col dès le début de chaque chanson pour ne vous relâcher qu’à la fin, avec des solos toujours renversants délivrés sous un déluge de notes. Là encore, les rechigneurs diront que les guitaristes en font trop. Moi, des solos dédaléens comme celui de another dawn, j’en redemande !

La production est comme d’habitude avec Black Majesty très bonne, très puissante avec des graves bien appuyés. C’est également le style de production que j’affectionne, même si parfois la clarté du mixage en pâtit. Enfin, les claviers sont fidèles au rendez-vous, restant discrets et laissant systématiquement les guitares prendre le dessus.

Mais tout n’est pas rose dans cet album ! Déjà, la pochette ne l’est pas puisque notre guerrière au sabre laser évolue toujours dans un monde monochrome, cette fois-ci bleu turquoise. Mais, plus grave, l’opus souffre aussi d’une grosse difficulté pour le groupe, celle de se renouveler. On décèle trop d’airs de déjà-vu avec l’album précédent, comme le refrain de into the black indéniablement calqué sur celui de "never surrender", ou les faux-airs de another dawn avec "a better way to die". Autre déception, il n’y a pas de véritable perle dans cet album. Néanmoins, celui-ci est homogène et tous les titres sont bons.

C’est pourquoi les fans ne seront pas déçus et peuvent acheter Tomorrowland les yeux fermés. Si vous ne connaissez pas encore ce groupe, n’hésitez pas non plus à franchir le pas, car c’est du bon heavy très mélodique, racé et puissant. Black Majesty nous offre même en supplément une reprise de Deep Purple : Soldier Of Fortune, composée à la grande époque Blackmore/Coverdale. Cette chanson prend ici un sacré coup de jeune, elle a également le mérite d’apporter un peu de repos au cœur d’un album très rapide.
[right]Chris[/right]

0 Comments 17 juin 2007
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus