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Tracedawn c'est l'histoire d'un groupe de six jeunes Finlandais formés en 2005 sous le nom de Moravia. Je dis jeune car l'âge moyen des membres est de 19 ans, mais déjà la démo sortie à l'époque sous le premier nom avait déjà fait remarquer le talent de nos musiciens. C'est poussé par les médias et internet que les maisons de disques ont bien voulu leur accorder de l'importance et signer un partenariat. Le heavy mélodique était la seule raison de vivre pour ces enfants du métal, animés par leur passion musicale ils allaient évoluer dans un style plus âpre. Finalement après toutes ces péripéties, Tracedawn voit le jour et s'inscrit dans un registre death mélodique, et devient par la même occasion le disque qui baptisera la carrière de Tracedawn, le virage musical plus ou moins prématuré vers un style plus rêche noircira le contexte dans lequel il évoluera.

Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte des capacités musicales du groupe finlandais, la musique est parée d'une puissance instrumentale et d'une sonorité bien nordique. On comprend bien pourquoi ce groupe a suscité l'intérêt du business musical. Les riffs fusent dans tous les sens et la production est soignée par de magnifiques introductions. La fougue des musiciens est palpable ainsi toute la base mélodique est axée en ce sens, les soli extravertis sont accompagnés de rythmiques variées et tout semble être parfaitement orchestré. La force génératrice toujours au rendez-vous en Finlande montre encore une fois sa face et dévoile encore son prodige. Les titres comme « Without Walls » illustrent le génie musical. À la fois inspiré et violent, on ne peut qu'apprécier les nombreux passages qui composent cet album.

Tracedawn est aussi un album qui joue sur les contrastes et qui en abuse. En effet, la surprise est saisissante car autant les passages riches en mélodies effusives et martelées au rythme de la double caisse font fureur autant on ressent que les stigmates du passé ne se sont pas totalement refermés. La musique est sacrément marquée par l'antériorité du groupe, et ainsi on se rend compte de nombreuses incorporations de lignes heavy dans la structure musicale. Au-delà des blasts beat et des ponts instrumentaux, une couche de piano stratovarienne vient s'imposer petit à petit au fil de l'écoute (« Path Of Reality »). Par ailleurs, le chant est majoritairement clair, en outre l'abus des vocalises monocordes vient tromper l'auditoire. On commence à se demander d'ailleurs si ces variations ne cacheraient pas en fait une dualité dans laquelle on trouverait une dominante Heavy et que de temps en temps seulement le chant dissonant essaierait de chiper des tirades au passage.

Ce constat se révèle tout au long de l'album, les titres s'adoucissent au fur et à mesure, le calme gagne rapidement les mélodies, les guitares grésillent moins, les rythmes deviennent plus basiques et les synthés prennent de plus en plus d'importance sur la fin de Tracedawn. En fin de compte et avec du recul, on s'aperçoit que les Finlandais offrent plus un heavy rugueux que du death mélodique à proprement parler. Les riffs acérés de guitares sont édulcorés par les chants cristallins, et puisque la musique n'a pas de limite, « Widow » propose son moment d'émotion avec sa ballade morose avec l'apparition de cordes, mais reste très clichée. Ces éléments assez contradictoires désorientent et lorsque le groupe fait un pas dans le death mélodique il en fait deux autres dans le heavy. Le mélange aurait pu être intéressant si seulement le charme avait embrassé avec plus de ferveur les arrangements et si le parfum de la conviction avait embaumé la production. Or ce n'est pas franchement le cas, Tracedawn reste mitigé, partagé et hésitant.

Finalement, l'album mixé par Mikko Karmila (Nightwish, Children of Bodom, Amorphis…) n'aura pas l'impact souhaité. Donnant une impression d'inachevé, l'album se prêtera plus à la découverte du death mélodique plus qu'à une réelle satellisation du genre extrême. La formation finlandaise trop marquée par son histoire ne saura pas faire une concrète percée dans ce genre musical et restera quoi qu'il en soit à la limite entre les deux mondes. Demeurant au final moyen, cet album hybride ne décollera pas, mais n'oublions pas que la jeunesse peut faire des erreurs et qu'elle peut se montrer renversante.


- ĦĐ -

0 Comments 09 novembre 2008
Whysy

Whysy

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